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 [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]

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Arthur M. Fletcher
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Arthur M. Fletcher

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Etudes, métier : "Y en a qu'appellent ça de la camelote, moi j'appelle ça des trésors..."
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MessageSujet: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptySam 18 Mar - 22:39

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Quelque chose dans l'air siffla comme un coup de fouet. L'impasse  des saules avait le charme lugubre et coupable des premiers films d'horreur en noir et blanc. Sur les dalles irrégulières et mouillées par la brume se reflétait la lumière poussive des réverbères. Tout autour d'une fontaine sèche depuis des décennies s'étaient construites des résidences tristes et vétustes qui cumulaient l'avantage d'être peu onéreuses et totalement oubliées par le Macusa. La première fois qu'Arthur y avait mis les pieds, il avait été confronté à deux constats saisissants : il n'accepterait jamais de vivre dans un lieu aussi glauque : et il était impératif qu'il y loge Daisy. Ici, personne ne viendrait la chercher. Ici, personne ne la remarquerait. Sa beauté serait à l'abris au milieu de la grisaille. Comme une fleur prisonnière du bitume.  
Un observateur attentif -et de fait particulièrement oisif- se serait aperçu que le claquement qu'une oreille profane aurait pris pour celui d'un fouet était en fait celui d'un transplanage. Un homme apparut face à la plus petite résidence. Deux étages à peine, construits à la va-vite entre deux immeubles plus hauts et plus épais. Sous la clarté blafarde des becs de gaz, les traits de son visage parurent durs et secs. Sobre et -ainsi- d'humeur peu jouasse, Arthur Mondingus Fletcher s'adossa au réverbère et observa la fenêtre close du premier étage. Une lueur douce et chaude s'en échappait. Daisy ne dormait pas encore. Arthur arqua un sourcil et alluma la cigarette de racine de mandragore qu'il tenait entre ses lèvres depuis plus d'une demi-heure.
Il avait pris l'habitude de fumer en bas de chez elle avant de monter la voir. D'une part parce qu'il haïssait l'odeur de la mandragore sur une femme, d'autre part parce que ce cérémonial lui permettait d'être moins emporté lorsqu'il la rejoignait ensuite. Il l'imagina, délassant la robe bleue qu'elle portait lorsqu'elle se produisait, face à l'imposant miroir qui faisait face au lit. C'était la seule coquetterie qu'il avait consenti à payer pour l'ameublement de sa chambre de bonne. Il avait argué qu'il devait bien ça à la beauté somptueuse de son "étoile d'hiver" d'un ton mielleux et flagorneur ; alors qu'il ne songeait qu'au plaisir qu'il aurait à se voir la besogner sous toutes les coutures.
Lorsqu'il eut tiré la dernière bouffée de fumée apaisante de mandragore il fit craquer sa nuque et entra dans la résidence. La soirée commençait enfin.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 19 Mar - 0:03

La lumière du plafond projetait sur le papier peint délabré et à la couleur terne la silhouette fine et immobile d'une jeune femme, uniquement vêtue de ses habits de nuit. Tout juste démaquillée, elle s'observait dans ce grand miroir, seul signe qui lui rappelait sa propre existence en ce lieu lugubre, qu'elle ne pouvait s'évertuer à nommer un "chez soi". Et pourtant, qu'elle n'avait pas su refuser face à ce visage parfois si dur qui ne manquait pas de peupler ses hantises nocturnes.
Pensivement, elle replaça une mèche de cheveux blonds derrière son oreille. Ses yeux bleus se regardaient sans se voir, tandis qu'elle chantonnait le dernier air entonné ce soir-là. Ces rares moments de calme étaient devenus son souffle d'air frais, cet instant infime où elle s'accordait l'illusion d'une autre vie. Parfois, yeux clos, elle oubliait jusqu'à sa solitude et parvenait à sentir l'odeur d'un plat mijoté avec amour, ou les rires d'enfants se poursuivant. Ce soir était l'un de ces moments, où ses rêveries prenaient le dessus sur sa solitude et où un sourire, mince mais présent, se manifestait sur son visage qui ne connaissait nulle imperfection.
Mais un frisson l'envahit soudain, et l'atmosphère s'assombrit. Il venait d'arriver.
Elle se releva vivement, le visage soudainement fermé, lui qui avait été si doux quelques instants plus tôt. Le grincement du bois sous l'altération de chaleur sonnait à son oreille comme un ricanement moqueur face à sa détresse. Daisy ne savait jamais à quel homme s'attendre, lorsqu'il lui rendait visite et s'appropriait à la fois cette chambre et son intimité. Elle saisit sa baguette, laissée en repos sur la table de chevet branlante, et effectua un gracile mouvement de poignet. La lumière était devenue plus intense, mettant en avant les formes de la jeune femme et ne laissant que peu de place à l'imagination. Un subterfuge, qu'elle utilisait parfois pour contrer le caractère détestable de l'homme dont elle n'arrivait pas à se détacher. Quand bien même cela échouait, cet éclairage dissipait, ne serait-ce que le temps de quelques minutes, les ombres sinistres qui avilissaient le visage de son amant lorsque celui-ci était d'une humeur sombre. Ce qui arrivait la majorité du temps. Il est de ces personnes qui, par leur simple présence, éveillaient en l'homme les plus viles émotions. Daisy semblait être l'une de ces personnes.
Une nouvelle soirée de tourmente qui commençait. Une nouvelle soirée de prétendue tendresse pour un homme dont elle avait eu le malheur de dépendre.
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Arthur M. Fletcher
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 19 Mar - 17:48

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Le mégot de la cigarette de mandragore tomba sur le sol humide dans un crépitement doux. Arthur l'écrasa de la pointe de sa chaussure et ouvrit la porte de la résidence d'un sort informulé. Elle n'était habitée que par des familles moldues pauvres. Arthur s'en était assuré avant d'y loger Daisy. Toute entourée de no-maj' qu'elle l'était, il lui était risqué d'utiliser une quelconque marque de magie sans menacer la loi Rappaport. Il s'assurait ainsi qu'elle ne puisse s'échapper. Lui, par contre, se contrefichait qu'on le voie une baguette à la main. Un des mioches l'avait aperçu un soir, nettoyer le bas de sa veste d'un aguamenti rendu hésitant par l'alcool. Il l'avait oublietté maladroitement sans se soucier de lui. Depuis, le gamin était devenu débile léger. Si cela horrifiait Daisy qui redoublait de tendresse envers lui, Arthur s'en tamponnait les boursouf' avec une batte de Quidditch. Il avait autre chose à penser, bien d'autres sujets plus transcendants sur lesquels porter toute l'étendue de sa culpabilité.
Arthur monta l'escalier branlant qui menait au petit appartement qu'occupait Daisy. Sur le palier du premier étage, la voisine sortait, les bras encombrés de sachets en kraft souillé.

