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 Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]

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Sanguini

Sanguini

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MessageSujet: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMer 22 Mar - 14:55

*Et voilà, le voyage était accompli, Sanguini avait quitté sa Transylvanie pour l'Amérique. Sa première idée avait été de s'y rendre en volant, jusqu'à ce qu'il prenne conscience que porter ses bagages, lesquelles contenaient 3 caisses d'or, ne serait pas si aisé. Le choix imposé de voyager par bateau avait pourtant été une bonne chose, il lui avait permis de passer sa première semaine complète sans boire une seule goutte de sang. Se découvrant un violent mal de mer, il avait passé sa semaine dans sa cabine, accroché à son hublot, rêvant d'avoir l'estomac plein pour pouvoir vomir tripes et boyaux par dessus le bastingage. Hélas pour lui et heureusement pour les passagers, ses nausées l'empêchaient de consommer qui que ce soit.

A peine posé le pied à quai, il avait pris une grande bouffée d'air, juste pour le plaisir. Il avait alors retrouvé des couleurs, ou plutôt perdu la teinte verdâtre qui ne l'avait pas quitté au cours de ces 7 derniers jours, pour retrouver sa pâleur naturelle. Bras écartés, paupières closes, il avait humé les odeurs de poubelles, de pollutions, de caniveaux souillés et de graillons caractéristiques de New York pour la toute première fois, un petit sourire aux lèvres ce qui était déjà exceptionnel en soi. Se faisant, il ne remarqua pas le godelureau dans son dos s'enfuyant à toutes jambes en lui volant une de ses caisses. Ce fut donc avec ses deux caisses d'or restantes portées par un badaud sur lequel il usa de ses pouvoirs psychiques, qu'il se rendit à pieds au MACUSA. Il en sortit 3 heures plus tard avec une seule caisse d'or, un visa, un agent d'immigration attitré qui allait faire grimper en flèche le cours de l'ail et un bon pour une cure de désintoxication à l’hôpital Ste Morgane.

Le moldu... pardon, le « Nowmaj' », Sanguini se sentait déjà un peu plus dans le coup. Bref, le Non-maj lui indiqua aimablement une pension de famille où il trouva un logis petit mais confortable en plein cœur de la ville. Enthousiaste, il passa les 3 journées suivantes à visiter New York. Il apprécia particulièrement le cimetière de Trinity Church, le musée d'histoire naturelle, les vendeurs de hot dog et le club de jazz « Au petit père Lachaise » où il prit une eau gazeuse sans glace. Sanguini s'amusait beaucoup, et ce malgré les 7 véhicules qui le percutèrent au cours de ses flâneries. Mais Sanguini commençait aussi à avoir sérieusement les crocs. Ce fut donc un peu fébrile qu'il se rendit, le soir venu, à son premier rendez-vous à Ste Morgane.

Allongé dans la chambre où on l'avait conduit, il attendait patiemment que son médecin, le Dr Conrad, vienne faire un bilan de son état de santé général et, il l'espérait, lui apporter quelques pintes de sang. Mais à sa déconvenue, ce ne fut pas un homme qui rentra dans sa chambre. Sanguini remonta alors sur lui le drap blanc, conscient de la petitesse de la robe dont on l'avait affublé et qui laissait son arrière train fortement aéré.*

Bonsoir. On m'a indiqué le chemin de ce dispensaire afin que j'y rencontre prestement un guérisseur dénommé « Conrad ». Où est-il ?... Oh.

*Il venait de lire le nom de la femme sur son porte étiquette, comprenant par là que c'était elle qu'on lui avait affublé. Il n'aurait peut être pas du taire son penchant pour les jeunes, et éventuellement moins jeunes (nécessité faisant loi), vierges.*

C'est vous.

*Il hésita sur la façon dont il convenait de se comporter, sa grande main blafarde et griffue cherchant, à tâtons dans l'air, à établir un contact décent avec la jeune femme. Il ne se sentait pas encore prêt a apposer sa main sur ce qui était encore il y a peu sa nourriture, alors, il tapota gentiment le bout de la manche de ce qu'il prenait pour une nonne.*

J'admire qu'une femme de votre âge, encore féconde, ait choisi de servir Dieu et ses pauvres orphelins.

*Et ce fut sur ces mots que l'infirmière normalement en pédiatrie prit en charge l'un des ex plus grands tueurs d'enfants du monde.*
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Jane K. Conrad
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptySam 25 Mar - 20:14

Jane ? Un patient t’attend au deuxième étage, chambre 269. Personne n’est disponible, alors il est à toi. Bilan général !

*La femme opulente, qui s’occupait d’accueillir les différents patients et de les attribuer, lui jeta le très maigre dossier dans les bras. Celui-ci ne contenait que les futilités requises : nom-prénom du patient, adresse, informations générales. Le regard vitreux, tant elle était épuisée de ces deux derniers jours, Jane n’eut pas le courage ni la force de protester. Elle venait de passer deux jours entiers en compagnie de son patron pour soigner une grande brûlée âgée de six ans. Les soins administrés lui avaient demandé une grande énergie, laquelle elle n’avait pu récupérer pour le moment. Frêle dans sa démarche, la jeune femme puisa dans ses dernières ressources et grimpa les marches qui la conduiraient jusqu’à son patient. Finalement, elle avait beau œuvrer dans l’aile pédiatrique, on – par ce « on » elle entendait Liesbeth - trouvait toujours à lui donner quelques adultes, comme pour ne pas perdre la main. Et généralement ceux-ci n’étaient en rien normaux ou calmes… Que lui avait-on réservé cette fois-ci ?

A quelques pas de la chambre en question, la jeune femme réendossa son masque d’infirmière douce, bienveillante et assurée. Seules ses cernes trahissaient sa grande fatigue. L’infirmière ajusta son sourire et passa le seuil de la chambre, dans un « bonsoir » claironnant. Pour tous deux ce fut un choc. Cette peau blafarde la laissa muette. Jamais elle n’avait vu de peau si blanche sauf quand son patient s’apprêtait à succomber. Or de ce qu’elle pouvait voir devant l’air surpris de son nouveau patient, ce n’était pas son cas. Jane, sans se départir de son sourire, s’avança alors vers le lit de son malade.*

C’est moi, répondit-elle avant d’arquer un sourcil de surprise à la remarque plus innocente que désobligeante du vampire – dont elle ne savait encore rien-. J’ai bien peur de vous décevoir. Je sers les personnes dans le besoin, petits ou grands, mais nullement votre Entité supérieure. Je sers la vie, Monsieur, *- et bientôt les morts -*nullement ses dirigeants.

*Elle lui adressa alors un léger sourire avant de taper avec délicatesse sur ses mains pour qu’il lâche enfin le drap blanc, qu’elle replia quelque peu afin d’ausculter son patient. Jane sortit son stéthoscope de son tablier et l’enfila pour écouter le cœur inexistant. Elle le chercha pendant de longues secondes, dépassant même les limites rationnelles de l’emplacement de l’organe. Absent. Il était tout simplement absent. Ou alors … éteint … mort. Jane relâcha son stéthoscope et le rangea avec lenteur dans son tablier. Elle braqua alors son regard sur lui et l’observa longuement, en silence. Un teint blanchâtre, un cœur inexistant, un vocabulaire aussi ancien que cavalier – à certains égards- … Jane effleura de ses doigts le visage glacé du vampire et ferma les yeux un court instant en reculant lentement. C’était impossible… De sa vie, elle n’avait jamais rencontré de vampire. Elle n’avait jamais réellement cru non plus en leur existence. Elle avait lu Dracula, elle connaissait les soi-disantes faiblesses du vampire. Etaient-elles réelles ? Elle l’ignorait. Mais en cas de danger, elle n’avait rien pour le contrer, si ce n’était sa métamorphose.

La jeune femme se détourna et ouvrit enfin ses yeux, en alerte. Pendant une poignée de secondes, son souffle se fit saccadé tandis que les battements de son cœur s’emballaient dangereusement. Dans son esprit, une foule de pensées, d’alarmes se déclenchant une à une et sur lesquelles étaient placardées les visages de chacun de ses prétendants. Ses enfants couraient un grave danger. Elle se devait de les protéger, de protéger Emily, Héloïse, tous. Jane ouvrit la bouche, le son coincé dans sa gorge, et la referma, comme elle ferma la porte, également, à double tour à l’aide d’un sort. Baguette en main, elle se fit alors violence pour se calmer. Paniquer n’était pas dans ses habitudes. Elle se devait d’avoir la tête froide pour être efficace et réactive en cas de besoin. Si le vampire avait voulu l’attaquer, il l’aurait déjà fait. C’était là une idée rationnelle, quelque chose à laquelle elle pouvait se raccrocher. Alors elle fit volte-face, tête haute, le regard glacial et s’avança vers le vampire pour le confronter.*

Que voulez-vous ? demanda-t-elle d’une voix blanche. Si c’est pour toucher à mes autres patients, je vous promets que vous ne passerez pas cette porte. Que voulez-vous ? répéta-t-elle, gorge sèche.
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Sanguini

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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyLun 27 Mar - 13:34

*Sanguini lâcha ses draps avec récalcitrance et laissa la femme poser son ustensile, qu'il trouvait bien étrange, sur son corps. Ignorant à quoi pouvait bien servir l'objet, ses yeux suivirent les petits sauts de ce dernier sur son buste, un sourcil hautement arqué par la perplexité. A son époque, les maistres se contentaient de poser leur oreille sur le sternum du patient. En outre, il trouvait les manières de la femme bien cavalières, n'ayant pas même la pudeur de détourner le regard. A cette distance, il pouvait examiner les traits de la soignante, et s'il n'en décela pas l'inquiétude croissante, en revanche, il lui trouva une excellente mine.*

« Mon » entité supérieure...

*Dit-il avec un petit rire de gorge forcé. Sanguini, créature des enfers, était bien placé pour savoir qu'il n'y avait pas d'entité supérieure, en tout cas pas pour lui. Alors qu'il avait un pied dans le trépas, il n'avait jamais constaté la moindre présence divine, une information qui ne lui sembla pas opportune d'expliciter.*

Veuillez excuser ma méprise, mais les femelles ne sont supposées travailler que lorsqu'elles vivent dans la pauvreté ou ont décidé de servir dieu. Or, à en juger par vos hanches rebondies et vos joues rondes, vous ne semblez pas si miséreuse. En outre, votre odeur virginale m'indique que vous êtes nullipare.

*Il écarta les mains comme s'il venait de démontrer l'évidence même. A présent, il lui restait à deviner pourquoi sa rebouteuse n'avait pas été conduite à l'autel pour multiplier les enfantements comme toute femme en rêve. Il se pencha alors un peu en avant pour lui demander dans un chuchotement propice à la confidence.*

Vous ne me semblez pas avoir si mauvais caractère et votre haleine est tout à fait supportable, serait-ce une envoûteuse qui vous a jeté un mauvais sort vous rendant infertile ?

*Il reçu en guise de réponse une caresse sur son visage. Cavalière n'était plus le terme, Sanguini faisait face à une véritable gourgandinerie. Fronçant les sourcils, il répondit vivement.*

Je vous en prie mairesse de petite vertu, je ne suis pas un être si facile. Peut être serais-je en effet susceptible de féconder vos entrailles, mais la puissance de ma semence ne doit pas vous faire perdre de vue la raison qui vous amène à mon chevet ! Pis, je mets en doute que vous aimiez la créature mi démonique, mi humaine, qui sortirait de votre con.

* « Que voulez-vous ? » lui dit-elle. Sanguini, de plus en plus dubitatif, fronça encore plus fortement les sourcils. Était-elle en train de lui proposer de l'argent en échange de ses services ? Il avait fait vœux de devenir un être meilleur pour les hommes, de racheter ses mauvaises actions en distillant le bien, mais jamais il n'aurait cru en être réduit à jouer les reproducteurs en sortant de sa tanière. Le monde avait décidément bien changé.

Ses sourcils se défroissèrent, ses lèvres se firent cul-de-poule alors que sa tête dodelinait de gauche à droite, pesant le pour et le contre. Enfin, son débat intérieur prit fin et il fut en mesure de donner une réponse à l'implorante pucelle.*

Encore que... je sais qu'il n'y a de plus grande douleur pour une femme, que l'impossibilité de vivre les souffrances de l'enfantement... Alors soit, j'accepte de faire une exception. Mais enduisez-vous de jus d'ail au préalable, cela me passera toute envie. Je ne pratique plus depuis longtemps mais j'ai la certitude qu’éveiller ce plaisir serait susceptible de réveiller un autre besoin de chair. Et de grâce, ajouta-t-il, ne m'obligez pas à pratiquer le coït d'engrossement avec toutes vos patientes, je ne crois pas que répéter cet acte serait très... comment dit-on déjà ? Ah oui, « chrétien ».

*Dit-il en mimant des guillemets de ses longs doigts griffus, un geste moderne que Chastity lui avait appris la veille.*
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Jane K. Conrad
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMar 28 Mar - 16:24

*Elle encaissa les insultes avec un calme herculéen. Ce vampire ne manquait absolument pas de toupet. Les sourcils de la sorcière étaient froncés, son regard de plus en plus glacial. Jane abhorrait l’idée qu’on se faisait de la femme et de son prétendu rôle. Mais elle abhorrait encore plus qu’on osât la mettre dans cette catégorie. Les mains légèrement tremblantes, plus d’irritabilité que de peur - car la colère était toujours plus puissante que la plus grande des peurs -, elle contemplait la créature en face d’elle. Ses lèvres pincées trahissaient l’effort qu’elle faisait pour se taire. Un effort qui allait bientôt se révéler vain s’il continuait à s’acharner ainsi sur la condition de son sexe et les préjugés qu’il avait sur elle. Peu d’humeur, Jane finit par le foudroyer du regard, reniant et dépassant l'angoisse dans ses entrailles, avant d’esquisser un sourire en coin, insolent.*

N’est-ce pas là le rêve de toute femme ? Se faire engrosser par un enfant du Diable ? minauda-t-elle dans un petit air théâtral typiquement féminin. Ô Monsieur le vampire, je vous ai tant attendu … Vous alimentiez mes nuits et … oserais-je avouer ce que vous m’avez fait éprouver ?

*Son ton se fit alors bien plus doux et ses prunelles reprirent une teinte plus apaisée. Jane reprenait le contrôle d’elle-même et comptait se jouer du vampire, simplement pour venger son orgueil. Or on ne badinait pas avec un vampire, c’était là une chose fort risquée et la jeune femme le savait. Seulement il n’était pas question de laisser un homme – qu’il fusse vampire, pâtissier, unijambiste ou bon parti – s’en tirer à si bon compte. Jane fit alors un pas de plus vers le vampire et croisa les bras sans quitter un seul instant son regard.*

Mais je dois avouer être déçue, finit-elle par déclarer d’une petite moue capricieuse. J’osais croire en une diplomatie supérieure de la part d’une si noble créature, un respect plus pur accompagné d’un amour féroce pour les convenances et règles de courtoisie. Or Monsieur, vos paroles ne sont que profanation et vilénie. Comment osez-vous manquer de tant de respect à la femme censée porter remède à votre mal ?