- 'Soir. Z'allez voir vot'dame ?
- Bonsoir, Miss Jones. Ce que je fais ne vous concerne pas mais... Je vais effectivement voir ma... Ma... Je vais la voir oui.
- Lui faites pas trop d'misères, tout de même, souffla la voisine en descendant.

Arthur haussa les épaules et ouvrit la porte dont la peinture écaillée se détachait en myriades de paillettes grises et tristes. Ses yeux -après s'être habitués à l'agression de la lumière trop claire- se posèrent sur elle. Elle était là, aussi fragile que belle, diamant somptueux au milieu des murs lépreux de la chambre. Comme un oiseau rare qu'on aurait enfermé dans une poubelle nauséabonde. Il eut pour elle un réel élan de tendresse qu'il tua dans l'oeuf en grognant.

- Tu te crois à Versailles pour illuminer ainsi tout le quartier ?

Il baisser l'intensité de l'éclairage et referma la porte derrière lui.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 19 Mar - 21:04

Chaque grincement du bois malmené par le poids des ans et les pas des différents individus qui occupaient la résidence semblait marquer le rythme lancinant et affolé des battements de cœur de la jeune femme. L'atmosphère devenait pesante, la pièce oppressante.
C'est avec une appréhension croissante qu'elle observa la poignée de bois, rongée par les mites, tourner pour révéler l'homme vêtu de sombre qui s'avançait déjà. Elle avait vaguement cru reconnaître la voix râpeuse de la voisine qu'il lui arrivait de croiser, sans jamais oser relever le regard par crainte de lire dans le sien tout le jugement d'une femme qui avait déjà bien vécu et ne parvenait plus à retrouver la pointe d'innocence nécessaire pour s'étonner des injustices de ce monde.
Daisy se risqua à jeter un coup d’œil au visage du nouveau venu, regard qu'elle détourna aussitôt avec de successifs battements de cils. L'angoisse la rendait momentanément muette, son cœur serré dans un étau aussi déplaisant qu'étouffant. Respirer, il lui fallait respirer.
Elle prit une discrète inspiration qui rehaussa sa poitrine le temps de quelques secondes, ces quelques secondes de répit nécessaires pour entrer dans la peau de l'amante docile. Le changement d'éclairage eut pour avantage de masquer la légère grimace que cette remarque pour le moins aimable inspira à la jeune blonde. La soirée s'annonçait des plus déplaisantes. Elle s'avança, esquissa un geste pour lui ôter sa veste. Sa voix douce adopta des intonations soumises lorsqu'elle souffla ces quelques mots, à proximité de la joue rugueuse d'Arthur :

- Pardonne-moi.

Elle acheva de le défaire de cet habit qui empestait la mandragore, et qu'elle accrocha soigneusement à la patère fixée au mur situé dans le dos de l'homme. Elle revint lentement se placer aux côtés de son amant. Assez près pour qu'elle sente la chaleur de son corps, mais n'osant pourtant pas initier de contact qui pourrait être mal perçu. Loin était le temps où elle s'abandonnait à lui pour la première fois, en toute innocence.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 19 Mar - 21:43

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Daisy avait le regard d'un niffleur à qui l'on venait d'arracher un penny. Arthur roula des yeux et la laissa lui retirer sa veste. Il ôta son haut-de-forme et le jeta négligemment sur la coiffeuse. Il aurait dû boire un verre avant de lui rendre visite. Elle n'aimait pas ça, il le savait. Mais au moins il était plus tendre, lorsqu'il avait bu. Il était moins facilement exaspéré par sa sensibilité. Il soupira allait s'asseoir lorsqu'elle lui souffla :

- Pardonne-moi.

Il ferma les yeux. Elle savait quel ton de voix suffisait à désamorcer en lui les prémices d'une terrible colère. Il glissa sa main dans ses cheveux blonds et en savoura l'épaisseur. Son regard sombre se plongea dans le sien.

- Comment pourrais-je en vouloir à la plus belle femme de New-York ?

Il raffermit la prise de sa main pour lui faire pencher la tête et déposa un baiser sec sur son front. Il la lâcha et prit place dans le fauteuil défoncé qui occupait un angle de la petite pièce. Parfois, lorsqu'elle dormait, il s'y installait et l'observait. Il aimait se perdre dans le rythme régulier comme une horloge du soulèvement de sa poitrine. Et puis, quand elle dormait, elle avait la bonne idée de la fermer. Il expira et lança sur le lit une maigre bourse qui contenait à peine un dixième de ce qu'elle avait gagné durant la soirée.

- Fais toi plaisir. Je t'emmènerai essayer des bas ou un foulard... Enfin n'importe quelque fanfreluche de femelle que tu pourras t'offrir avec ça. Tu as captivé la salle, ce soir. Si mon coeur ne m'enchaînait pas à toi si bêtement, j'aurais pu obtenir le prix d'un building entier pour que cet entrepreneur puisse passer une nuit avec toi.

Il fallait qu'il dise quelque chose de gentil, maintenant. Il le savait. Quand il le faisait, Daisy souriait. Et lorsque Daisy souriait, le peu d'humanité qui subsistait encore dans son âme s'échauffait et Arthur était presque persuadé qu'il avait encore un coeur. Il la regarda et se concentra :

- Mais... Tu es à moi.

Nice try, Fletcher, lui souffla sa conscience. Il adoucit cette tentative de compliment d'un sourire.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyLun 20 Mar - 22:55

Daisy se laissa docilement aller à cette brève démonstration d'affection, du moins ce qu'elle préférait interpréter comme de l'affection. Elle prit une brève inspiration au contact de ses lèvres sur son front, à la manière d'un animal égaré et blessé qui recevrait une caresse pour la première fois. Et en deviendrait dépendant.
Une fois séparés et Arthur installé, elle alla s'asseoir sur le lit et saisit la bourse qu'elle déposa sur la table de chevet, un geste plutôt destiné à occuper ses mains qu'à toute autre chose. Le magnétisme qu'il exerçait sur elle était tel qu'elle peinait quelques fois à soutenir ses regards, le contact de leur peau ou même sa simple présence sans en ressentir un étrange émoi.
Les paroles de l'homme provoquèrent une succession de réactions et d'émotions chez la jeune femme. Elle fronça d'abord ses sourcils insolemment impeccables, puis se tendit lorsqu'il évoqua le fait qu'elle puisse être vendue à un autre homme pour la nuit. Son expression s'adoucit toutefois de soulagement, une fois la certitude obtenue qu'il n'en serait rien. Elle se fustigea silencieusement d'avoir pu éprouver cette inquiétude, le sachant possessif, même si une part d'elle-même gardait en mémoire que l'attrait de l'argent avait cette étrange capacité à provoquer des réactions inattendues chez tout homme. 
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres à sa dernière phrase, à la fois pour répondre à celui, maladroit, de l'homme et par réelle envie. Car une fois encore, il venait d'énoncer la certitude que du moins, sa solitude s'effaçait quelque peu. Elle était sienne, oui. Et parce qu'elle était sienne, son existence prenait un but, un cadre. Elle n'était rien sans lui, c'était devenu une évidence, et une frontière avait été franchie où ce qui importait n'était plus tant celle qu'elle avait rêvé de devenir que celle qui continuait de survivre et de se complaire dans cette relation. 

- Oui... Je suis à toi, prononça t-elle d'une voix douce.
 
Elle se leva, traversa d'un pas léger la distance qui les séparait et vint se placer devant lui, entre ses deux jambes. Ses charmes de demie-vélane semblaient au summum de leur capacité, indépendamment de sa volonté, tandis qu'elle plongeait son regard clair dans le sien. Elle plaça une main contre la joue de son amant dans un geste à la fois rassurant et tendre, dans un élan de sensibilité que cette affirmation avait éveillé.

- Et je le reste, souffla t-elle finalement. 

Un autre fait énoncé à la fois à sa propre intention et à celle de son amant. 
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyMar 21 Mar - 10:31

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

L’air de la chambre semblait s’être quelque peu réchauffé. Arthur fixait avec intensité la peau pâle et soyeuse de la gorge de Daisy. Il avait conscience d’avoir entre les mains un jouet bien trop précieux pour l’enfant cruel et capricieux qu’il était. La voix douce et docile de Daisy apaisa totalement son caractère emporté. Lorsqu’elle s’approcha de lui pour venir se glisser entre ses jambes, il sourit avec franchise. Dans la plupart des relations de force, l’un des deux finissait toujours par s’effacer totalement. Si Daisy avait été une femme commune, elle aurait fini par ne plus exister du tout, par ne plus prendre d’initiative, par n’être que ce qu’Arthur lui aurait dit d’être. Et il s’en serait lassé. Mais Daisy n’était pas une femme commune. Malgré la crainte qu’il lui inspirait, elle savait se montrer entreprenante, parfois même sûre d’elle, comme la fois où elle lui avait fait comprendre qu’elle désirait qu’il évite de venir la voir ivre comme un cochon. Même si la plupart de ses emportements se terminaient par une montée en puissance de la colère d’Arthur, ces petites phases de révoltes ne faisaient que la rendre plus fascinante à ses yeux. Il releva les yeux vers elle et sourit :

- J’aimerais te laisser parcourir les rues par toi-même tu sais. Mais tu es trop précieuse. Le monde extérieur est trop plein d’horreurs et d’âmes mal-intentionnées. Tu sais que l’on tenterait de t’arracher à moi et, ça, je ne le supporterai pas.

Il fit glisser ses mains le long des hanches de Daisy. Même ses caresses n’étaient pas de réelles démonstrations de tendresse mais bien plus une affirmation de possession. La soie vieillie de sa tenue de nuit glissa sur la peau douce de son bassin avec un frémissement qui plut à Arthur. Il devait s’avouer qu’elle méritait mieux que cette chemise de nuit trop usée et délavée. Il grogna :

- Si tu es sage, il se pourrait même que je te ramène de la lingerie neuve cette semaine.

Ses mains glissèrent jusqu’à sa croupe et l’agrippèrent fermement. Il aurait vendu sa mère, sa femme et même son âme –ou du moins ce qu’il en restait- pour posséder toujours ces formes parfaites dans le creux de ses mains.

- T’ai-je manqué, ce soir ? souffla-t-il.

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L'éclairage de la pièce dissimulait le profil gauche de Daisy, le plus proche de l'unique fenêtre de la pièce. A travers les carreaux teintés par la pollution et les saletés accumulées dans l'air de ce quartier de New-York, l'on pouvait apercevoir le ciel nuageux d'une nuit de demie-lune, dans laquelle les yeux clairs de la jeune femme se perdirent quelques secondes. Arthur savait lui rappeler cruellement l'existence de ces chaînes invisibles qui la maintenaient prisonnière dans cette pièce et entre ces mains qui caressaient ses formes en toute impudeur. L'innocence de son adolescence s'était effacée, la femme qu'elle était à présent était devenue pleinement conscience des dangers de ce monde. Ne pouvait-il donc lui accorder une once de confiance ? Non, leur relation n'était pas faite de ces bons sentiments qui enchaînaient deux cœurs l'un à l'autre dans la pureté.  
Elle reporta son attention sur lui en sentant sa prise devenir plus ferme. Elle glissa sa main droite dans les cheveux de l'homme, s'empêchant ainsi de perdre l'équilibre. Ce soir-là avait été particulièrement éprouvant pour la jeune femme. Le public avait été plus nombreux que d'ordinaire, et bien qu'habituée aux regards lubriques posés sur sa personne, ceux-ci avaient été plus insistants, et les regards simplement admiratifs s'étaient fait plus rares. Elle devait bien l'admettre, la présence d'Arthur lui assurait au moins de ne pas subir les assauts imaginaires et fantasmés de ces mufles. Il n'était que trop aisé de deviner le contenu de leurs pensées, ce qui arracha un nouveau frisson à la jeune blonde. 

- Oui, tu m'as manqué, avoua-t-elle finalement. 

Mue par une impulsion, elle prit l'initiative de s'installer sur l'une de ses cuisses, face à lui. Ses deux mains vinrent se poser sur les épaules étonnamment musclées de son amant tandis qu'elle instaurait un contact visuel, son regard devenu plus intense et en quête des différentes émotions qui pouvaient traverser celui de l'homme. L'une de ses mains glissa lentement vers son torse, s'attardant sur la zone où se trouvait supposément son cœur.