*Elle soupira et se détourna pour tourner autour du lit, sa main portée sur sa baguette. Rien ne pouvait atteindre le vampire dans cette pièce. Rien sauf une chose … la lumière du soleil. Or factice ou non celle-ci restait une solution. Quelle était la formule déjà ? « Lumus solem ».
Rassurée par cette issue de secours à expérimenter – mais qui ne certifiait rien de son efficacité – Jane se permit d’être un peu plus incisive. Après tout, un vampire qui pointait le bout de ses crocs, se devait être recadré – dans le meilleur des cas – et surtout, il s’agit à elle, de s’imposer.*

Apprenez cher Monsieur mon patient, que les femmes de notre monde sont libres de travailler, et d’effectuer toutes les tâches qui leur incombent au foyer si son époux ne possède pas d’elfes de maison. Notre fécondité, laquelle semble si importante à vos yeux, est facultative. Soyez-en rassuré, la mienne se porte à merveille et ne cherche aucunement à donner naissance à un mini … vous. En outre, Messire, acheva-t-elle en se tournant vers lui, bien que je ne doute pas de la force de votre … votre … votre … vélocité et robustesse masculines, je préfère mourir que de vous offrir et ma vertu et le titre de Paternel. Je suis flattée que vous ne puissiez y résister qu’avec difficulté, mais vos présomptions me laissent un goût détestable sur les lèvres. Maintenant si Messire vampire veut bien cesser de croire en une quelconque détresse de ma part – existante mais incomprise – peut-être pourra-t-il m’éclairer sur ma présence à « son chevet ». se moqua-t-elle en mimant à son tour des guillemets.

*« Inconsciente », « Orgueilleuse », Folle », « Névrosée », « Suicidaire » autant d’adjectifs affublés par la petite voix de sa raison. Et pour cause, Jane se faisait effrontée, impolie et même déplacée à certains égards. Mais elle n’en avait que faire pour le moment. Au contraire, elle était excédée. Excédée qu’on lui imposât les dossiers les plus complexes, qu’on osât la piéger de la sorte alors qu’elle fournissait un travail minutieux et exemplaire. Un vampire … Qu’avait-on donc à lui reprocher pour lui infliger pareille punition.. Dans un sens, ne l’avait-on pas choisi pour sa douceur exemplaire et sa diplomatie ? Oh elle venait d’en faire un étalage clinquant ! Très bonne méthode pour protéger ses petits patients ! Ses épaules s’affaissèrent alors légèrement et l’ombre de la fatigue balaya son visage, une poignée de secondes. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’on lui laissât quelques heures de paix afin de se reposer. Malheureusement, elle ignorait les capacités du vampire, son caractère ou encore son objectif. L’avait-elle énervé, vexé, excédé ? Jane allait très vite le savoir. Elle vint se poster au bout du lit et n’en resserra que plus l’étau autour de sa baguette dissimulée dans sa poche.*
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyJeu 30 Mar - 15:47

*Aux oreilles de Sanguini, la demoiselle confessait ses désirs pour la créature qu'il était, et il trouvait ça assez dégoûtant. Il ne comprenait pas grand chose au monde humain qui l'entourait, soit, mais en tant que vampire, il avait conscience que sa nature s'adjoignait difficilement avec l'humanité. Une femme humaine ayant pour fantasme de s'acoquiner avec un mort-vivant était une idée pour le moins fantasque, surtout en ayant passé ces derniers siècles à être craint de tous. Il se doutait que la jeune femme ne devait pas avoir rencontré beaucoup de vampires dans sa vie, ni beaucoup de soupirants d'ailleurs. Il se souvenait que l'amour était aussi puissant que rare, et que l'attrait de l'autre ne s'épanouissait que dans une timidité excessive, et non pas avec des paroles osées de péripatéticienne.*

Allons, allons, dit-il en se levant, essayant de conserver close sa blouse ouverte sur ses fesses en pinçant le tissu dans son dos, veuillez calmer vos ardeurs mon enfant. Vos désirs ne sont guère partagés, sans vouloir vous offenser. Votre croupe est tout à fait gracieuse, mais votre comportement ne laisse que peu de place à l'imagination qui fait s'éprendre les âmes.

*Il contournait le lit à petit pas quand la femme reprit son discours, cette fois sur un tout autre sujet. La gourgandine qui lui faisait des avances se moquait maintenant de ses manières, n'était-ce pas d'une ironie sans borne ? Piqué au vif, il commença à s'approcher d'elle, droit, fier, le regard noir – et son regard était déjà noir quand il était de bonne humeur-.*

Profanation ? Vilenie ? J’accepte de vous porter secours alors même que vous vous comportez comme une tapineuse de rue devant un gentilhom... gentilvamp... devant une personne de bon aloi. Méphistophélès lui-même pourrait témoigner du peu d'envie que vous me donnez, et voilà que vous m'insultez parce que je ne suis pas disposé à vous faire la cour ? Sachez, madame, que les vampires ne courtisent pas, ils prennent ce dont ils ont envie. C'était un simple service, et non la promesse de galanteries. Mes manières ne sont nullement à revoir, dit il en pointant un index sur le nez de la galante, en revanche songez à l’opprobre que vous jetez sur vos pauvres parents s'ils avaient goutte de votre conduite !

*Et il se tint, poings sur les hanches, blouse relâchée, dominant de toute sa hauteur l’impudente enfant qui avait bien besoin d'une bonne leçon. Il poursuivit sa réponse à ses allégations qui n'avaient ni queue, ni tête, mettant ses sautes d'humeurs et de sujets sur le compte de ses hormones. Il était connu, depuis toujours, que les troubles de l'humeur étaient l'apanage des femmes.*

Pfff, les femmes, libres de travailler pour leur plaisir, un tel monde ne saurait prospérer, ce n'est qu'une lubie de ce siècle destinée à un trépas imminent.

*Dit-il sur de lui en agitant sa main blanche comme si c'était entendu.*

Et pour votre gouverne, sachez qu'il ne s'agirait pas de mon premier bâtard. Tous les hommes en ont quelques uns, ici ou là. On peut, éventuellement, leur trouver une bonne place dans notre maison, mais le considérer tel un enfant légitime et jouer le rôle de père, que nenni ! Ceci est réservé aux enfants issu d'un bon mariage, bien comme il faut !

*Sur ce, il se dirigea vers la table de nuit et brandit le parchemin rédigé au nom du Macusa lui-même, requérant "suivi et nourriture pour le susnommé Sanguini, comte, propriétaire de vastes terres fertiles dans l'ancien monde, d'une fortune non-négligeable et, accessoirement, vampire en cavale à la recherche d'une terre d'asile dans l'espoir d'une collaboration prospère pour toutes les parties", avait il fait corriger.*
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyJeu 30 Mar - 17:12

*La main de Jane se leva avec rapidité et s’arrêta in-extremis devant la joue du vampire. Quelque chose en elle venait d’arrêter son geste : la prudence. Il n’était en effet pas prudent de frapper un vampire. Non pas dans l’optique de conserver sa vie, mais de garder sa main indemne. Jane ne pouvait se permettre de se briser les os d’une main, or de ce qu’elle savait, la peau d’un vampire était assez … compacte. Il n’en demeurait pas moins, qu’à son tour, l’infirmière connaissait une colère profonde, noirâtre. Son orgueil avait repris les rênes de son corps et ne souhaitait qu’une chose : faire payer le vampire pour ses insinuations qui commençaient sérieusement à la blesser. Pourtant, la créature était imposante et la surplombait aisément d’une tête voire deux. Mais la jeune femme était d’un entêtement sans borne, encore plus lorsqu’elle se faisait éreintée. La patience de l’infirmière venait donc d’atteindre sa triste limite. Jamais elle n’aurait imaginé qu’un vampire était si … si …. si… Elle ne trouva d’adjectif suffisamment représentatif. Bien sûr, une petite voix raisonnable et douce murmurait à son esprit que le vampire était innocent, que son seul tort n’était autre que de ne pas percevoir ni entendre l’ironie de ses propos. Seulement, Jane ne pouvait apaiser le feu en elle.*

Vous êtes fortement détestable et malpoli, Monsieur le Vampire, persifla-t-elle d’une voix doucereuse sans le moindre sourire. Votre condition ne vous impose pas d’être aussi méprisant et imbu de votre personne. Je suis une femme vertueuse, une pucelle selon votre jargon, qui le demeurera autant qu’elle le souhaitera ! Alors gardez votre sexisme dans votre gorge, étouffez votre fausse solennité usitée et taisez vos propositions offensantes. Si vous souhaitez avoir une place dans ce monde, vous allez devoir changer de ton et d’aptitude, Monsieur le Vampire. C’est la loi du XXème siècle américain !

*Et sur ses mots, elle croisa les bras, revêche. La créature lui tendit le parchemin, lequel elle arracha presque de ses mains, d’une contrariété non dissimulée. Elle le parcourut rapidement, de ce regard neutre et traits impassibles, ce qui ne présageait rien de bon venant d’elle. Le nourrir et suivre ses repas… Voilà de quoi retournait sa mission. S’il ne l’avait pas eu tant offensée, la jeune femme aurait cédé dans un sourire, et pris grand plaisir à venir en aide à une créature qui souhaitait s’adapter sans croquer toute personne déambulant. Or, Jane le considérait ni plus ni moins comme un enfant capricieux à qui il fallait apprendre les bonnes manières, au point d’oublier à qui elle avait réellement à faire. Mademoiselle était téméraire, têtue, et comptait bien lui donner une leçon, à sa façon. Elle hésita même à brûler le parchemin sous ses yeux. Ce qui finalement reviendrait à mettre en danger ses petits prétendants. Tout bonnement impensable. Dommage.*

Bien, déclara-t-elle enfin en rangeant le parchemin dans la poche de son tablier médical. Vous allez demeurer ici tandis que je vais m’en retourner à mon travail, et réfléchir au comportement que vous venez d’avoir. Lorsqu’il vous viendra à l’esprit de faire preuve de plus de politesse et de respect à mon encontre, vous viendrez me quérir à mon bureau -annexe-. Je vous nourrirai alors comme il est convenu sur ce parchemin.

*Elle s’inclina devant lui avec sourire et, sans demeurer son reste, le planta dans la chambre afin d’aller vaquer à ses occupations. Ses pensées rivées sur les enfants qu’elle avait à protéger, Jane se rendit derechef à la banque de sang pour en prendre deux poches. Seulement, tous les groupes se pavanaient sous ses yeux sans qu’elle ne sût lequel choisir. L’infirmière tira au sort deux poches de O+ et gagna sa petite annexe, dans lequel se trouvait un buffet, un bureau, un petit sofa de sa taille et le tableau de Caspar Friedrich : Le promeneur. Elle eut un regard pour ce dernier, et soupira d’épuisement. Jane posa les deux poches sur le buffet et s’affaira à créer de la glace qu’elle mit dans une bassine afin de conserver à bonne température le repas de Sa Seigneurie – si toutefois il parvenait à montrer le bout de ses crocs blancs -. Pour sa part, elle se fit une infusion de verveine pour calmer – non ses hormones, ce n’était pas la période – mais son esprit en ébullition. La jeune femme souffrait en silence, la tête pleine d’Héloïse, d’Emily, d’enfants malades et d’un vampire malappris. Une migraine finit par surgir avec virulence et acheva de mettre la jeune femme dans une mauvaise condition pour se faire tolérante avec l’étranger. Car ce vampire était tout bonnement un étranger, et un étranger qu’elle venait de mal traiter. S’il venait à en parler à Monsieur de Brocéliande, il se pourrait bien qu’elle en connût quelques conséquences. Mais Jane restait Jane, et plus que son ego, c’était Elle-même qui venait de se sentir persécutée. Encore une sensibilité féminine…
Un second soupir se fit entendre…
Prenant place derrière son petit bureau de fortune, elle posa sa tasse non loin d’elle et s’activa à mettre à jour les dossiers de sa journée, tout en rêvant secrètement à une bonne nuit de sommeil.
*


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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyVen 31 Mar - 17:28

Je vous renvoie le compliment !

*Tonna-t-il, index levé tandis qu'elle le disait « détestable et malpoli », alors qu'il s'était montré, à ses yeux, serviable et tout à fait séant.*

Et je ne vous ai rien proposé, je n'ai fait que répondre à vos suppliques.

*La jeune femme tempêtait tant qu'elle n'entendait toujours rien aux mots qu'il lui tenait. En outre, elle semblait prise de cette amnésie typiquement féminine qui faisait le jeu de l'hypocrisie des femmes. Le peu d'enthousiasme qu'éprouvait Sanguini à copuler avec elle l'avait vexé, voilà tout. La vérité était limpide et le vampire comptait bien rédiger cette version dans ses mémoires. Elle aurait pu brûler le parchemin, qu'à cela ne tienne, il avait suffisamment soudoyé le Macusa pour que ce dernier vienne rappeler en personne ses devoirs à la demoiselle en lieu et forme de copie. Sur ses pensées, elle quitta la chambre sans même l'avoir ausculté, lui qui ne s'était pas nourrit depuis plus de 10 jours et était au bord de l'agonie.

Il se retrouva seul dans sa chambre, affublé de cette ridicule jupette en tissu rêche, vexé comme un hippogriffe qu'on aurait omis de saluer. Pour qui le prenait-elle ? Un mendiant ? La colère ne lui donnait qu'une seule envie, apprendre à ce monde qui était Sanguini, celui qu'on surnommait « La terreur des Carpates » sur le vieux continent. Il n'était pas un mendiant, il avait la bonté de ne pas prendre le sang qui lui revenait de par nature. Il n'était pas plus un vulgaire toutou à qui l'on donnait des ordres contradictoires en attendant une exécution sans révolte, et ne comptait certainement pas tomber aussi bas. Bien. Il avait donné une chance à l'humanité de jouir de sa bonté, mais l'humanité ne semblait pas en mériter tant. Après tout, les prédateurs n'étaient-ils pas au sommet de la chaîne, non pour leur capacité à tuer, mais pour leur rôle de régulateur. Sanguini était fait pour réguler les populations humaines pour un avenir meilleur, et pour ce faire, il mit Jane Conrad en tête de sa liste. Laquelle, il en était certain, ne manquerait à personne.