- Et moi, t'ai-je manqué ? 
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyJeu 23 Mar - 20:44

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Le réverbère situé en face de la fenêtre commença à faiblir et clignoter. Cet éclairage intermittent donnait à Daisy une beauté plus mystique encore. Il se perdit dans la contemplation muette de son corps. D’abord son visage, tellement riche d’émotions mêlées. La peur, bien sûr. Mais aussi une pointe de colère, un brin d’excitation, quelques miettes de tendresse et, quelque part, coincé encore entre les plis sombres de ses yeux d’azur, un vestige infime d’amour. Tout l’être d’Arthur s’ébranla à la vision de cette trace trop fine qui subsistait encore. Il trouvait bien peu de prestige aux amours normales ; mais Daisy, elle, l’aimait encore après la séquestration, la violence et l’humiliation. Il raillait souvent son amie Jane en la traitant de sainte.  Mais la vraie sainte, il le savait, était Daisy. Elle qui l’aimait malgré la peur. Elle qui l’aimait malgré lui.

- Et moi, t'ai-je manqué ?

Il lui sourit lorsqu’elle s’assit sur l’une de ses cuisses. Les muscles tendus de sa croupe firent plisser le tissu de sa tenue de nuit. L’œil trop usé aux beautés du monde d’Arthur s’arrêta sur ce pli délicat et sourit.

- Bien sûr, répondit-il dans un souffle rauque. Bien sûr que tu m’as manqué. Toutes les femmes de New-York deviennent ridicules, vaines et laides, lorsque l’on te connait.

La main de Daisy s’attardait sur son torse, à l’endroit où battait, de manière lente et régulière, le cœur de ce dernier. Arthur se prit à avoir envie de ses lèvres, maintenant. Et comme il désirait cette femme à la manière d’un enfant capricieux, il s’agaça de ne pas sentir la caresse vibrante de ses baisers. Son regard sans qu’aucun signe extérieur ne l’annonçât, se fit plus sombre. Comme pour se convaincre lui-même que les pensées tendres qu’il avait eues à l’instant n’étaient que des chimères il attrapa les hanches de sa belle prisonnière et la jeta sur le lit comme on l’aurait fait d’un sac de farine. Au fond la seule chose qu’il avait à lui reprocher était peut-être le simple fait qu’elle lui rappelait –par un miracle qu’il ne s’expliquait pas- qu’il était humain. Et c’était une chose qu’Arthur Fletcher n’aimait pas se rappeler.

-  Trêve de niaiseries poudrées. Il faut que je t’annonce quelque chose d’important.

Il lui tourna le dos et préféra se perdre dans l’observation muette de la rue.

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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyJeu 23 Mar - 22:41

Le contact soudain avec le matelas durci par l'usure coupa momentanément le souffle de Daisy. Ou peut-être était-ce cette envolée brutale, trop brutale pour le frêle rossignol qu'elle était. Quelle humiliation. Ses joues prirent une teinte rosée qui aurait pu sembler charmante à tout étranger, mais un œil averti aurait reconnu dans son regard l'ombre d'une blessure. Une blessure de plus, qui éveilla en elle une certaine colère, nourrie par le mélange de peine et de déception qu'elle ressentait en cet instant. Cet homme était condamné d'avance, pour ainsi rejeter la seule personne qui daignait encore lui exprimer autre chose que la révulsion.

Ses yeux s'assombrirent, et prirent la couleur menaçante d'une mer déchaînée par les vents. Il ne serait toutefois pas sage de sa part de laisser éclater cette fureur qu'elle sentait poindre, fureur nourrie l'humiliation, la violence et le rejet qu'il ne cessait de lui infliger. Elle se releva, les mains tremblantes et le visage livide. Elle lui adressa un regard amer, humide, profitant du fait qu'il ne pouvait la voir. Puis elle expira lentement en un soupir fatigué. Usé. Le visage fermé, elle posa les pieds au sol et se leva du lit, pour s'asseoir devant la coiffeuse. L'observant à travers le reflet du miroir, elle se perdit dans la contemplation de cette silhouette sombre. Arthur devenait de plus en plus complexe à saisir. Plus ils passaient de temps ensemble, plus il se révélait contradictoire dans ses gestes comme dans ses paroles. Elle le savait capable du pire comme capable d'avoir à son égard certaines attentions agréables, probablement destinées à la flatter comme le reste de ses conquêtes. Elle se sentit soudain exténuée. Elle dirigea le regard vers son propre reflet. De légères cernes étaient visibles, mais hormis ces signes distinctifs, son visage lisse ne laissait plus transparaître son trouble.

- Je t'écoute, dit-elle finalement.

Dans une attitude résolument froide, elle fixa la parcelle de mur qu'elle apercevait, dans une posture rigide. Elle demeurerait fermée et bornée ce soir-là, certainement. Blessée dans son orgueil, humiliée par son comportement. Mais cette brève attitude de résistance disparaîtrait sans nul doute possible à sa prochaine visite, comme cela finissait par arriver chaque fois. D'où lui venait cette impuissance face à cet homme méprisé par la majorité de New York ? Elle-même ne saurait le dire. C'était une malédiction qu'elle s'était infligée dès le moment où elle s'était laissée charmer par cet homme qui niait son humanité. Une situation qu'elle maudissait chaque jour de son existence, et à laquelle elle ne parvenait pas à se soustraire par cette sempiternelle frayeur qui hantait ses nuits. La solitude. Il était habilement devenu son monde, ses repères, sans lui elle serait perdue. Et elle en était cruellement consciente, y compris à cet instant où toute autre femme se serait insurgée et aurait renvoyé ce mufle à coups de casseroles bien placés.
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Arthur M. Fletcher
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyVen 24 Mar - 13:04

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Il l’entendit se relever, certainement pour rejoindre sa coiffeuse. Il préféra ne pas la voir. Au rythme saccadé de sa respiration il comprit qu’elle avait été particulièrement vexée. Qui ne l’aurait pas été, après tout. Un mince sourire étira ses lèvres. Il aimait à s’en damner le moment où malgré la rancœur, elle cédait à sa tendresse. Il aimait à se damner cette abandon superbe du cygne qui offre son cou gracile aux crocs du loup. S’il n’avait pas eu à lui parler affaire, il l’aurait certainement saisie par les hanches pour la prendre contre sa coiffeuse.

- Je t’écoute.

Oh le ton de sa voix… Froid comme un sérac. Il ne l’en aima que plus. Il toussota et chercha dans sa veste une cigarette.

- Il n’y a pas de racines de mandragore dedans, promis.

Il entrouvrit la fenêtre d’un coup de baguette et porta la cigarette à ses lèvres. Il l’alluma. Une volute de fumée bleuâtre couvrit son visage. Dans le reflet de la vitre, il vit que Daisy l’observait elle-même à travers le miroir de sa coiffeuse. Cette situation les définissait finalement assez bien ; incapables qu’ils étaient à se regarder en face mais incapables de détourner totalement le regard.

- C’est une double nouvelle. Une bonne et une mauvaise. La mauvaise c’est que tu vas devoir chanter dans les bars no-maj’. Il y a dans le Bronx un gobelin qui échange les dollars contre des dragots à un taux pas dégueulasse. On ne peut pas se permettre de louper cette occasion. Ton entretien me coûte cher, Trésor. Il va falloir être particulièrement prudente, tu t’en doutes. Je n’ai pas envie que le Macusa nous tombe dessus parce que ces abrutis de no-maj’ nous soupçonnent. Je ferai attention à tout cela, toi contente-toi d’être ce que tu es : merveilleusement inoubliable.

Il inspira une lourde bouffée de tabac et la laissa irradier sa gorge en fermant les yeux. Il sentait toujours dans son dos les yeux perçants et terriblement orageux de sa maîtresse. Il s’éclaircit la gorge et reprit :

- La bonne nouvelle, c’est que si tu te débrouilles bien et que les no-maj’ se prennent d’émulation pour toi, j’aurais de quoi t’offrir une chambre un peu plus classe. On pourra même envisager un petit appartement.

Il se tourna enfin et chercha son regard.


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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptySam 25 Mar - 21:53

Sourcils plissés, Daisy observait l'homme à travers le reflet du miroir. La fumée qui couvrait son visage l'empêchait de distinguer nettement ses traits, et pourtant elle continua à le fixer, comme pour obtenir la confirmation qu'il était bel et bien présent dans cette pièce. Cela devait être arrivé, la mandragore avait achevé de faire perdre la tête à cet homme. Comment expliquer, autrement, cette idée saugrenue qui menaçait en tous points leur vie à tous les deux ? La loi Rappaport était particulièrement stricte, et la jeune femme ne se faisait nulle illusion quand au sort qu'on lui réserverait si jamais elle finissait par se montrer aux No-Maj' et à chanter pour eux. D'autant plus suite aux derniers événements, que chaque journal s'était empressé de relater avec de nombreux détails tous aussi effrayants les uns que les autres.
Elle frémit lorsque leurs regards se croisèrent finalement, mais ne détourna pas le sien. L'inquiétude et la désapprobation étaient particulièrement visible sur son visage trop peu habitué à l'imposture pour rester impassible.

- Arthur, tu sais bien que le Macusa ne le permettrait jamais. Ils l'apprendraient très vite, avec tous les hommes dont ils disposent...

Elle s'interrompit. Ses paroles sonnaient trop comme une vaine tentative d'échapper à une situation qu'elle serait probablement forcée de vivre. Puis elle devait reconnaître que son attention avait été capturée par ses dernières paroles. Un espace plus grand que cette pièce où elle se sentait mourir à petit feu, même de quelques mètres carrés, serait particulièrement bienvenu. De plus, elle ne doutait pas de sa capacité à exercer ses petites escroqueries tout en passant outre le respect des lois et la suspicion des agents du gouvernement. Il n'avait pas survécu en tant qu'escroc, voleur et proxénète sans savoir y faire avec ses bien tristes affaires. Mais tout de même, le risque était énorme...
Ses épaules s'affaissèrent soudainement, comme subissant le poids de la résignation. Elle savait qu'elle aurait beau proposer l'argumentation la plus fine du monde, l'attrait de l'argent chez cet homme l'emporterait malgré tous ses efforts. Du moins, elle doutait que les raisons de son refus soient suffisantes pour les oreilles particulièrement capricieuses de son amant.

- Je ne suis pas certaine d'en être capable, avoua-t-elle à demi-mots.

Le ton de sa voix était redevenu semblable à celui qu'elle employait ordinairement. Toute trace de colère s'était évanouie pour faire place à une certaine angoisse. Briser ainsi les lois n'était pas dans les habitudes de Daisy, et elle n'avait aucune envie que cela le devienne. Elle ignorait ce dont étaient capables les No-Maj', mais au vu des dernières nouvelles, elle n'était pas désireuse de le savoir d'une manière particulièrement déplaisante. Elle soupira finalement et porta deux doigts à chacune de ses tempes, massant délicatement pour tenter d'apaiser ses pauvres nerfs, déjà bien mis à mal malgré son jeune âge.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyLun 27 Mar - 10:53

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Arthur savait que sa chère et tendre Daisy serait contre l'idée d'évoluer en milieu no-maj'. Elle était d'un caractère craintif et le Macusa représentait de plus en plus l'image d'un gouvernement sévère et inquisiteur. Si cette perspective lui semblait excitante et plein d'opportunités juteuses, il avait conscience que cela n'était absolument pas la vision qu'elle portait sur la chose. Il se retourna et plongea son regard dans le sien. Elle n'était plus en colère ; elle avait peur. Il lut dans son regard que cette peur portait d'une part sur l'idée de contrevenir aux lois et d'autres part sur celle de désobéir à son colérique amant. Il adoucit donc le ton de sa voix et s'approcha, ne lâchant pas ses orbes bleutés de ses grands yeux :

- Daisy, Trésor, cette loi ne t'interdit pas de te montrer aux no-maj'. Tu vis entourée de ces gens-là, je te rappelle. Elle t'interdit seulement d'en tomber amoureuse -ce que je te déconseille de faire avec un sorcier aussi- ou de leur dévoiler notre monde et tes pouvoirs. Le Macusa ne risque pas de venir t'attraper par la peau du cou parce que tu leur chantes une chanson, tu comprends ? Pour l'instant la réglementation des activités professionnelle est assez floue pour que nous puissions nous permettre cela.

Il arriva à sa hauteur et se colla contre le dossier de sa chaise. Il déposa sur ses épaules deux mains fermes et rugueuses. Daisy, à la manière du rossignol qu'elle avait pour patronus, ne se laissait pas attraper facilement. Il fallait de la patience et du tact. Deux qualités que l'enfant cruel qu'était Arthur avait du mal à mettre en oeuvre. Il glissa cependant une main dans ses cheveux et souffla :

- Tu mérites mieux que cette simple chambre de bonne. Peut-être que si nous trouvions un nid plus grand où te loger je pourrais envisager d'être plus souvent là... Peut-être même que je pourrais totalement quitter Eléanor. Je sais que cela t'effraie mais il faut que nous le fassions. Pour toi. Pour nous.