Il arracha cette tenue ridicule du bout de ses griffes et ré-enfila ses vêtements, éprouvant quelques vertiges pour les gestes les plus amples. S'habiller lui prit donc un certain temps, mais il sortit finalement de la pièce dès qu'il y parvint. Le fait que sa chemise soit mal boutonnées et que son foulard soit noué à l'envers étaient des détails qui lui passaient alors largement au dessus de la tête. Aussi fatigué soit-il, il était prêt à récupérer son dû.

Il arpenta lentement le couloir en se tenant à la longue rambarde qui courrait dans tous l’hôpital pour aider les malades. Son air cadavérique (plus qu'à l'accoutumée) masquait, aux yeux du tout venant, son expression faciale exprimant pourtant le fait qu'il était particulièrement remonté. Il croisa alors différentes proie potentielle.


  • Une vieille dame, probablement une grand-mère venue cajoler un de ses petits enfants. Sa date de péremption était largement dépassée, il fallait au vampire quelque chose de beaucoup plus nourrissant.
  • Une adolescente, jeune, nubile et... à la peau verte écailleuse. La dragoncelle sans aucun doute, rendant sa consommation impropre.
  • Un medecineur, ni l'âge, ni le sexe, ni une odeur qui lui alléchait les papilles, mais il ferait l'affaire. Il allait mordre au cou l'homme à quelques pas de lui quand il fut pris d'un malaise lui faisant voir flou. Quand il récupéra tout à fait sa vue, il vit qu'il avait bien sauté sur quelque chose, sur une blouse, plus précisément, une blouse accrochée à une patère. L'homme, lui, n'était déjà plus là.
  • Un enfant, un petit garçon à peu près sain, châtain avec une coupe au bol ridicule de rigueur. Sanguini pensa tout d'abord que c'était la bonne flamme de Satan qui lui avait fait manquer sa première proie alors que l'enfant le regardait perplexe de ses yeux ronds. Le vampire lâcha le porte manteau et se tourna pour faire face à l'enfant muait, captivé par l'individu qui se penchait sur lui. Ses yeux noirs plongèrent dans les pupilles chocolat, il était près à se repaître de sa proie lorsqu'il entrevit, au fond des rétines innocentes, le souvenir du dernier enfant qu'il avait pris. Son visage de referma et sa mâchoire se crispa, il déglutit douloureusement et murmura.*


Va t'en !

*Et comme l'enfant ne bougeait toujours pas, comme fasciné par cet être glaçant, il ouvrit grand la bouche, lui montrant ses crocs luisant et feula tel un lion en colère. L'enfant cria et déguerpit en courant.*
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyVen 31 Mar - 18:29

*Elle se perdit dans ses rêveries tout en imaginant les différentes stratégies pour venir en aide à ses petits patients. Sa plume grattait sur les dossiers les différentes prescriptions de la journée, les nouveaux symptômes et ceux qui avaient gentiment reculé. De temps en temps, elle déviait alors sur d’autres feuilles pour annoter toutes les idées traversant le capharnaüm de son esprit. Mais chaque chemin emprunté semblait mener à une impasse, ce qui ne rendait que plus virulentes les tentatives de réflexion de l’infirmière. Soudainement, elle entendit un cri strident, un cri qui sembla l’éveiller de sa torpeur et qui, bien sûr, la fit sursauter avec violence. La plume dérailla de sa course et Jane se mordit la lèvre d’une ire exaspérée. L’enfant qui venait d’hurler - car c’était le cri reconnaissable d’un marmot errant dans les couloirs sans permission – devait probablement avoir rencontré une vilaine créature sur son chemin. Jane jeta un regard noirâtre au parchemin sous ses yeux – et notamment au nom inscrit dessus- et sortit de son bureau de justesse pour rattraper l’enfant dans ses bras.*

Allons allons, Johnny, calme-toi !
- Miss J… Jane… Il … Il allait … Il allait me manger tout cru ! s’épouvanta-t-il en bégayant quelque peu.
- Mais non. Monsieur Sanguini est seulement en retard d’un mois pour Halloween, répliqua l’infirmière dans un sourire rassurant.
- Je vous promets, Miss, j’ai vu ses crocs, ils étaient tout blancs, s’approcher tout près de …

*Et l’enfant paniqué montra sa carotide en glissant son doigt dessus. Il regarda alors derrière lui afin d’être sûr de ne pas avoir été suivi et se cramponna avec ferveur au cou de son infirmière, laquelle s’était gentiment accroupie à sa hauteur. Jane le serra contre elle et murmura à son oreille.*

- Miss Jane a puni Monsieur Sanguini. Alors Monsieur Sanguini essaie de se révolter, de se montrer plus fort que Miss Jane. Il a faim et comme tout le monde, il est un peu grognon. Mais il n’est pas méchant Johnny. Monsieur Sanguini ne sait pas se comporter avec les petits enfants comme toi. Miss Jane va s’en occuper, tu es d’accord ?

*Elle le sentit acquiescer dans son cou et le recula lentement pour le contempler. La jeune femme lui fit alors son plus beau sourire et embrassa son front avec douceur. Le petit Johnny venait de survivre à de longs mois de maladie et de convalescence pour un enfant de huit ans. C’était un enfant facilement influençable et turbulent, mais comme tous ses petits prétendants, l’infirmière avait su l’amadouer, il y avait de ça quelques mois.*

Si Monsieur Sanguini t’embête de nouveau, dis-lui que tu as la tuberculose, lui conseilla-t-elle dans un petit clin d’œil. File rejoindre tes camarades dans leur chambre maintenant, je passerai vous dire « Bonne nuit » tout à l’heure.

*L’enfant opina de la tête et partit en courant, à nouveau, rejoindre sa chambre. Quant à Jane, elle se redressa lentement. Ce vampire commençait réellement à l’agacer. Sentant qu’elle allait devoir changer de tactique pour pouvoir épargner ses différents patients, elle soupira et se résigna à plus de douceur et de considération. Loin d’abandonner la guerre, elle se devait de rendre les armes pour cette première bataille. La jeune femme sortit sa baguette et en appela les deux poches de sang dans sa main. Ce vampire ne perdait vraiment rien pour attendre.

Ainsi partit-elle en quête du grand mangeur d’enfants, d’un pas rapide. S’il s’en prenait à qui que ce soit d’autre, elle se le pardonnerait difficilement, et perdrait à coup sûr son travail soit dit passant. Jane fit de nombreux étages, évitant soigneusement ceux qui l’interpelaient à chaque couloir, jusqu’à trouver une ombre titubante au loin. Elle eut un léger rictus et rentra dans la première chambre inoccupée qu’elle trouva sur son passage. Malicieusement, elle laissa la porte ouverte et s’activa à préparer un verre de sang. Elle ouvrit l’une des poches et en versa légèrement son contenu dans le récipient qu’elle posa ensuite sur la table de chevet. De sa main, elle éventa l’odeur afin d’attirer son diabolique patient jusqu’à elle puis s’arrêta pour aller prendre place sur la chaise située dans un coin de la pièce. Jambes croisées, elle attendit non sans un léger et discret bâillement, que l’affamé vienne prendre son dîner. Finalement l’entêtement d’une femme n’était rien face à celui d’un vampire ! *
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyDim 2 Avr - 23:30

*Après sa mésaventure avec le petit Johnny (un prénom tout à fait ridicule !), il se traîna toujours claudiquant à l'étage supérieur pour éviter les enfants, et surtout partir en quête d'une armoire vide pour s'enfermer dedans. Les boites closes en bois avaient toujours le don de le calmer et de l'aider à réfléchir sans qu'il ne sache pourquoi. C'était un truc de vampire tout simplement, comme les cartons était celui des chats. Il crut enfin trouver un placard qui ferait l'affaire mais fut attiré par une odeur alléchante alors que sa main s'appuyait sur la poignée. Il tourna vivement la tête, révélant un peu plus son foulard noué en gros noeud-noeud sur sa carotide, peut être l'expression incontrôlée de son désir refoulé. Ses narines se dilatèrent au rythme de ses reniflements : il y avait du sang pas frais dans les parages. Il fit alors demi tour en inspirant chaque recoin du couloir tel le limier d'un auror de terrain et sous le regard ahurit des quelques employés de l’hôpital qu'il croisait. Lesquels, personne n'en doutait, appelèrent l'aile psychiatrique pour s'assurer qu'ils n'avaient pas perdu de patients.

Il finit par pousser la porte entre-ouverte d'une chambre, se tenant au chambranle de la porte. Sa vision de prédateur se focalisa alors sur l'unique objet d’intérêt, et zooma à la vitesse de l'éclair sur le verre de sang à la manière d'une longue vue que l'on déploie. Un millième de seconde s'écoula avant qu'il n'utilise toutes ses forces restantes (bon il exagérait sans doute un peu, ou plutôt il n'avait tellement plus l'habitude de souffrir que la moindre privation le transformait en chochotte) pour se jeter sur le verre qu'il souleva et porta à sa bouche. Il en but le contenu goulûment avec une frénésie le rendant tremblant. Il avait le menton dégoulinant de sang lorsqu'il lâcha le verre et releva les yeux sur une Miss Conrad à l'air revêche, le regardant les bras croisés comme l'avait fait en son temps feu sa mère. Il déglutit et, se sentant un peu mieux, se releva pour retrouver un semblant de dignité, le menton levé avec fierté.*

Mmh... il était froid, je ne l'ai bu que pour vous faire plaisir... il faudra régler ce problème, vous ne manger pas votre potage glacé j'imagine ?


*Sur ce, il tira une chaise sur laquelle il prit place jambes croisées et épousseta une poussière invisible sur son pantalon alors même que le col de sa chemise était rouge de sang et son visage toujours ruisselant.*

Je présume que nous sommes partis du mauvais pied, vous et moi. Je suis prêt à... vous donner... une seconde chance.


*Dit-il en levant un sourcil soucieux, sachant pertinemment qu'il avait l'art et la manière de présenter les choses sous la nuit lui semblant la plus arrangeante. Il regarda ses longues mains blafardes où aucune veines n'étaient plus visibles depuis longtemps et passa sa langue sur ses lèvres avec un plaisir qu'il lui était impossible de dissimuler. Il aurait pu soupirer pour parachever le tableau, mais à ce moment là, l'idée ne lui vint pas d'user de ses organes qui lui étaient inutiles.*

Je... je ne veux plus mordre de petits garçons Miss. Ni plus aucun enfant d'Eve et d'Adam... peut être un mécréant de temps en temps, qui l'aurait méri... non, non ! Je sais que je peux changer, je dois changer, pour le salue non pas de mon âme, cette chose là à été damnée le soir de ma mutation, mais pour celui plus important encore de mon esprit.

*Il releva ses yeux noirs comme la nuit vers la jeune femme auprès de qui il venait de faire sa toute première confession.*

Je dois racheter mes fautes et devenir meilleur pour celui qui, jadis, a donné sa vie pour sauver la mienne, pour celle que j'ai tant aimé, pour ceux dont j'ai pris la vie sans même prendre la peine de connaître leur nom, pour que ces sacrifices ne soient plus vain et que, le jour venu, je puisse m'éteindre avec l'espoir que les miens puissent m'accueillir auprès d'eux, de l'autre côté. Et je crois que vous possédez en vous la miséricorde qui peut m'y aider.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyJeu 6 Avr - 17:58

*Silencieuse, elle l’observa s’abreuver avec une faiblesse apparente. Elle n’avait jamais vu pareille scène. Ses poils étaient dressés au garde-à-vous, mais elle ne sourcilla pas une seule fois. Non elle contemplait le prédateur de ses prunelles brunes d’innocente. Elle prenait petit à petit conscience de son imprudence, de ce que son ego entêté aurait pu lui coûter, leur coûter. Les visions d’horreur défilèrent dans son esprit et la mirent à l’épreuve. Mais Jane ne broncha pas, du moins ce fut l’apparence qu’elle se donna. A l’intérieur, en revanche, tout en elle était en alerte maximale. Elle avait été sotte et dangereuse pour tout l’hôpital, et s’en voulait. Son insolence finirait par la perdre… Néanmoins ce fut ce qu’elle ressenti Avant que Môsieur le vampire ne fût encore mécontent. Sa requête la laissa circonspecte, pour ne pas dire ébahi. Etait-ce sa prétention qui la surprenait ou sa requête elle-même ? Peut-être bien les deux. Jane leva les yeux au ciel et manqua de lui répondre que tout gaspacho se mangeait froid, mais finalement préféra ne rien en dire. Le petit ordre n’arrangea rien. L’infirmière se mordit la lèvre pour contenir sa soupape de sécurité et s’apprêta à obtempérer lorsque soudainement, il prit place sur la chaise. Le sang dégoulinant de ses lèvres lui glaçait le sien. Jane ferma les yeux brièvement avant d’être confrontée à la défense sincère du vampire. Elle balaya d’un revers de main la suffisance de ses propos et s’attarda sur le plus important. Après tout, les bonnes manières pouvaient encore attendre quelques minutes.

L’aveu qu’il lui fit éveilla les instincts protecteurs et bons de la jeune infirmière. Il provoqua même une émotion particulière chez elle. Jane était touchée, émue par ce vœu auquel elle comptait participer avec cette bonté qui lui était si propre. Elle eut néanmoins un petit soupir contrit. « Jeu, set et match » pensa-t-elle silencieusement. Le vampire venait de gagner haut la main en profitant de sa faiblesse féminine. Jane finit par lui offrir un sourire rassurant et se leva tout en prenant sa baguette en main.*

Ne bougez pas, je ne vais pas vous faire de mal, prévint-elle en pointant sa baguette sur les tâches de sang de son col. Recurvite !

*Et les tâches s’évanouirent – comme avec Vanish – laissant une Jane satisfaite. Elle se tourna ensuite vers les poches de sang et versa l’entamée dans le verre, une nouvelle fois. Pour ne pas fâcher le Môsieur aux dents pointues, elle fit chauffer le verre de sa baguette à une distance suffisamment conséquente pour éviter qu’il n’explosât. Suite à ce petit geste, elle lui donna le verre plein et non fumant. Il ne faudrait pas non plus brûler le fin palais du prédateur. Là, elle reprit place face à lui pour répondre enfin à sa demande d’une voix aimable.*

Votre confession m’a tout l’air sincère, Mr Sanguini, dans le cas contraire, vous auriez mordu l’enfant que vous avez rencontré plus tôt dans les couloirs. Je suis prête à vous aider, puisque c’est là votre demande. Je m’occuperai de vos rations de sang et nous allons convenir des jours ensemble. Je vous ausculterai dès lors que vous en ressentirez le besoin, et vous apprendrai à vous sentir moins en difficulté dans cet hôpital où la tentation est forte. Enfin, dès lors qu’il vous faudra vous conseiller, je le ferai. C’est là tout ce que je peux faire pour vous, mais à deux conditions, objecta-t-elle en fronçant les sourcils soudainement.
1. Vous devez me promettre de ne jamais céder à vos pulsions ici sous ma responsabilité. Des erreurs arrivent quotidiennement et peut-être arriveront-elles pour je ne sais quelle raison, mais pas ici.
2. Que vous acceptiez que les femmes puissent avoir un travail respectable sans être rien d’autre qu’une femme qui gagne sa vie, seule. Vous ferez l’effort d’avoir un minimum de respect pour nous, sans y voir des femmes rejetées par la gente masculine.