Il lui sourit à travers le reflet du miroir et posa un baiser sec sur le sommet doré de son crâne. Cela faisait quelques mois déjà que Daisy le priait de quitter son épouse. Il lui répondait que la pauvre était instable, qu'il ne pouvait pas lui faire cela, qu'elle ne le supporterait pas. Vers la fin, il avait fini par s'agacer et lui interdire d'aborder le sujet. Qu'il l'aborde de lui-même était donc rarissime. Sans lui laisser le temps de répondre, une main descendit de son épaule pour se frayer un passage sous le tissu de sa chemise de nuit. La paume ferme et possessive d'Arthur s'empara de son sein et le serra. A travers le miroir, son regard ne lâchait pas celui de son amante. Un regard douloureux et conquérant. Un regard de démon.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyLun 27 Mar - 17:52

Elle serait bientôt prise au piège. Elle le savait, connaissait par coeur ce scénario qui s'était déjà produit tellement de fois qu'elle commençait à en comprendre le déroulement. D'abord, il l'adoucirait avec ses paroles manipulatrices et doucereuses, l'envoûtant en capturant son regard d'une prise dont elle ne pourrait se détourner. C'est ensuite qu'il tirerait les ficelles visant à la faire se soumettre docilement. Sa crainte pouvait sembler déraisonnable, d'autant plus aux yeux de ce malfrat qui ne semblait vivre que d'adrénaline et d'eau glouglousse. Pourtant, pour la jeune fille autrefois sans histoire qu'elle était, il y avait une nette différence entre vivre, cachée parmi les No-Maj' et s'exposer à eux sans aucune prudence. Elle n'était pas dupe, elle savait l'effet que son ascendance vélane avait sur les hommes, probablement plus sur les No-Maj' qui seraient incapables de comprendre cet attrait qu'ils ressentiraient pour elle. Et Daisy savait également que les femmes entourant ses futurs "admirateurs", sous l'effet d'une jalousie mal placée, pourraient chercher et trouver toutes les raisons pour l'inculper des pires maux, y compris la sorcellerie. Les adeptes de Salem, après tout, savaient se dissimuler quand cela était nécessaire.

Le piège venait de se refermer sur elle. Les deux mains qui se posèrent sur ses épaules furent comme les barreaux d'une cage, dont elle n'aurait pas le loisir de s'échapper. Elle ne parvint pas à refouler le frisson qui parcourut son échine à ce contact, même si elle parvint à refouler le sursaut impulsif qui avait voulu se manifester. Si elle avait gardé le silence par simple prudence, les dernières paroles de l'homme la laissèrent toutefois songeuse. Elle devait reconnaître qu'il avait su abattre ses cartes au moment le plus opportun, et gardé son joker pour le coup de grâce. Cela était tellement rare qu'il accepte de prononcer le nom de sa femme, et même de simplement l'évoquer, que l'expression de Daisy passa de l'inquiétude à la surprise.
Sur le point de répondre et de lui offrir l'un de ses plus beaux sourires à la perspective d'un avancement même léger, elle se figea toutefois en sentant cette main possessive s'approcher de sa poitrine. Une ombre passa sur son visage, qui effaça toute trace de joie. Le serpent venait de s'enrouler habilement et discrètement autour de sa proie, qui n'avait plus d'autre choix que de se soumettre et d'accepter son sort.

- Très bien, je le ferai, finit-elle par dire dans un sourire faible. Mais... Seras-tu là ? Je ne supporte pas l'idée de me retrouver seule au milieu de tous ces No-Maj' dont j'ignore les coutumes, et même le langage, parfois. Ils emploient des mots si étranges...

Elle soutint ce regard perçant comme une gazelle soutiendrait celui d'un fauve avant que celui-ci ne la pourchasse pour mettre ses griffes dessus. Elle baissa finalement les yeux, les fermant même le temps de quelques secondes. Elle s'obligea à détendre son corps surpris par cet attouchement certes rude, mais pourtant peu étonnant de la part de son amant.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptySam 1 Avr - 14:31

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

-Très bien, je le ferai. Mais... Seras-tu là ? Je ne supporte pas l'idée de me retrouver seule au milieu de tous ces No-Maj' dont j'ignore les coutumes, et même le langage, parfois. Ils emploient des mots si étranges...

Un sourire victorieux étira un peu plus les lèvres sèches du proxénète. Il baissa la tête et baisa le sommet de sa chevelure dorée avec une tendresse réelle. A chaque fois qu'elle se montrait obéissante. A chaque fois qu'elle cédait. A chaque fois qu'elle mettait sa résistance de côté pour le satisfaire, il avait l'impression de la posséder à nouveau pour la première. Une chaleur malsaine irradia son corps alors que sa poigne se faisait plus forte sur la masse douce de son sein.

- Bien sûr, souffla-t-il.

Sa main s'aventura vers le bouton de rose qui surmontait son mamelon avec timidité. Il le pinça. Sans violence, sans cruauté. Juste pour l'éveiller un peu à cette caresse qui s'annonçait être le prémice d'une manifestation plus vibrante de son envie. Son regard n'avait toujours pas quitter celui, apeuré, de Daisy. Il se perdit quelques secondes dans l'abysse sans fin de son iris. De toutes les oeuvres d'art qu'il avait contemplées puis volées, cette contemplation là était la seule dont il ne se serait jamais lassé. Il parla, plus pour se forcer à quitter son regard que pour autre chose.

- Tu sais bien que je suis toujours là. Dans l'ombre. Même quand tu ne me vois pas. Je suis quelque part à veiller sur toi, sur ce que tu fais. Et surtout à qui t'approche. Tu sais que je ne laisserai personne t'approcher. Si je te laisse dans la sécurité de ces murs ce n'est pas parce que je ne te fais pas confiance, tu le sais. C'est parce que moi seul connais la putréfaction nauséabonde des hommes du dehors. Je ne veux pas qu'ils te fassent de mal, voilà tout. Tu es trop précieuse. Et je...

En trois années de "relation", Arthur n'avait jamais réussi à dire ces mots terribles. Il les avait pourtant déjà dits des milliers de fois aux putains de passage, aux chanteuses d'autres bars, même au barman du Niffleur Tricheur et au chien de la voisine. Alors qu'elle était certainement la personne pour laquelle ces mots auraient été les plus honnêtes, Fletcher était incapable de dire à Daisy qu'il l'aimait. Peut-être parce que ça l'aurait confronté à la parcelle d'humanité qu'elle faisait survivre en lui, peut-être parce que l'horreur de ce qu'il lui faisait vivre n'en aurait été que plus flagrante. Il secoua la tête, chassant avec sa rage habituelle ce genre de pensées et déglutit.

- Ma journée a été rude. Et si tu te déshabillais, histoire d'offrir à mes yeux un peu de beauté au milieu des décombres de cette ville purulente ?
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 2 Avr - 15:07

Un doux frémissement parcourut son corps, dans une caresse d'une volupté troublante. La crainte dans ses yeux fut légèrement effacée par le voile d'une émotion toute autre, en accord avec le geste de l'homme. Son corps, parfois malgré elle, savait reconnaître les attentions qui éveillaient ses sens et attisaient le feu dévorant de sa passion. Et Arthur semblait particulièrement apte à manipuler ainsi ses émotions. Si bien qu'elle faillit en manquer les paroles de son amant. D'abord dubitative, un léger froncement de sourcils vint troubler ses traits qui avaient commencé à se détendre suite à ce toucher tentateur. Mais plus que ce discours qu'elle avait déjà entendu plusieurs fois, chaque fois que tous deux préféraient se convaincre que tout cela n'était que pour son bien, ce furent ces mot non-prononcés qu'elle retint. Ses yeux s'agrandirent de surprise, dans l'attente et l'espérance de ces quelques mots qu'elle rêvait d'entendre. Ceux qu'il n'avait jamais daigné lui adresser, et qu'elle-même, par crainte du rejet et peut-être également car elle doutait parfois de leur sincérité, s'était abstenue de prononcer à maintes reprises.

Un soupir quitta ses lèvres roses quand elle comprit qu'une fois encore, il ne lui ferait pas le cadeau de ces mots capables de réchauffer même la plus froide des âmes. La déception la heurta de plein fouet, si bien que sa première impulsion fut de décliner la dernière demande, qui sonnait plus comme un ordre, de l'homme. Mais elle n'en fit rien, et la déception céda la place au découragement. Elle était incapable de résister à cet appel, cette tendresse et ce contact dont elle était terriblement avide. Elle pencha la tête sur le côté, yeux clos, dans une posture destinée à chasser ces sentiments trop douloureux. Quelques inspirations furent suffisantes pour rejeter ses pensées les plus mornes, et pour revêtir le rôle de la maîtresse de cet homme capricieux, le seul qui brisait sa solitude dévorante et insupportable.

Délicatement, elle saisit le poignet de l'homme et mit fin à ce toucher tentateur. Tout en douceur, sans brusquerie aucune, elle quitta son siège et contourna celui-ci en quelques pas gracieux de sorte à se retrouver face à Arthur. A son tour, elle se perdit dans les prunelles sombres qui la contemplaient, s'accrochant à ce regard comme un individu sur le point de se noyer s'accrocherait au morceau de bois qui lui sert de bouée. Le coin droit de ses lèvres se retroussa en un sourire mutin, tandis que ses yeux se noircirent d'une émotion toute autre que la douleur ou la tristesse. Elle dénuda une première épaule, puis la deuxième, le tissu glissant sur sa peau claire dans une lenteur qui aurait pu sembler calculée. Arquant un sourcil, elle retint le vêtement contre sa poitrine, l'empêchant de tomber au sol. Elle s'éloigna soudainement, se retrancha dans l'ombre et s'adossa sensuellement au mur sans rompre le contact visuel.

- Et si tu venais finir ? suggéra t-elle d'une voix basse et séductrice.  
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 2 Avr - 17:22

DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

La cruauté, l'égoïsme et le sadisme d'Arthur Fletcher aurait fait faner n'importe quelle fleur. Mais pas la douce Daisy, non. Pas elle. Elle avait encore la peau satinée et terriblement tentante d'un pétale de rose. Quand il la vit se lever, Arthur sourit et s'enfonça dans le fauteuil défoncé de la chambre. Le repos commençait enfin. D'un coup de baguette, il tamisa un peu plus l'éclairage de la pièce. Il ne ferma pas les rideaux. Ce n'était pas la preuve d'un goût pervers pour l'exhibitionnisme, loin de là. Il aimait juste la teinte faiblarde que le réverbère moribond dispensait dans la petite pièce. Heureux d'être enfin là où il souhaitait être et d'en avoir fini avec les discussions déplaisantes concernant les affaires, il chantonna en la regardant l'air qu'il lui avait toujours attribué : :

« There is a flower within my heart,
Daisy, Daisy,
Planted one day by a glancing dart,
Planted by Daisy Gloom.
»


Perdu dans sa mélopée sourde et lente, Arthur regarda le tissu glisser contre les hanches de sa belle. Elle savait comment le rendre dément comme nulle autre. Alors que sa pupille avide recherchait la vision délicate de son sein, elle le masqua. Il étouffa un grognement d'impatience. Il aurait vendu sa mère contre la possibilité de reposer son visage à l'ombre douce de cette colline opalescente. Lorsqu'elle lui proposa de venir finir son oeuvre, il n'hésita pas un instant et se releva. Il se glissa derrière elle, contre son dos partiellement dénudé et posa ses mains rudes contre ses hanches. Il chantonna à son oreille, à voix basse :

« Whether she loves me or loves me not,
Sometimes it's hard to tell,
Yet I am longing to share the lot,
Of beautiful Daisy Gloom.
»


Cette ballade, habituellement joyeuse et légère, avait dans la voix de l'escroc, une tonalité triste et lente. Bien que cela mette en échec la rime finale, il lui avait toujours chantonné en remplaçant "Bell" par son nom. Parce qu'au fond la disharmonie de cette absence de rime leur ressemblait bien. Il inspira lourdement l'odeur de sa chevelure et tira sur le tissu fluide pour le faire tomber au sol. Alors qu'elle se retrouvait totalement nue contre lui, son épiderme fragile se couvrant de chair de poule, il reprit :

« Daisy, Daisy, give me your answer, do.
I'm half crazy all for the love of you.
 »

Au moins ce qu'il n'arrivait pas à lui dire était-il capable de le lui chanter. Après tout, n'était-ce pas là le seul moyen de se faire entendre d'un rossignol.
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MessageSujet: Re: [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928]   [Daisy & Arthur][-16] Une fleur prisonnière du bitume ne fane jamais. [7 Mars 1928] EmptyDim 2 Avr - 22:43