*Têtue ? Mais non, point du tout ! Un tantinet, juste un tantinet. Il fallait bien que le vampire apprenne les nouvelles moeurs ! *

Est-ce là un marché qui vous semble acceptable et équitable, Monsieur le vampire ? demanda-t-elle sur le ton d’une femme d’affaire.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyVen 7 Avr - 22:26

*Jane aurait pu afficher une mine des plus écœurée que le vampire n'en aurait de toute façon pas eut cure, peut être ne l'aurait-il même pas remarqué. Les expressions faciales étaient l'apanage des humains, les animaux n'usaient pas de telles futilités, eux. Il avait appris à reconnaître les plus évidentes comme le sourire, mais quand un sourire était hypocrite, lui ne percevait aucune différence. Pour le blesser, il aurait fallu que Jane exprime par des mots clairs sa répugnance, ce qu'elle ne ferait sans doute jamais à moins qu'il ne la pousse dans ses derniers retranchements.

S'il ne comprenait pas son dégoût, il ne saisissait pas plus l'attendrissement, et donc il eut un mouvement de recul quand elle leva vers lui sa baguette. Il ne risquait pas grand chose pour sa vie, mais un diffindo faisait vachement mal, un lumos solem lui filait des cloques et un incendio exigeait de trouver un bassin d'eau dans les 3 min, du moins c'est ce qu'il avait lu dans « Le guide à l'attention des Vampires», édité par le Club des Vampires Centenaires et Plus lorsqu'il avait été fraichement transformé.*

Je n'ai pas migré jusqu'ici sans raison. J'ai quitté mon domaine dans le seul dessein de me sevrer loin de mes anciens méfaits, sur une terre blanche de mes crimes. J'en ai commis beaucoup, mais j'ai récemment pris connaissance d'une impopularité notable à mon encontre qui m'a pressé au changement. Ainsi, j'ai pour ambition de renverser la vapeur ici, mais il me faut d'abord réussir à canaliser cette... envie...

*Ses yeux glissèrent sur la carotide de la jeune femme, puis il détourna rapidement le regard avec pudicité, ancrant ses pupilles sur la fenêtre noire de la nuit. Il attrapa le verre, boire l'aiderait sans doute à se tempérer, hélas, il était trop chaud. Il le reposa donc aussitôt et hocha lentement 3 fois de la tête pour acquiescer aux demandes de la soignante.*

Des femmes qui travaillent, voilà une idée qui me semble bien idiote, mais je suppose que je dois me faire aux jugements de vos contemporains. Très bien, j'essayerai de tenir ma langue en votre présence sur ce sujet.

*Il resterait néanmoins certain qu'elle demeurerait malheureuse tant qu'elle ne vivrait pas l'enfantement. Les femmes étaient faites ainsi, cette vérité avait prévalue pendant des siècles et il n'y avait aucune raison pour que la lubie de l'époque prédomine sur des centaines d'années d'un ordre naturel bien réglé.*

Je vous assure que les enfants ne sont plus guère prisés par mes canines, et j'ai l'intention de raser les murs autant que possible, je pourrais même rentrer par la fenêtre de votre office ? Ainsi, mes visites deviendraient un refuge pour lorsque les humains avec qui je cohabite deviennent trop tentant. En revanche...

*Il désigna le verre du menton*

Par « chaud », j'entendais à température du corps. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai décidé d'ajouter la complaisance à mes bonnes résolutions. Entre 37 et 39°, cela sera parfait.

*Il sembla réfléchir et finalement, étira ses zygomatiques dans un simili sourire raté et même assez flippant destiné à prouver sa bonne foi. Un sourire, qu'en plus, il ne relâchait pas.*

Si vous avez d'autres interrogations sur les vampires, je suis tout à fait disposé à vous les enseig... à vous les apprendre.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMer 12 Avr - 15:32


Fin décembre 1927 : le patient roumain.
*Une idée sur laquelle elle allait devoir le travailler au corps – douce expression – si elle souhaitait le voir changer d’avis. Tâche fortement ardue de ce qu’elle en jugeait, mais nécessaire. Jane connaissait ce genre de préjugés, parfois les infirmières les subissaient. Certains patients refusaient tout bonnement d’être soignés par des femmes au nom de la défiance. Certains illuminés allaient jusqu’à les comparer à des créatures de Satan, aussi tentatrices que diaboliques, comme si chaque toucher provoquait chez elles une quelconque jouissance. Ceux-là, Jane aimait particulièrement les éviter. Non pas qu’elle s’en sentait blessée, elle s’imaginait simplement leur couper la langue, et plus encore. En l’occurrence, il lui était impossible de couper quoi que ce fût au vampire, elle allait donc devoir jouer, non pas de ses charmes, mais de ses talents.*

Oh je ne vous demande pas de tenir votre langue, mais de le tolérer. Pour le reste, si cela vous semble des plus étranges et incohérents, j’essaierai de faire lumière sur la question, annonça-t-elle dans un sourire poli. Après tout, je suppose que nos mœurs ne vous sont, pour la plupart, que peu familières. Si elles vous interrogent, il est normal que vous puissiez l’exprimer, nous en discuterons alors si c’est là votre désir. J’ajouterai qu’une femme qui travaille permet entre autre d’avoir un pécule supplémentaire non négligeable, et croyez bien que les hommes d’ici savent en tirer leur parti, d’autant plus qu’ils s’en sentent moins … surveillés dirons-nous. Finalement, que leurs épouses travaillent ne les dérangent que peu voire pas du tout, dès l’instant qu’elles ne pensent pas. L’avis d’une femme est généralement peu partagé, du moins dans certaines familles. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que c’est une femme qui dirige le MACUSA, acheva-t-elle enfin en ravalant une grimace peu flatteuse à l’encontre de Mrs Picquery. N’est-ce pas là une preuve que les femmes ont encore à vous surprendre ?

*La demande quant à son office lui fit soulever un léger sourcil. Ces visites impromptues n’étaient pas réellement ce qu’elle avait eu en tête en l’acceptant de l’aider. Mais si c’était là la condition pour éviter tout mort – quoi qu’elle aurait peut-être agi différemment si elle connaissait les humains en question – elle était prête à céder sans condition.*

Soit, si c’est là une assurance pour vous, je veux bien vous mettre mon annexe à disposition. Puis-je me permettre de vous demander ce que vous ressentez en leur présence ? demanda-t-elle d’une timidité respectueuse. Je suppose que ce n’est pas forcément des plus faciles pour vous. D’ailleurs, que leur avez-vous dit sur votre condition ?

*Elle le vit alors reposer le verre sans l’avoir bu. Par Merlin, que ce vampire pouvait être exigent ! Jane refoula une pique venimeuse et acquiesça, non sans humour, à la demande précise de Monseigneur le Vampire.*

Bien Monsieur, je prends note de vos exigences et veillerai à ce que votre breuvage soit à la température désirée. Vous préférez la porcelaine, le verre, un verre, un bol ? Dans quel récipient voudriez-vous boire votre sang, Altesse ?

*Le sourire advint et … glaça le sang de la jeune femme. Non c’était affreux ! Mais il aurait été fort inconvenant de le lui faire remarquer. Jane déglutit légèrement et lui rendit un semblant de sourire avant que celui-ci ne s’agrandisse devant l’offre qu’il lui fît.*

Oh. Il est vrai que je ne connais que peu de choses sur les vampires, vous êtes le premier, après tout, à croiser ma route. Je serais curieuse de connaître votre philosophie de la mort et de la vie. Car si je ne me trompe, vous avez connu les deux états.

*Et tout à coup son ton changea. Jane se fit curieuse, attentive et surtout aussi douce qu’un agneau. Elle contemplait le vampire non pas comme une bête de foire, mais comme un sujet intéressant, à l’image d’un livre que l’on découvrait pour la première fois et qui nous réjouissait d’avance. Ce fut à cet instant précis, qu’une demande –non inspectée par sa raison- jaillit de ses lèvres.*

Vous accepteriez que … je vous étudie ? Sauf si vous jugez cela indécent, ce que je comprendrais. Mais les études se font rares et découlent plus de la superstition et du mythe que de la réalité. En outre, Monsieur, vous venez d’enflammer ma curiosité, avoua-t-elle dans un sourire satisfait.  
Codage par Libella sur Graphiorum
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyVen 14 Avr - 19:54

En Transylvanie, les épouses d'aristocrates n'ont pas d'emplois, encore aujourd'hui de ce que j'ai pu juger des fonctionnements des maisonnées que j'ai visité. Le prolétariat, en revanche, travaille autant que faire ce peu et quelque soit son sexe, pour des raisons pécuniaires comme vous venez si justement de le soulever. Et bien, à cette époque tout marche sans dessus dessous. Je me serais senti très honteux si mon incapacité à subvenir aux besoins de mon épouse l'avait obligé à travailler, et bien dépité si elle n'avait été capable de soutenir une conversation.

*Il resserra sa cape autour de lui et leva haut le menton d'un air de fierté devant les mœurs de son pays. Il avait, fort heureusement, cessé de sourire.*

J'ai croisé moult femmes dans votre Macusa, en effet. Je m'ébaudis toutefois que les femelles aient trouvé utilité, je suppute que les abandons de fillettes doivent en être considérablement réduit. C'était une calamité à notre époque, or un enfant abandonné qui court nu excite les meutes de loups, ce qui n'est de bon augure pour personne.

*Sanguini se sentait un peu plus proche de la modernité maintenant qu'il avait trouvé une qualité à l'égalité hommes-femmes. Il avait vraiment la sensation d'avancer et de se remettre à la page, même si son expression faciale, naturellement fermée et maussade, n'en laissait rien présager.*

J'ai pris pension chez une accueillante famille de mol... de nowmaj, en tant que comte roumain venant passer sa paisible retraite en terre étrangère. Le chef de famille est tout à fait courtois, son épouse est enseignante. Un emploi traditionnellement réservée aux femmes, tout le monde concédera qu'elles savent naturellement mieux s'y prendre avec les enfants. Et leur fille, pour le peu que je l'ai croisé, est tout à fait charmante.

*Il détourna la tête et garda le silence, comme si une telle attitude suffisait à balayer le problème « Chastity ». Avant que l'infirmière ne le reprenne sur ce point, il ajouta*

Elle n'est pas mariée, elle non plus, alors qu'elle en a largement l'âge. Je lui parlerai de vous, cela devrait la rassurer sur le temps qui lui reste avant que ses entrailles ne flétrissent et deviennent totalement infécondes. Je me réjouis que nous trouvions un terrain d'entente en échangeons sur nos domaines d'expertises respectifs, vous les femelles de cette époque, et moi les non-vivants.

*Il tendit sa main glacée et tapota celle de Jane. Il avait vu Mrs Norton faire de même avec Mr Norton quand il avait cédé sur l'importance de faire une grande réserve de bois de chauffage et d'huiles inflammables. Il s'agissait d'une lubie déroutante mais que Sanguini avait interprété comme une simple peur phobique de l'hiver et/ou un esprit économique aiguisé, tout le monde savait que le bois coûtait plus cher en novembre qu'en mai.*

J'ai connu les deux états en effet, et ils cohabitent en moi en ce moment même. Hélas, ma vie de pleinement vivant est loin derrière moi. Elle m’apparaît comme un très vieux songe, de ceux là qui sont récurrents dans l'enfance et qui, à l'âge adulte, vous surprennent quelques fois, en réveillent le souvenir et soulèvent avec eux des centaines d'émotions propre à cette époque révolue. Lors, je ne me sens pas le plus apte à philosopher sur la vie. Comme je la vois aujourd'hui, elle me semble faible, fragile, ce qui fait sa richesse probablement. Quant à la mort, elle est aussi enviable que détestable. « Le repos éternel », n'est ce pas une belle métaphore ? Pourtant les humains, et plus encore les hommes, ne supportent pas ce qui est irrévocable. Moi-même, j'envie parfois cet état d'infinie léthargie, mais l'après chaque fois m'empêche de sauter le pas. Qui trouverais-je derrière ? Les miens ? L'enfer ? Ou pire, le néant ? Je doute que m'étudier vous apportera réponses à ces questions, mais si cela peut vous instruire par ailleurs, alors j'y consens... Nonobstant, je dois vous prévenir que je supporte très mal les dissections à vif, mes nerfs restent prodigieusement alertes.

*Il fut touché qu'elle lui demande quel récipient il souhaitait pour ses breuvages, il était vrai que les gobelets en verre grossier de l’hôpital lui apparaissaient comme une gueuserie indigne de son rang. C'était une attention à laquelle il ne s'était pas attendu et qui le flattait d'autant plus, il décida alors de remercier la jeune femme à sa manière.*

Je suis aise que vous me le demandiez. Lorsque je ne m'abreuve pas à la source, si je puis m'exprimer ainsi, je me plais à boire dans des verres à pieds en cristal. Je vous en ferai porter deux, un pour vous, et un pour moi, ainsi nous trinquerons ensemble ! Mais vous pourrez ingérer le liquide qu'il vous siéra ! Dit-il précipitamment pour la rassurer.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptySam 15 Avr - 21:16


Fin décembre 1927 : Le patient roumain
*Ses propos plurent à la jeune femme et le firent remonter dans son estime. Ainsi donc le vampire, quoi que bourru, appréciait la conversation. Voilà qui annonçait longs et futurs entretiens, idée qui ne lui déplut pas, bien au contraire. Car autre que sa richesse pécuniaire, le vampire devait posséder une culture considérable sur de nombreux domaines. En outre, sa philosophie l’intéressait éperdument puisqu’après tout, il était le plus à même de lui expliquer comment on en était tous arrivés là : une guerre silencieuse et incessante, dans une perpétuelle hypocrisie et violence. Une seconde chose attisait sa curiosité. Le vampire possédait de réelles convictions concernant ce que devait être le rôle d’une femme et pourtant, contrairement à certains hommes d’aujourd’hui, il paraissait avoir quelque estime pour leur pertinence. Ainsi lui posa-t-elle avec une certaine malice la question qui lui taraudait l’esprit.*

Que conseillerez-vous à une femme qui abhorre la compagnie féminine et toutes les mondanités et les rumeurs qu’elles aiment s’offrir à tout va ? Si elle ne peut travailler car ce n’est pas là sa place, que devrait-elle faire selon vous ?

*Jane grimaça à la suite de ses paroles. Elle avait en effet connaissance de cette couture antique, qui perdurait à travers les âges. Heureusement, les Etats-Unis d’Amérique n’en subissaient pas les vices, du moins n’était-ce plus monnaie courante, et c’était mieux ainsi, pour tout le monde. Cela n’empêchait pourtant pas les Orphelins de pulluler à droite et à gauche, pour des raisons peut-être plus complexes que la prédominance du sexe. De surcroît, les bébés n’étaient plus abandonnés dans les ruelles, simplement sur le seuil de l’hôpital. Cette pensée mina la jeune femme qui se massa la nuque pour se détendre les muscles. Les mœurs avaient certes changé, évolué, certaines choses demeuraient les mêmes.*

A ce jour, soit ils sont déposés ici, soit ils sont d’ores et déjà admis et à ce moment-là, les parents s’en détachent, car s’occuper d’enfants malades semblent être une bien lourde tâche ! Nous ne pouvons garder ses enfants, et pourtant, ils n’ont nulle part où aller. L’hospice en compte déjà de nombreux.
*Elle lui sourit doucement, une lueur de tristesse dans le regard. Finalement, elle reprit son écoute attentive et arqua un léger sourcil devant le terme No-Maj’. N’était-ce pas là fort risqué ? Jane ne put cependant se retenir de rire à l’excuse donnée. Une paisible retraite … une très longue retraite dans son cas, pour ne pas dire éternelle ! Puis elle reprit son sérieux jusqu’au mot « charmante » qui sonna étrangement à son oreille. S’apprêtant à l’interroger sur le sujet, elle se tut cependant à la suite de ses paroles. Si elle avait cru s’en sortir à si bons comptes, elle se trompait. Jane soupira et répliqua avec patience.*

Monsieur le Comte retraité, vous allez devoir m’expliquer votre obsession sur nos entrailles. Vous serez ravi d’apprendre, j’en suis certaine, qu’elles sont encore loin d’être flétries. La fécondité n’est plus dans nos priorités, je vous l’ai dit. Certaines femmes la craignent, d’autres préfèrent évoluer en société, ou refusent tout simplement de vendre leur beauté pour un enfant. Les femmes ont d’autres desseins aujourd’hui. Pour ma part, j’ai fort à faire entre ses murs et je ne me sens pas prête à élever qui que ce soit. Est-ce que cela fait de moi une hérésie à vos yeux ? lui demanda-t-elle alors avec douceur tandis qu’il lui tapotait la main, fait des plus étranges d’ailleurs.

*La vie après la mort demeurait toujours un grand mystère. On nourrissait souvent cette idée d’au-delà pour ceux qui s’apprêtaient à franchir le voile. Mais personne ne savait réellement, car aucun n’était revenu pour le leur raconter. Pour sa part, Jane aimait croire en une réincarnation animale. C’était une idée saugrenue, mais une croyance superstitieuse à laquelle elle tenait. L’enfer et tous les lieux attribués à l’au-delà la laissaient sceptique. Comment pouvait-il y avoir un monde sous-terre ou dans les nuages ? En réalité, elle n’avait jamais su quoi en penser, même lorsqu’elle éprouvait encore quelque affection pour Dieu. Elle partait donc du principe que leur vie à tous était unique et qu’il fallait, par conséquent, en faire bon usage. Tous ne tombaient évidemment pas d’accord sur la définition de ce que devait être un « bon usage » mais c’était là une toute autre problématique.
Quant à la vie en elle-même, Jane était bien placée pour la savoir fragile. Elle ne pouvait que rejoindre le vampire sur la question. Elle ne tenait qu’à un fil sur lequel s’amusaient les deux lames tranchantes de la destinée. Rien qu’un coup de ciseaux et l’âme s’envolait loin du corps qui l’avait recueillie. En tant qu’infirmière, la jeune femme luttait quotidiennement pour que cette vie durât le plus longtemps possible. L’espérance de vie s’allongeait lentement mais sûrement, sans pour autant faire une réelle différence. Souvent elle reposait entre ses mains et c’était un fardeau qu’elle ne souhaitait à personne.*

La vie et la mort sont des sujets fort nébuleux, finit-elle enfin par répondre doucement. Nous redorerons votre âme et votre conscience, avec le temps. Nous y travaillerons ensemble. Vous avez mille moyens de mieux faire, et désormais vous m’avez de votre côté. Tout ira bien, vous retrouverez les vôtres avec fierté et honneur, c’est là la parole que je vous donne. Quant à mes études sur votre personne, nous irons en douceur et je ne ferai absolument rien sans votre permission, assura-t-elle d’un sourire sincère. Dites-moi, avez-vous tenu un journal, vos mémoires peut-être ? Cela pourrait nous aider.

*Et satisfaire sa curiosité également. Mais c’était là un détail inutile, dénué de toute importance. En revanche, un détail qu’elle avait cru sans importance venait de titiller l’oreille de son nouveau patient. Alors même qu’elle avait ironisé sur le contenant susceptible de lui plaire, lui l’avait entendu d’une toute autre façon. Du cristal … En avait-elle jamais vu ? Rien n’était moins sûr. Trinquer avec du cristal, toute une affaire de nobles. Elle ne put qu’en sourire avec amusement tandis qu’elle l’observait avec attention. Il semblait si sérieux, si enjoué de sa proposition qu’elle se mit alors à le soupçonner de pas comprendre le second degré, ironie comme humour. Une théorie sur laquelle elle allait devoir travailler afin de mieux comprendre et s’adapter au vampire.*

Ce serait un honneur que de trinquer avec vous, Monsieur le Comte, acquiesça Jane avec un respect non feint cette fois-ci. Il vous reste de quoi vous nourrir encore largement, souhaitez-vous que je vous présente mon office afin que vous puissiez d’une part vous y sustenter avec plus de confort et d’autre part vous familiariser avec celui-ci ?
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyLun 17 Avr - 23:21

Tout d'abord, chère enfant, je vous dirais qu'une femme qui s'adonne à la clabauderie et aux frivolités n'est pas une femme digne. Une femme honnête se doit d'être naturellement réservée et modeste, la pondération doit dominer l'indécence, un trait auquel toutes les femmes sont inclines mais qu'elles doivent surmonter. La débauche n'ouvre ni les portes du paradis, ni celles d'un bon mari.

*Il avait repris le verre entre ses mains depuis quelques instants déjà. Le liquide, au contact des paluches glacées comme la chambre froide d'un abattoir, avait permis au sang de refroidir suffisamment pour qu'il puisse à nouveau se délecter de quelques gorgées tièdes avec plus de contenance que précédemment. Encore qu'avoir du sang ruisselant de son menton ne lui paraissait pas du tout gênant.*

Ensuite, et pour vous répondre, je lui conseillerais de se trouver un époux qui saurait la combler par sa discussion et son intelligence, qu'elle pourrait seconder par ses conseils et sa douce tempérance. L'homme et la femme sont complémentaires et en s'associant, peuvent donner le plus exquis mélange. Moi-même, je suis tombé amoureux pour la première fois le jour où j'ai croisé la pucelle la plus délicieuse qui soit. Elle ne m'a pas touché par le spectacle de ses hanches prolifiques, ni par les traits poupins de son visage, mais bien par sa douceur alliée à une certaine facétie et à une vivacité d'esprit qui m'a fait écarter toutes les autres. Bien sur, tout cela était au temps naguère, dit il avec résolution. Je peux comprendre vos craintes Miss Conrad, même si je les trouve déplacée venant d'une femme mais balayons cette particularité. J'ai passé des années à ne me préoccuper que de moi-même et ma foi, je me croyais heureux ainsi à courir de gueuse en gueuse que je flattais de ma semence. Et un jour, j'ai rencontré Anna, et je n'avais plus ni peur, ni doute. Je n'avais plus qu'elle en tête, et j'ai su qu'à ses côtés, je serais le plus comblé des hommes. C'est pourquoi je crois que le mariage est un sacrement auquel tous les mortels doivent tendre, comme un moyen d'atteindre la grâce.

*Il renifla dédaigneusement soudain, comme si la laideur de ce monde venait tout juste d'atteindre ses rétines... ou plus sûrement, son cerveau engourdit face à toutes ces choses qui faisaient la vie.*

Mais voyons Miss Conrad, vous, une érudite de la médecine, n'êtes vous pas d'accord pour reconnaître que la fécondité est la chose la plus puissante qui soit ? Sans elle, nous ne serions pas de ce monde. Sans elle, il n'y aurait pas même de monde. L'utérus des femmes est le réceptacle de la vie, et puisque nous sommes devenus Hommes pensants et civilisés, elle rend notre lignée et notre patronyme immortel là où nous ne le pouvons pas, du moins pour vous autres dont la vie est si courte. Que peut-il y avoir de plus urgent que propager affection, dévotion et vie auprès d'un époux et des enfants que vous lui offrez ? Tout le reste n'est que futilité en réalité.

*Il reposa son verre vide sur un petit meuble sur sa droite et s’avança sur sa chaise, ses mains posées sur ses genoux, se penchant sur Jane pour se faire plus sérieux que jamais sans vraiment y songer, juste parce qu'il se laissait emporter par ses pensées.*

J'ai presque tout oublié de ma vie passée. Entendez-moi bien, je conserve tous mes souvenirs intacts et même extraordinairement vifs, depuis mon changement de nature je puis même me remémorer avec une aisance subjuguante les images les plus anciennes de mon temps. Je les sais, je les revois, et pourtant je sens que toutes leurs subtilités m'échappent. Une chose m'est néanmoins restée, une chose qui m'a frappé avec tant de force que même devenu monstre, je ne puis échapper à son dogme : vivre ne prend son sens qu'avec l'amour. Avant, on ne fait que passer a la surface des choses.

*Il recula dans sa chaise, prêt à répondre aux demandes et aux bavardages plus superficiels de Jane, son corps se faisant moins raide pour montrer que la tension ressentie précédemment n'avait plus lieu d'être pour les réflexions légères à venir.*

Que voilà de parents prévenants, même si j'entrevois la motivation. Vos rues sont déjà bien encombrées et bruyantes, et les chiens errants sont trop timides pour former des meutes afin de nettoyer les rues des rejetons indésirés. J'approuve cette idée novatrice consistant à regrouper tous les orphelins en un même lieu. J'y apporterai mon tribut, croyez vous qu'une bourse de vos dragots et quelques têtes de bétails feront l'affaire ? Je n'ai pas tenu de journal mais je serais aise de prendre des notes, non pour vous je le crains, mais pour les créatures qui, sur le vieux continent, ce questionnent sur ce que vaut cette Amérique que les moldus vantent comme le nouvel Éden. C'est que j'ai décidé de me tourner vers l'avenir au lieu de regarder en arrière.

*Et surtout, parce que se remémorer ses crimes pourrait lui ouvrir un peu trop l'appétit.*

Mais pour vous, je puis faire une exception.

*Prit-il soin d'ajouter, entendant par là qu'il lui répondrait dans la mesure du raisonnable sur ses questionnements.*

Faisons ça, montrez-moi votre bureau, j'y ferai porter les verres qui scelleront notre nouvelle amitié.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMar 18 Avr - 2:39


Fin décembre 1927 : le patient roumain.

*Elle sourit à ses premiers propos sur les femmes. Elle aimait bien cette vision, laquelle elle partageait sur de nombreux points. Décidément, la noblesse de ce vampire commençait réellement à lui plaire. Malheureusement, les femmes commençaient à vouloir autant que les hommes si ce n’était plus. Autrement dit, la débauche ne les révoltait plus, au contraire, elles y trouvaient même un certain plaisir à y goûter, ce qui était loin d’être son cas. Puis vint l’histoire d’amour et la philosophie qui l’accompagna. Et tandis qu’elle écoutait avec grand soin, elle se sentit submergée par une émotion de … tristesse. C’était le seul mot qui semblait convenir, pourtant, il ne reflétait pas exactement son émoi. Tomber amoureux, cela lui semblait si loin. Et pour cause, cela remontait à ses histoires d’enfants, ses histoires dont on tombait amoureuse, et qu’on espérait un jour pouvoir vivre à son tour. Le vampire le décrivit alors le sentiment de l’amour comme jamais elle ne l’avait entendu de la bouche d’un homme. Elle en resta d’abord sans voix, puis elle inspira profondément. Le mariage … Quel sens et dans quel but ?*

Ce que vous décrivez, souffla-t-elle doucement, c’est l’époux tant voulu, tant espéré et attendu. Mais les temps ont changé, l’amour est devenu un luxe que tous s’offrent, une ou deux nuits, guère plus. Car ses chaînes sont craintes, ses affres terrifient. C’est l’amour même qui a fait du libertinage le meilleur des amants, déplora la jeune femme avec une lueur étrange dans le regard. Chaque mariage est alliance, chaque pas féminin un objet de convoitise. Vous me parlez de complémentarité, de félicité et de … loyauté. Je ne suis pas certaine que ces valeurs que vous nommez avec tant d’aisance soient encore d’actualité dans les ménages. Et croyez bien que je le regrette, avoua Jane d’une triste voix. Seulement qui suis-je pour les juger ? Je me refuse au mariage parce que ce simple verbe « aimer » m’horrifie autant qu’il me terrifie. Les épanchements sont des élans si fragiles et si purs qu’à tout moment ils peuvent faire l’objet de maltraitance. On ne badine pas avec l’amour et pourtant, homme comme femme, n’hésitent pas à le bafouer comme si ce sentiment pouvait naître et disparaître à volonté. Quel sens possède encore le mariage lorsque l’amour se lasse et se flétrit ? demanda-t-elle avec un brin de passion voire même un brin de lyrisme. Quelle beauté y a-t-il dans la confiance qui s’effrite à chaque gorgée d’alcool, à chaque nouvelle heure tardive, ou encore dans la question qui n’obtient jamais une réponse ? Comment sommes-nous censés aimer quand nous sommes incapables de croire en l’autre, en ses qualités comme en ses défauts ? On renie la femme pensante, on rit de l’homme aimant. Nous sommes des créatures maudites, gorgées de vices et de vertus et on se complète autant que l’on s’entretue. Je ne veux pas d’un époux qui me brise ou qui m’enferme, Monsieur Sanguini, je me refuse à un mariage qui me cloître dans une prison dorée. Je … Je crois que cette crainte empêche mon cœur d’éprouver un quelconque élan. Regrettable n’est-il pas, ne pas aimer par peur de se sentir brisée, souligna-t-elle acide non pas envers le vampire mais envers l’incompréhension qu’elle portait en elle.