Un sourire sincère étira les lèvres de la jeune chanteuse. S'imprégnant de cette atmosphère réchauffée, sa peau s'éveilla à chaque nouvelle parole chantonnée par son amant. Yeux clos, elle savoura l'effet de cette chanson ainsi entonnée par l'homme. La chanson, voilà une manière de communiquer qu'elle savait manier, reconnaître et apprécier. Elle se laissa aller un instant contre son torse, se délectant du contact de leurs corps, et se laissa momentanément bercer par cette chaleur qui irradiait de son amant même à travers ses vêtements.
Mais cette langueur ne dura qu'un instant. Les derniers mots chantonnés planèrent dans l'air quelques secondes encore, Daisy les laissant résonner et s'évanouir délicieusement dans le silence revenu. A nouveau elle se retourna face à lui, sans pour autant séparer leurs corps l'un de l'autre. Un désir croissant, attisé par cette chanson et par cette voix qui avait perdu les intonations parfois sèches et rudes de son propriétaire. Elle le gratifia d'un nouveau sourire tandis qu'elle plongeait son regard dans le sien et entonnait à son tour des paroles que la pudeur l'aurait empêché de prononcer, si elles n'avaient été chantées.

You have come here
In pursuit of your deepest urge
In pursuit of that wish which till now has been silent
Silent


Que cela était doux de pouvoir s'exprimer librement. Seule la chanson le lui permettait. Chaque fois, sa voix prenait des intonations chaleureuses et graves, qui ne manquaient de charmer ses spectateurs. En l’occurrence, elle l'espérait, son spectateur. De ses doigts fins, elle commença à déboutonner la chemise de celui-ci, continuant de chantonner d'une voix qui semblait de plus en plus séductrice.

In my mind I've already imagined our bodies entwining, defenseless and silent
And now I am here with you, no second thoughts
I've decided, decided
Now you are here with me, no second thoughts
You've decided, decided


Elle lui ôta ce vêtement devenu encombrant d'un geste ferme. Satisfaite, elle passa ses mains le long des bras étonnamment musclés de l'escroc, puis dériva vers ses flancs, qu'elle ne manqua pas de frôler du bout des ongles dans l'intention d'éveiller chez l'homme un frisson semblable à ceux que lui-même provoquait en elle.

Past the point of no return
No going back now
Our passion play has now at last begun
Past all thought of right or wrong
One final question
How long should we two wait before we're one?
When will the blood begin to race
The sleeping bud bursts into bloom?
When will the flames at last consume us?


Quiconque avait connu la douce et innocente Daisy se serait étonné de la voir s'abandonner avec autant d'insouciance aux plaisirs de la chair et frémir sous les regards lubriques que lui adressait son amant. Pourtant, c'était dans ces instants d'intimité, où Arthur n'était plus que dominé par les envies qu'elle lui inspirait, qu'elle se sentait parfois la plus libre et que la plaisante sensation de regagner une once de contrôle sur son existence s'insinuait en elle. La jeune blonde cherchait dans ces instants une délivrance, autant spirituelle que charnelle, qu'elle ne parvenait pas toujours à trouver mais qui dans ces quelques instants où tous deux s'abandonnaient sans retenue, lui donnaient le sentiment d'être pleinement vivante.
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DAISY
&
ARTHUR

“UNE FLEUR PRISONNIERE DU BITUME NE FANE JAMAIS.”

Tous les spectateurs de Daisy étaient irrémédiablement conquis. D'une part par sa beauté légendaire et pure. D'autre part par la mélancolie fascinante de sa voix. C'était sa voix  qu'il l'avait sauvée des affres de la prostitution à laquelle la destinait Fletcher, pas sa beauté. Alors qu'il venait de la besogner sans douceur sur le matelas miteux d'une chambre d'hôtel bas-de-gamme, elle avait souhaité -précaution superficielle incompréhensible aux yeux d'Arthur- prendre une douche. Il l'avait laissée faire, trop heureux de la solitude que cela lui offrait pour se rouler une bonne cigarette de racines de mandragores. Pendant qu'il réfléchissait à la façon avec laquelle il allait incorporer cette bombe vélane à son réseau, un chant doux et triste avait réussi à traverser les volutes de fumée. La voix de Daisy, par delà le clapotis régulier de la douche et la clameur de la rue, trouva par miracle un chemin tortueux qui menait jusqu'au cœur rabougri et minuscule du truand. Le spleen délicat de sa voix trouva un écho sans pareil dans l'âme d'Arthur ; écho qui résonnait encore trois ans plus tard. Il l'écouta donc chanter ce soir là en fermant les yeux, laissant ses mains parcourir la peau vulnérable de sa prisonnière.

Lorsqu'elle se tourna vers lui, il sentit son souffle s'échouer sur la peau tendu de son torse. Quelque chose en lui dérailla. Ses pensées ne suivaient plus le cours habituel de la quête avide du profit qui guidait chacun de ses pas. Il se laissa charmer encore par les intonations de sa voix et sentit vrombir en lui un grognement sourd et bestial. Comme une luciole éprise d'une étoile, il la contemplait sans avoir l'espoir d'un jour pouvoir l'étreindre vraiment. La mélopée de Daisy lui rappelait, à chaque note ensorcelante, la condition maudite et fatale de leur union. Il lui fallut y mettre un terme. Il tendit la nuque vers elle et se saisit de ses lèvres comme un empereur eut conquis une terre indigène. Sa bouche se fit plus possessive que tendre. Liée à elle par ce baiser morbide, il l'attrapa sous les cuisses et la porta jusqu'au lit sur lequel il la jeta.

- Chut, rossignol, chut, lui murmura-t-il dans le creux de l'oreille.

Elle s'abandonnait à lui avec une désinvolture assumée qui le fit frémir. C'était la seconde clé qui lui avait permis de se trouver une place dans la vie de l'escroc. Il fallait à Arthur Fletcher une femme qui soit à la fois sainte et putain. Qui semble être de la pureté d'une perle le jour et de l'éclat du sang la nuit. Daisy réussissait avec l'agilité d'une acrobate à passer de l'un des rôles à l'autre. Couché au dessus d'elle, il enferma ses poignets dans le creux de ses mains fortes et nicha son visage dans sa nuque. Ses lèvres s'entrouvrirent et il mordit avec cruauté la peau tendue de son cou gracile. Il glissa son genou entre ses cuisses et la força à maintenir cette position tout en affirmant encore la morsure de son cou.

Dans l'éclairage lugubre de la chambre de bonne qu'il lui louait, Arthur Mondingus Fletcher posséda cette nuit-là le corps de son étoile avec la rage triste d'un homme avide autant de pureté que de noirceur.
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