*Jane se tut pour écouter l’éloge de la fécondité. Tout semblait si simple dans la bouche de ce Comte à la retraite. Il y avait du cœur dans ses paroles, un soupçon de vérité – plus qu’un soupçon même – mais Jane ne pouvait les approuver aussi facilement. Là encore, elle partageait certaines des idées, seulement elle se voyait difficilement mère. L’hôpital lui donnait bien trop de responsabilités d’une part, et d’autre part, il fallait être deux pour élever un enfant. Or Jane était résolument seule, et ne comptait absolument pas faire du premier venu le père de son futur enfant. Néanmoins, elle ne put s’empêcher d’être touchée par les paroles du vampire qui l’atteignirent une fois de plus, plus qu’elle ne l’aurait voulu.*

Quant à la fécondité … effectivement, je crois qu’elle apporte un amour différent mais pas moins fort. Mais plus que l’amour, elle apporte la vie, et je pense sincèrement que cette vie est à chérir, et que cet enfant est d’ores et déjà béni à son premier cri, car il est le fruit de l’Amour. Et croyez que je le protège tous les jours, s’enflamma-t-elle quelque peu sans pour autant exprimer de la colère. Je dédie ma jeunesse à ses enfants qui souffrent ! Certains n’ont jamais vu le soleil ! s’exclama la jeune femme sur un élan du cœur. Ma sœur, ces petits êtres, ces enfants en mal d’espoir, je donne mon possible pour les sauver de ce qui les attend déjà. Comment pourrais-je élever un enfant si je ne suis même pas capable de sauver ceux dont la vie repose entre mes mains de guérisseuse ? Je n’ai pas renoncé à une vie de famille, si c’est là ce que vous pensez. Bien sûr que je partage votre vision mais ce n’est pas si simple ! Je … je ne peux pas me le permettre pour le moment. Il me faut chérir un autre amour afin de le sauver de la faucheuse infernale. Un jour peut-être goûterai-je à la vie de famille, de ma famille, et vous serez sûrement là pour le voir, sourit-elle finalement dans un soupir. Et alors, je suppose que vous en profiterez pour me dire avec fierté que vous aviez raison.

*La jeune femme se tut et eut un nouveau soupir. Son sourire s’agrandit légèrement tandis que ses prunelles brunes le considéraient avec une certaine estime.*

Vous avez de bien belles valeurs, Monsieur Sanguini. Vous me rappelez des rêves que j’ai, depuis bien longtemps, refoulés. Mais s’il vous plaît, ne me parlez plus de mariage, ni de famille, le pria-t-elle doucement.

*Et pour cause, elle venait d’exprimer ses rêves les plus profonds, des rêves qu’elle démentirait des mois plus tard, croyant naïvement ne plus les porter en elle, ou tout simplement refusant de les écouter. Mais des paroles vampiriques, elle souffrait. Car chacune était vérité, chacune laissait entendre l’espoir d’une possible réalité, un espoir qu’elle avait abandonné avec le temps et les nécessités. Le vampire l’obligeait à replonger dans des méandres qu’elle ne voulait plus explorer. Pourtant elle ne se voyait pas répondre autrement que par la sincérité. Son cœur battait à une vive allure, comme blessé, souffrant d’une maladie qu’on appelait communément « le mensonge ». Jane n’était pas honnête envers elle-même au quotidien et elle le savait. Bien sûr qu’elle rêvait de ce moment de paix et d’amour, de cette complicité et de cette confiance absolue, dénuées de tout déchet comme la peur ou la défiance mais c’était un espoir qui lui semblait par-dessus tout utopique. L’amour s’était vu détrôner par la passion, par le désir sombre et nocturne, et l’ombre qui seule savait dissimuler les secrets et les vertus oubliées. La jeune femme n’avait jamais connu l’amour, mais elle croyait d’ores et déjà le connaître, ce qui lui suffisait amplement.*

L’amour, murmura-t-elle la voix quelque peu brisée, est une catin qui passe de main en main dans l’espoir de toucher des cœurs glacés par le désir et l’égoïsme. L’amour est le chant des rêveurs, éternel, doux à l’oreille et aux lèvres. On aimerait tous embrasser l’amour, mais plus encore, nous aimerions embrasser chaque lèvre, comme pour être sûr que l’amour n’a pas meilleur goût ailleurs. L’amour est un songe, une chimère. Notre cœur est un désert dont l’amour est le mirage. On croit si facilement l’atteindre, on prie pour s’en abreuver et finalement il n’y a rien que le vide, qu’un mensonge de plus. La surface, rue des assoiffés, des rapaces et des débauchés est devenue notre quotidien, notre lieu de survie. Fou est celui qui croit pouvoir y échapper. Demandez à un homme ce qu’est l’amour, il vous répondra que c’est prendre une femme dans sa couche pour lui faire un enfant. Demandez à une femme ce qu’est l’amour, elle vous répondra que c’est un idéal, une chose à laquelle elle ne peut plus rêver si elle souhaite quitter le joug familial et trouver un mari suffisamment riche. Demandez-moi ce qu’est l’amour et je vous répondrai qu’une part de moi l’attend comme elle l’a toujours attendu sans jamais réellement y croire, chuchota-t-elle.

*Elle déglutit quelque peu et desserra les poings qu’elle avait formés par inadvertance. Jamais elle n’avait eu une discussion si … profonde sur le sujet, si ouverte. Jane s’en sentait bouleversée, perdue entre son devoir et ses choix. Le vampire insufflait en elle un espoir mauvais, un espoir auquel elle se refusait.*

Vous pouvez m’accuser de cynisme, vous aurez raison, et pourtant c’est là ce que l’on trouve derrière leur sourire charmant.

*Enfin le sujet changea pour des choses plus légères, plus neutres surtout. Jane détendit ses épaules dans un soupir et écouta de nouveau, l’avis vampirique. A l’évocation de la somme pharamineuse, elle sourit avec amusement. Ce vampire était surprenant, bien loin de ses premiers jugements. Il avait peut-être des convictions particulières, il n’en demeurait pas moins qu’il possédait un cœur qu’elle jugeait plutôt bon, voire noble.*

Oui, naturellement. Je suis certaine que vous pourrez en discuter avec la directrice de l’Orphelinat de Priam. Votre générosité devrait servir d’exemple, car les dons se font bien rares de nos jours. L’Orphelinat de petits sorciers n’est guère un bon investissement car le danger y rôde, du moins c’est là ce qu’ils aiment en dire.
Quant à vos futurs écrits, poursuivit-elle d’une voix enchantée, je serais honorée d’y participer en répondant à toutes les bizarreries susceptibles de vous interloquer. C’est une bonne initiative, enrichissante de surcroît. Prenez garde néanmoins, l’Amérique ou du moins les Etats-Unis sont un pays peu recommandé pour les créatures. Cela peut vous paraître ironique que je vous mette en garde, expliqua la jeune femme avec sérieux, mais si je le fais, c’est en connaissance de cause. L’homme n’aime guère la différence et les créatures, par définition, le sont. Soyez sur vos gardes, ce ne sont pas des terres sûres, pour personne d’ailleurs. Cet Eden est empoisonné.

*A l’entente des efforts qu’il était prêt à faire pour satisfaire sa curiosité, elle inclina la tête en signe de respect avant de l’entrainer à sa suite dans les couloirs de l’hôpital, encore bondés. Mais Jane n’accorda d’attention à personne. Naturellement, ils passèrent dans l’aile pédiatrie où marmots et plus grands marmots – y compris sa sœur – régnaient en maîtres. Puis ils arrivèrent à l’annexe, là où elle le fit entrer.*

Si quelque chose de précis vous manque, vous n’aurez qu’à m’en informer, dit-elle en se dirigeant vers le buffet pour se servir une tasse de thé aux fruits rouges. Si mon annexe doit être un refuge, autant qu’elle nous soit confortable à tous les deux, après tout. Je vous en prie, prenez place sur le sofa pour terminer votre repas. Je ne vous l’ai pas encore demandé, et j’ose espérer ne pas paraître impolie ou indiscrète, mais possédiez-vous des dons magiques avant votre transformation ? Car il serait alors intéressant de comprendre l’effet que la transformation a eu sur eux. Mais c’est également une conversation que nous pouvons remettre à plus tard, ajouta-t-elle en venant prendre place contre son bureau afin de faire face au vampire, lequel elle taquina. Vos gens vous ont-ils donné un couvre-feu ?
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptySam 22 Avr - 17:07

*Il la suivit à travers le couloir en retenant son souffle, chose assez aisée, pour que les effluves de sangs et de chaires tendres ne viennent pas trop lui exciter les papilles (lesquelles, pour info, étaient situées au niveau des canines). Ils parvinrent dans la petite pièce allouée à l'infirmière, laquelle paraissait très chiche aux yeux du vampire habitué au faste de son époque. Il parcouru la pièce des yeux, son regard s'arrêta d'ailleurs sur le plafonnier sans âme.*

C'est... petit. Est-ce le vestibule ?


*De toute évidence, non. Il tourna la tête vers le sofa, retira sa cape qu'il plia soigneusement sur l'accoudoir et consentit à s'asseoir droit comme un « i », mains sur les genoux dans une attitude d'enfant bien sage.*

Par Méphistophélès, ce que vous dites parvient à atteindre mon cœur dur et froid. Je ressens, comment appelle-t-on cela déjà ?... Ah oui ! De la tristesse. Pas pour moi, j'ai vécu ma vie, fut-elle trop courte, elle m'a offerte tout ce qu'un homme pouvait souhaiter, à part peut être une descendance légitime et même si je n'en ai pris pleinement conscience que récemment, mais pour vous. Cependant, et si je vous entends sur votre crainte de souffrir, je me demande quel est l'intérêt de vivre si, déjà à votre âge, vous fuyez le moindre risque d'égratignure. La vie est faite pour s'y cogner Miss Conrad. Quant à la sempiternelle question sur la pérennité des sentiments, hélas je n'ai pas eu l'occasion d'éprouver l'amour de ma bien-aimée mais je sais que le mien, malgré la noirceur de mon âme, a perduré jusqu'à ce jour.

*Il dodelina de la tête pensivement avant d'ajouter.*

Certes, mon amour ne s'est pas heurté aux affres du quotidien.

*Ses oreilles bougèrent à peine perceptiblement en percevant le bruit du cœur de Jane, un tambourinement que sa nature lui avait appris à particulièrement percevoir. Les vampires ne se repaissaient pas que de sang, ou plutôt se nourrir d'hémoglobine signifiait bien plus que cela. Les vampires se repaissaient de la vie d'autrui dont le cœur était, à leurs oreilles, semblable au tintement du cristal.*

Ce n'est pas l'amour que vous décrivez Miss Conrad, mais le dévergondage. Pour avoir goûté aux deux je puis jurer qu'il s'agit bien de choses différentes même si cela ne s'apprend qu'avec le temps. Un jour peut être, ce cœur que vous voulez tenir fermé, apprendra à différencier ces deux saveurs. Mais assez parler de tout ça, savez vous où je pourrais me procurer des moutons pour votre camps d'enfants vagabonds ? Oubliez ça, je demanderai à ma logeuse, je crois qu'elle est en lien avec quelques bergers car elle ne cesse d'évoquer les brebis qui s'égarent hors du troupeau chaque matin.

*Il ne prit pas ses mises en garde très au sérieux, à tort évidemment. Il était la bête depuis si longtemps, là bas dans son coin de campagne roumain resté hors du temps, qu'il lui semblait hautement improbable qu'il soit en danger. Le danger, l'unique, il l'avait laissé sur ses terres, du moins était-ce ce qu'il croyait naïvement. La conversation prenant fin, il prit ce qu'il restait de son repas entre ses mains.*

Il me manque bien quelques petites choses... des rideaux occultant au cas où je serais contraint de me trouver là au levé du jour, une barre au plafond car j'aime me reposer la tête en bas, cela aide ma réflexion et... des pailles. J'aime aspirer, la paille me rappelle ce petit plaisir.

*Sur ce, il leva son verre pour en engloutir tout ce qu'il contenait encore. Il vint à se demander d'où ce sang provenait car il était humain, ce qui était étonnant. Sa conscience lui souffla qu'il devrait avertir la jeune femme que la potion de régénération sanguine marchait tout aussi bien, tout comme le sang d'animaux, mais sa part égoïste l'emporta, sans doute était-ce encore trop lui demander que de renoncer à du sang humain quand on le lui présentait tout prêt dans un verre mal rincé.*

Oui madame, j'étais un sorcier avant, mais il n'y a plus la moindre magie présente sous ma peau, mise à part celle que mon état m'a offert. Sans doute serais-je capable de me remémorer la théorie, ma mémoire est exceptionnelle, je n'oublie que très rarement. Et vous n'avez pas à vous inquiéter de la longueur de mes absences, je passe par la fenêtre après une certaine heure, c'est beaucoup plus commode et permet à ma logeuse de ne pas s'alarmer. Cette femme est la bonté incarnée, je suis certain qu'elle repousserait l'heure de son coucher par inquiétude si je venais à rentrer tard.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMar 25 Avr - 22:55




Fin décembre 1927 : le patient roumain.

J’ai bien peur que non. Je ne suis qu’une simple infirmière encore en apprentissage. Seule ma position vis-à-vis de Monsieur de Brocéliande me permet d’avoir une annexe à son bureau, répondit-elle dans un petit sourire amusé.

*Jane souffla sur la vapeur de son thé, se réchauffa les mains contre la tasse et but une gorgée de breuvage tout en écoutant le jugement du vampire. Elle ne pouvait lui donner bien évidemment tort. Elle, l’aventurière, une des enfants de l’Oiseau-Tonnerre, avait désormais peur de vivre, d’éprouver et de souffrir. Une peur humaine qui l’entravait totalement, elle le savait fort bien. La jeune femme soupira et se contenta de sourire au vampire, avec douceur. Que pouvait-elle lui répondre après tout ? Pas grand-chose.*

Un jour peut-être, se contenta-t-elle de répondre évasivement.

*Jane fronça quelque peu les sourcils à l’évocation des bergers et des brebis. Les propos n’avaient guère de sens. Une femme chaque matin évoquant des brebis rebelles ? C’était là quelque peu … curieux. La jeune femme pencha la tête sur son épaule comme à chaque fois qu’elle s’interrogeait. Chez quelle curieuse famille le vampire était-il tombé ?*

Vous savez qu’il est plutôt rare que d’entendre une Newyorkaise évoquer moutons et brebis tous les matins ? Surtout dans une ville où la verdure peine à survivre. Parlez-moi donc de ceux qui vous logent, ce doit être des gens fort bons.

* « Ou très crédules » pensa-t-elle dans un petit sourire avant de reporter son attention sur les conseils déco du vampire. A l’entendre, ce refuge allait devenir récurrent, ce qui surprit quelque peu l’infirmière. La cohabitation annonçait des heures fort prometteuses, étant donné qu’elle passait le plus clair de son temps entre les murs de l’hôpital Ste Morgane. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’être flattée, d’une certaine façon. La jeune femme eut alors un soupir faussement contrit et céda aux différentes exigences du vampire sans chercher à les discuter. Par Merlin, qu’allait penser son mentor? Est-ce que prendre un vampire sous son aile, dans son annexe, était très catholique ? Rien n’était moins sûr, car les odeurs allaient et venaient aisément. Monsieur de Brocéliande allait à coup sûr lui demander des comptes et la responsabiliser un peu plus dans cette affaire. Pire encore, elle allait devoir se porter garante de la bonne conduite du vampire. Pouvait-on réellement se porter garant(e) d’un vampire d’ailleurs ? Il n’était pas exclu non plus de voir son cher patron faire passer une batterie de test au vampire … Les vampires pouvaient-ils tomber malades ? Probablement que non ? Qu’en savait-elle ? Que nenni ! Toutefois il était certain que ce serait l’immunité médicale qui le sauverait des craintes excessives et totalement folles de Monsieur de Brocéliande. Des heures de débat acharnées s’annonçaient et sous leur poids, la jeune femme s’obligea à prendre place sur le sofa, aux côtés du vampire.*

Vous aurez tout ce que vous désirez du moment que vous restez en règle, et que vous ne m’excluez pas de ma propre annexe. Otez-moi d’un doute, la maladie n’a nulle emprise sans vous, n’est-ce pas ? Mon mentor, qui n’est autre que le directeur de ce cher hôpital, est comment vous dire … craintif à excès de la maladie, lui apprit-elle dans un sourire navré plus pour son patron que pour le vampire, au point de l’en rendre effrayant de temps à autre. Il a une obsession incontrôlable lorsqu’il s’agit des microbes et de la poussière, soi-dit en passant.

*Quant au sang, Jane avait à apprendre. Elle n’était pas une spécialiste des vampires, après tout. Elle faisait avec ses moyens, ses connaissances et celles-ci lui semblaient bien maigres. Ainsi ne pensa-t-elle pas à la magie, à une quelconque potion ou encore au sang animal, à tort peut-être. Bien évidemment, elle comptait sur le vampire pour pallier ses lacunes et combler son ignorance.
Jane termina son thé mais conserva sa tasse dans les mains, pour profiter encore un peu de sa chaleur. Elle réprima élégamment un léger bâillement et écouta avec attention la réponse du vampire concernant la disparition du pouvoir. Quelle transformation fort étrange.*

Ainsi donc un vampire ne peut être sorcier, n’est-ce pas ? Ma question semble idiote, jugea-t-elle avec objectivité, mais cela m’intrigue. En outre, vous avez sûrement dû entendre parler des dissensions qui ravagent New-York. Je ne vous interrogerai pas sur votre ressenti, du moins pour le moment. Mais un jour prochain, je n’y manquerai pas, car je pense avec sérieux que votre avis me surprendra voire me permettra un certain recul.

*Elle lui sourit avec sincérité et se leva pour déposer sa tasse sur le buffet. L’infirmière se tourna ensuite vers son bureau pour ranger avec soin les différents dossiers et notes éparpillés.*

Maintenant que vos souhaits décoratifs ont été formulés, vous allez devoir me prescrire tous vos interdits, hormis le soleil, ce que j’ai pris soin de noter dans un coin de mon esprit. Je ne tiens pas à faire d’erreur, encore moins vous mettre dans une situation délicate. D’ailleurs votre mémoire me sera peut-être utile dans mes concoctions, mes succès sont peu nombreux en la matière, en dépit de mes nombreux efforts.

*Passer par la fenêtre. Jane s’arrêta soudainement et tourna la tête vers le vampire, un sourcil arqué.*

Vous passez par la fenêtre ? Et votre logeuse ne vous prend pas pour un cambrioleur ? Ou ne s’interroge pas sur vos pratiques ? Permettez-moi de dire que je le trouve cela d’une part fort étrange et d’autre part bien peu discret. On pourrait aisément vous prendre pour un brigand. Moins vous attirerez l'attention, plus vous éviterez ceux qui vous veulent du mal, à commencer par ... à peu près tout le monde, jugea-t-elle dans une moue perplexe.

*Décidément, il y avait des détails fort curieux, lesquels l’infirmière trouvait incongrus. Mais elle n’en dit pas plus pour le moment et termina de ranger son bureau afin de le rendre bien plus abordable pour le lendemain. Puis elle troqua son tablier pour son trench et déclara d’une voix aimable.*

Il se fait tard, et ma journée fut une nouvelle fois fort longue. Je vais donc m’apprêter à prendre congé afin de gagner mon foyer. Préférez-vous passer par la fenêtre ou par la voie normale ?

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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMer 3 Mai - 17:53

Fort bons ? Essayez-vous de me piéger mademoiselle ? Je ne les ai pas goûté, je puis vous l'assurer et même le prouver si nous devons nous rendre jusque là. En outre, je suppose qu'il doit bien y avoir quelques pâturages en marge de la ville pour nourrir toute cette foule. Mais soit, soit, je m'adresserai à un boucher. C'est fort dommageable, les animaux vivants se reproduisent et représentent une richesse fructifiable, sans compter la laine qui permet de confectionner de chauds vêtements.

*Les Norton étaient-il crédules ? Assurément non, aveugle en revanche, c'était l'évidence. Disons plutôt que l'existence même d'une créature telle que Sanguini était du domaine de l'impossible. La famille croyait en l'existence des sorciers dont ils avaient rationalisé le surnaturel en les désignant possédés par le malin, mais un vampire serait un cran trop haut pour atteindre leurs esprits étriqués. Si quelqu'un devait être qualifié de « crédule » dans cette curieuse association, c'était nul autre que Sanguini lui-même. Le jour où il ouvrirait les yeux sur que la chute serait brutale, mais l'heure était encore au naïf émerveillement.*

Je ne sais s'ils sont goûteux encore que leur fille dégage une odeur bien alléchante, en revanche je me dois de clamer que ce sont des gens chaleureux et très hospitaliers. Mon hôte, bien qu'un peu froid de prime abord, se montre de plus en plus amical et sa dame a immédiatement accepté de retirer l'ail de mon écuelle.

*Dit-il pour clore le chapitre sur l'adorable famille adeptes des bûchers et autres méchouis. Jane s'installa à ses côtés, ce qui l'obligea à se décaler légèrement pour éviter tout contact trop important. Essayez de vous frotter la joue avec un éclair au chocolat alors que vous êtes au régime depuis un mois et vous comprendrez les sentiments en cours dans l'esprit de cette pauvre créature du diable.*

La maladie ? Non mademoiselle, mon corps est trop froid pour les bactéries et les virus se réservent pour les vivants. Ce qui est mort ne saurait tomber malade. En revanche, il m'arrive parfois de souffrir d'un mal des gencives pour lequel on m'a recommandé d'utiliser du Sansodent. Mais peut être avez-vous un meilleur remède à me conseiller ?

*Tout en la questionnant, il passa sa langue au dessus de ses canines en émettant un bruit de sucions désagréable. Il se remémora ensuite sa transformation dont il ne conservait que des souvenirs très diffus, sont état général et sa souffrance ne lui avaient pas permis de garder les idées claires durant ce moment où sa vie avait basculé vers les ténèbres.*

Non madame, mon état a fait place à d'autres pouvoirs. J'imagine que la magie puise sa force dans les sentiments humains tel que l'amour, la haine, la souffrance, la joie, et plus globalement tout ce qui fait la vie. Tous ses sentiments m'ont été pris lorsque j'ai basculé du côté de l'au-delà, ma baguette m'est devenue inutile bien que je l'ai conservé fort longtemps. Elle faisait un chausse-pied tout à fait acceptable et sa pointe aiguisée était bien utile pour retirer les restes d'artères coincées entre mes crocs.

*Après un temps d'arrêt, il pencha la tête avec raideur, d'une manière qui pouvait signifier « oui » au yeux de certains. La vérité est qu'il n'avait pas la moindre idée d'à quoi elle faisait référence concernant les dissensions en cours dans ce pays dont il ignorait tout, mais qui aimait passer pour un ignorant auprès d'une dame ? La suite le remettait au moins sur un terrain pleinement maîtrisé. Il tendit un index bien haut et récita consciencieusement les différentes choses qui lui étaient interdites ou nécessitaient au moins un minimum de protection tout en levant ses doigts griffus un à un.*

Le soleil trop puissant m'est interdit ainsi que les lieux consacrés qui me font flamboyer, sans me tuer néanmoins à moins de laisser le feu prendre de l'ampleur. L'eau bénite, les rosaires et les croix ne doivent pas entrer au contact de ma peau à moins de souhaiter me provoquer d'importantes et ingrates brûlures. Les fleurs d'ails, d'aubépines ou de verveines présentes dans votre cagibi m'empêcheraient de vous rendre visite. Enfin, et c'est la le pire, du riz renversé m'oblige à ramasser chaque grain un à un et à les compter avant de pouvoir retourner à mes occupations personnelles. C'est un fait très pénible, surtout lorsque l'on perd le décompte en cours de route.

*Il se pencha pour ajouter sur le ton de la confidence.*

Je me réjouis de me trouver dans un pays ne possédant pas de rizière, j'ai croisé plus d'un vampire asiatique devenu dépressif à force de comptage.

*Il se redressa, sérieux et même l'air grave après avoir confié ce fléau depuis trop longtemps sous-estimé.*

Elle ne le remarque pas, j'ai exigé d'avoir une chambre au dernier étage, juste sous les toits. C'est bien plus pratique pour s'envoler, cela m'évite de devoir prendre de l'élan en courant dans la rue, ce qui ne pourrait qu'attiser la curiosité des badauds. En outre, je suis extrêmement silencieux, rapide et ne possède pas d'ombre, ma fenêtre donne sur une rue non éclairée m'offrant toute la discrétion dont j'ai besoin. C'est une femme mariée, pieuse et dévouée à sa famille, je doute qu'elle serait tentée de rejoindre ma couche la nuit et apprendre, se faisant, la manière dont j'occupe mes nuits.

*Il frappa ses genoux de ses deux mains et se leva à l'invitation de l'infirmière.*

Je puis vous accompagner si c'est là votre bon plaisir, sinon la fenêtre fera l'affaire.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptySam 6 Mai - 20:32


Fin décembre 1927 : le patient roumain.

*Attentive, elle écouta les différentes réponses du vampire à ses interrogations. Elle nota dans un recoin de son esprit, les informations les plus élémentaires et s’amusa à imaginer un vampire compter les grains de riz avant de recommencer par maniaquerie. C’était là une scène à laquelle elle n’aurait jamais pensée mais qui titillait désormais sa curiosité. Etait-ce seulement une obsession pour le riz renversé ou y avait-il une maniaquerie plus grande ? Jane se promit, pour l’avenir, quelques petites expériences…

Pour le mal des gencives, rien ne lui vint en tête. Toutefois, elle prit note de s’y attarder lors des prochaines visites du Vampire. L’infirmière allait devoir changer ses prérogatives et s’habituer à son tout nouveau patient. Il représentait pour ses études, une grande avancée pour ne pas dire trouvaille. D’ailleurs, si la fatigue n’avait pas été si importante, elle aurait d’ores et déjà commencé son étude sur le spécimen qu’elle avait sous les yeux. Une chance inespérée finalement, à côté de laquelle elle avait bien failli passer à cause de son mauvais caractère.*

Me voilà fort bien renseignée. Nul doute que mon esprit, cette nuit, ressassera chacune des informations données. Il va me falloir tenir un journal discret pour vous comprendre et vous étudier. Un être dépourvu d’ombre, quel atout avantageux. Il m’avait semblé lire un jour qu’une ombre nous apportait un certain équilibre, raconta-t-elle le regard porté vers le plafond tandis qu’elle cherchait dans sa mémoire l’étude en question. Mais à vous regarder, ce ne doit être que fadaise.

*Elle lui sourit, et lui ouvrit la porte afin qu’il fît le chemin avec elle. Jane ferma à clef l’annexe et tourna les talons vers la sortie de l’hôpital non sans aller, toutefois, embrasser ses petits prétendants endormis. L’infirmière veilla à ce que tout soit en ordre et reprit son chemin vers la sortie, tout en veillant à ce que le vampire soit sur ses talons. On chercha à les intercepter bien sûr, mais Jane prétexta une nuit de sommeil méritée et hautement curative. Elle envoya donc paître différents collègues qui se seraient empressés de déléguer sur elle. Enfin, ils atteignirent la porte de sortie et purent enfin respirer l’air du dehors. A en juger par les rues désertes, la nuit était fort bien avancée. Jane inspira à pleins poumons et entama la longue marche qu’elle avait à faire jusqu’à chez elle, en compagnie de Sire Vampire, compagnie inattendue mais pas des plus désagréables. Au moins ne craignait-elle pas grand-chose en sa compagnie. Du moins était-ce une question de perspective, pouvait-on réellement ne rien craindre en compagnie d’un buveur de sang ? Même nourri, combien de quantité sanguine devait-il consommer pour étancher sa soif au juste ? Encore un mystère qu’elle allait devoir résoudre, un de plus sur la longue liste. Liste d’ailleurs sur laquelle se trouvait la question des sentiments vampiriques.*

Quand vous dites que tous vos sentiments vous ont été pris, vous ne ressentez donc plus rien, si ce n’est la soif ? demanda Jane sur le ton de la conversation. Cela me rappelle une école de philosophie antique. Je n’ai jamais cru ces philosophes très humains car ils se disaient imperméables aux affres de la vie, du moins le souhaitaient-ils ardemment. Enfin, nuança-t-elle avec réflexion, ce n’est pas que je les trouve inhumains, c’est que je ne comprends pas comment cela peut-il être possible. Sauf si vous êtes en train de me dire que les Stoïciens étaient des vampires, ce qui alors expliquerait leur rapport à la mort et aux désirs.

*Elle ne put s’empêcher de sourire. Le monde cachait bien des mystères et les apparences se révélaient toujours parfaitement trompeuses. Ces hommes, qu’elle avait parfois adulés, avaient-ils seulement été de banals mortels ? Ou alors avaient-ils été réellement plus ? Combien avait-on accusé de sorcellerie, d’être possédé ? C’était comme ouvrir les yeux sur un monde qu’elle n’avait jamais maîtrisé. Jane en connaissait bien sûr les mythes et les légendes, connaissait l’existence réelle des créatures telles que les loups-garous ou les vampires de Transylvanie, mais désormais, elle ne pouvait plus seulement se contenter d’y croire ou non. Ce qui la portait à vouloir étudier, et peut-être même à voyager au loin pour aussi bien apprendre que comprendre.*

Pourriez-vous, s’il vous plaît, me faire part de ce que vous percevez par vos sens aiguisés ? l’interrogea soudainement l’infirmière en tournant son regard vers lui. Je serais curieuse de comparer nos deux visions et nos deux ouïes. Nul doute que vous m’êtes entièrement supérieur, mais c’est là une comparaison scientifique. Que voyez-vous, que je ne vois pas ? Qu’entendez-vous que je n’entends pas ?

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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMer 10 Mai - 19:52

Ni ombre, ni reflet. Mon esprit est parfaitement équilibré madame. Peut être que l'absence de cette ombre est le résultat de mon déséquilibre au monde, après tout je n'appartiens ni à celui des vivants, ni à celui des morts, mais me trouve sur le seuil des deux. Nombres d'autres créatures partagent cette particularité comme les fantômes, mais diable merci nous autre possédons un corps, ou les inféri mais cette fois c'est la raison qui ne nous a pas quitté, ou pas totalement du moins. Peut-être sommes-nous les plus chanceux des non-vivants.

*Des pensées bien philosophiques alors qu'ils traversaient l’hôpital. Dans les couloirs, il se fit silencieux ne souhaitant pas que le tout venant soit au courant de sa particularité. Il n'était pas venu dans ce pays pour s'attirer des ennuis mais pour les fuir et repartir de zéro. La discrétion n'était pas si difficile à obtenir, rares étaient les personnes à les arrêter sur leur chemin et lorsque le fait arrivait, il suffisait aux inopportuns de poser le regard sur Sanguini pour ne pas insister et déguerpir. Il faisait souvent cet effet là, seuls les sceptiques les plus chevronnés ne se laissaient pas impressionnés et ce, malgré la chaire de poule leur hérissant mécaniquement la nuque. Dans la rue, l'effet n'en fut que plus accentué sur les rares badauds car la créature possédait un pas si fluide et léger, qu’emmitouflé dans sa cape, il donnait l'impression de flotter à quelques millimètres du sol plutôt que de marcher. Après ces quelques instants de silence, la discussion reprit dans l'humidité et la fraîcheur du soir.*

Ce fut le cas pendant de nombreuses années madame. Les vampires sont comme les hommes, ils naissent, grandissent, connaissent les affres de l'adolescence puis mûrissent, à ceci prêt que nos phases s'éternisent sur des décennies. Ma naissance n'a pris que quelques heures, j'entame tout juste les premiers pas de l'âge adulte, mon adolescence a été régie par 3 siècles de ténèbres, d'aveuglement et de pulsions. Quant à grandir, cette phase ne prend jamais fin je le crois. Si intellectuellement j'ai gardé mes connaissances de jadis, mes émois quittent tout juste l'âge ingrat.

*Sur ce, il croisa les mains dans son dos, ouvrant sa cape et laissant ainsi son corps fortement exposé au froid. Le menton levé vers l'astre lunaire, il réfléchissait très sérieusement à la question.*

La seule école acceptant les vampires est celle de Scholomance, et la philosophie n'est pas la matière de prédilection à ce que j'en sais. Encore que l'on dit que le premier d'entre-nous a été l'un de ces étudiants, celui-là même qui perdit son âme et fut condamné à œuvrer pour le diable. Allez connaître la vérité, car si un tel être existe, père de nous autres, soit il a quitté la terre depuis longtemps, soit sa supériorité lui aura appris à ne pas se laisser piéger. Et puis les vampires ne sont pas une espèce très répandue, moi-même je n'en ai croisé que peu durant mes heureuses années en Transylvanie.

*Il fit une pause à l'angle de deux rues, sourcils arqués à l'interrogation de la jeune femme curieuse de connaître ses sens. La réponse se fit sans tarder, et c'est d'un même ton monocorde qu'il décrivit le monde les entourant tel qu'il le percevait.*

Trois chats tournent autour des poubelles à environ 65 mètres de nous à l'angle de la 3ème ruelle sur votre gauche. L'homme sur le trottoir d'en face à le cœur qui s'emballe aussi fort que le votre tout à l'heure, je ne peux en affirmer la raison mais nul doute qu'une émotion malheureuse et soudaine en est à l'origine, peut être s'est-il fait éconduire par l'objet de son affection. Il y a une vierge, outre vous-même, dans l'immeuble qui nous surplombe mais elle a passé la date de péremption de sorte que la mordre ne me viendrait pas même à l'esprit. Je crois que les 3 chats lui appartiennent. L'un de ses voisins est en ce moment en train de vider un poisson, j'hume le fumet de son sang coagulé. 7 chauve-souris volent en cet instant au dessus de nos têtes. Est ce que ces quelques bribes d'informations répondent à votre question ? Vous vivez encore loin ? Je rêve de prendre l'une de ces carrioles mécaniques qui servent aux déplacements des citadins.
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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyMar 16 Mai - 22:03


Fin décembre 1927 : le patient roumain.
**Jane se fit élève des plus attentives. Elle buvait avec grande appréciation les paroles vampiriques. Tout lui semblait réellement fascinant. Leurs différences étaient stupéfiantes, un véritable fossé les séparait, et elle comprenait désormais pour quelle raison le vampire parlait d’un entre-deux. Pas totalement vivant, ni totalement mort ; autrement dit un objet d’étude des plus palpitants, qui les amenèraient, son mentor et elle, à s’aventurer plus loin sur le domaine de la science et de la médecine magique. Quelles autres propriétés pouvaient posséder le sang vampirique ? Quelle force et immunité pouvaient en jaillir ? Aurait-il un quelconque impact sur les maladies qui continuaient de leur échapper malignement ? Pouvaient-ils créer un quelconque vaccin à partir du sang vampirique ? Subitement, l’esprit de Jane se voyait submergé par un flot de questions, toutes plus attirantes les unes que les autres. Elle pouvait d’ores et déjà entrevoir les différentes découvertes révolutionnaires qu’ils seraient susceptibles de faire, avec la participation de Sire Sanguini, bien entendu. Car si l’infirmière se projetait fort loin dans l’avenir, elle ne comptait toutefois pas faire le moindre mal ou causer le moindre tort à la créature nocturne. Au contraire, elle souhaitait gagner sa confiance, et mieux encore, la mériter. L’union prévalait sur la division et la force, ce n’était là un secret pour personne.*

C’est tout à fait intéressant, déclara-t-elle d’un ton enjoué.

L’intérêt soudain pour les taxis newyorkais interloqua la jeune infirmière. Pour quelle raison lui parlait-il de « ces carrioles mécaniques » ? Jane s’apprêta à répondre quand son regard vit la voiture sortir de nulle part. Spontanément, elle la héla de la main avant de s’arrêter soudainement. Ses prunelles se posèrent brièvement sur la créature à ses côtés, doutant du caractère sain de la situation. Pourtant, c’était le meilleur moyen, pour elle, de mettre en pratique la retenue du vampire. Le taxi s’arrêta devant eux, et Jane les fit monter à l’arrière tandis qu’elle donnait sa destination. Loin ou non, elle ne voyait aucun inconvénient à satisfaire la curiosité vampirique dès l’instant que tous se tenaient bien. Leur chauffeur se tourna vers eux et observa longuement la blancheur maladive du vampire. Ses épaix sourcils se froncèrent et poussèrent la jeune femme à intervenir. Elle lui fit son plus beau sourire et murmura sur le ton de la confidence, à son oreille, que son ami sortait tout juste d’un cancer éprouvant. L’excuse parut lui convenir et Jane put s’adosser de nouveau au dossier, non sans un petit sourire entendu vers le vampire. Il ne fallait pas éveiller l’attention des No-Maj’, ainsi en guise de conversation, ne fit-elle que murmurer de façon très peu audible, à l’adresse du vampire et de son ouïe surnaturelle.*

Les rues ne sont pas sûres le soir. Les Adeptes de Salem rôdent et cherchent à traquer tout ce qui a un lien de près comme de loin à l’étrange et à la magie. Ils sont toujours en meute, susurrent dans la nuit et distribuent mille et un tracts la journée afin de nous trouver et de convertir ceux qui n’ont rien contre l’idée de notre existence. Evitez de croiser leur route.

*Heureusement pour Jane, les quelques pétarades de la voiture terminèrent de couvrir sa voix tandis que leur chauffeur se concentrait pour éviter tout chat de gouttière ou chien errant, particulièrement en vogue la nuit. Elle n’était pas sûre que l’expérience plaise réellement au vampire. Selon les chauffeurs, on pouvait aisément attraper un mal de cœur, bien que ce fait était inexistant chez les vampires, de ce qu’elle en avait compris. Il n’en demeurait pas moins qu’il était aisé d’être secoué dans pareils engins, et qu’il n’y avait là rien d’agréables. D’ailleurs l’infirmière appréciait que très peu ce moyen de transport, en lequel elle n’avait nulle conscience. Se laisser secouer comme un prunier par les différents chauffeurs ? Sans façon.
Finalement, ils arrivèrent à destination et Jane paya quelques dollars au conducteur avant de descendre de l’engin machiavélique. Derechef, ses yeux veillèrent à ce qu’il n’y ait aucun adepte rôdant aux alentours. Mais elle ne percevait strictement rien. Le taxi, quant à lui, disparut dans la nuit alors que Jane se tournait vers la créature nocturne.*

Cette soirée fut fort enrichissante, ma foi. A l’occasion, faites-moi donc une liste de ce que vous souhaiteriez découvrir, peut-être pourrais-je en réaliser une ou deux choses. Evitons les transports néanmoins, j’ai malheureusement le cœur fragile quant à la question, expliqua-t-elle d’une mine contrite en avançant vers le seuil de son immeuble. Je tiens une nouvelle fois à vous présenter mes excuses quant à la première impression que je vous ai faite. La fatigue a, je le crains, empiété sur mon savoir-vivre. Sachez toutefois que votre conversation est des plus agréables et instructives, elle laisse à penser.
Eh bien c’est sûr ce seuil que je me dois de vous laisser, Monsieur le Comte retraité. Vous savez désormais où me quérir en cas de nécessité, et naturellement, vos souhaits d’installation seront respectés dans un court délai, ajouta-t-elle non sans un léger humour. Je vous souhaite une agréable nuit.

*Et la jeune femme s’inclina respectueusement avant de disparaître dans sa demeure, sûrement trop exigüe et étrange pour le vampire. Cette idée la fit d’ailleurs sourire, une dernière fois. La vie lui réservait encore bien des surprises décidément.*

Pour le plaisir :

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MessageSujet: Re: Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane]   Fin décembre 1927 - Le patient Roumain [Jane] EmptyVen 19 Mai - 20:51


*Sanguini scruta le geste que fit l’infirmière pour appeler le taxi comme un magizoologiste scruterait un animal curieux. Derrière son dos, à l'abri de son regard, il mima mollement ses gestes. Pour ce faire, il leva un bras en l'agitant comme on secouerait la main d'un pantin en sautillant sur place et en ouvrant la bouche pour imiter, silencieusement, le beuglement de rigueur. Lorsque Jane se retourna, il était à nouveau immobile les mains croisés dans le dos et lui faisait l'une de ses dérangeantes grimaces qui devaient ressembler à un sourire. Il se promit de retenter cette expérience lorsqu'il serait seul, voulant tout essayer de la vie de citadin.

Il monta dans la voiture en ressentant ce qui se rapprochait le plus du bonheur. Se tenant sur le bord du siège arrière, mains posées sur ses genoux, il regardait la route de tout côté tel un chien joyeux de partir en promenade. Un air qui ne le quitta pas de tout le trajet, même quand leurs corps se trouvaient malmenés de gauche à droite à chaque virage. Cependant, avant que la voiture ne se mette en route, il du rectifier une erreur commise par l'infirmière.*

Nenni, je suis né en fin d'année, je suis sagittaire Madame.


*Dit-il bien fort pour que le chauffeur soit informé. L'homme fronça de manière accrue ses sourcils, geste uniquement visible pour celui qui aurait jeté un œil à son rétroviseur central à ce moment précis, mais il ne pipa pas un mot, prenant sans doute le vampire pour un simplet.*

Quelle horreur, murmura-t-il lorsqu'elle évoqua les adeptes de Salem. Quelle horrible horde vous décrivez-là. Merci de me prévenir, j'y ferai très attention et vous promet de les éviter comme la syphillis harpiesque à chaque fois que je percevrai la présence de l'une de ces créatures.

*D'après sa description, Sanguini imaginait des sortes d'épouvantards marchant dans les rues, et si les tracts comme arme lui semblait un fait étrange, il n'en demeurait pas moins qu'il ne s'imaginait pas qu'il puisse s'agir de simples humains. Sans doute que dans ce pays où l'anglais se baragouine plus qu'il ne se prononce, le mot « traqu'te » voulait dire « matraque ». L'explication, en tout cas, était convaincante.

Le voyage prit fin bien trop rapidement à son goût. Il éprouvait en effet quelques haut le cœur mais son estomac vide le prémunissait de tout risque de régurgitation et il ne recracherait sûrement pas aussi facilement le (mauvais) sang durement acquis. C'est donc un peu plus blanc que d'ordinaire qu'il quitta la voiture et inspira à pleins poumons l'air nauséabond à l'arrière gout de caniveaux de la rue, bras écartés pour mieux profiter du moment, totalement indifférent à l'infirmière qui réglait la course. Ce n'était pas par avarice cependant, mais par méconnaissance des usages. Payer pour obtenir ce que l'on veut était une chose à laquelle il devait doucement se réhabituer. Il fut tiré de sa rêverie par la voix de Jane qui lui faisait face.*

C'est bien aimable à vous, je serais enchanté d'avoir une guide touristique pour m'accompagner. J'ai déjà eu quelques échos sur une distraction que l'on nomme « zoo ». Que de folie, de mon temps on ne s'amusait pas, ou seulement en buvant de l'eau de vie et en détroussant la gueuse !

*Il s'inclina à son tour pour baiser la main de l'infirmière et prendre congé, ne s'excusant de rien ne voyant pas où il aurait bien pu pécher... bon, à tout bien considérer, les menaces au petit Johnny mériteraient des excuses, mais auprès du bambin et non de Jane. Il se promit de le faire à la première occasion, pour le plus grand (dé)plaisir de l'enfant qui y gagnerait une thérapie pour les 5 prochaines années. Sur ces entrefaites, il s'éloigna dans la nuit et s'envola haut dans le ciel à une distance le faisant passer pour une grosse chauve-souris, se servant de ses sens vampiriques pour retrouver le chemin de son logis, une technique lui offrant bien plus de chances de réussite qu'en tournaillant dans les rues New-yorkaises.*
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