[Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]
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Diane Delacour Admin
Messages : 89 Date d'inscription : 21/02/2017 Etudes, métier : Voyante pour no-maj' naïf. Baguette : Bois de rose, écailles de gorgone, 32 cm, rigide.
Sujet: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Dim 21 Mai - 15:08
⚜ «La femme est la seconde faute de Dieu.» Nietzsche. ⚜
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Dim 21 Mai - 20:25
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]
Tout commença cette nuit-là, celle du 04 octobre 1918. Seule dans son lit, sa poitrine se soulevait à vive allure tandis que ses bras étaient allongés à l’horizon de part et d’autre de son corps. Des perles de sueur ruisselaient sur son front. Sa lèvre tremblait sous les gémissements qui lui échappaient, plaintifs. Un regard extérieur aurait pu croire Helen Travers immobilisée par un mauvais sort, en proie à de sombres ténèbres. A la différence près que ce n’était pas la magie qui opérait mais simplement les méandres de son subsconcient. Les flammes léchaient sa peau sous les murmures démoniaques qui en appelaient une instance divine. Les liens soigneusement noués autour de ses poignets l’empêchaient de bouger, de fuir loin de cet Enfer qu’on lui avait si injustement destiné. Il paraissait se délecter de son impuissance sur cette croix de bois. Ce regard dont elle avait gardé les plus souvenirs était désormais injecté de démence. Nulle pitié, nul amour, rien que la haine. Elle avait cherché à le convaincre de son innocence, le convaincre de l’erreur qu’il commettait, mais en vain. Ainsi avait-elle craché à ses pieds sous la colère et l’impuissance. La douleur était intense. Elle pénétrait ses chairs, s’infiltrait dans chacun de ses membres pour les incendier. Si elle luttait pour retenir ses hurlements, elle ne parvenait cependant à pas à soutenir le mal grandissant en elle. Ses lèvres psalmodièrent alors tous ses péchés pour que sa propre haine, sa propre douleur morale la protègent de la douleur physique. Ses prunelles rougeoyantes et larmoyantes par les flammes ne le quittaient pas du regard. Il voulait des faits, elle lui donnerait des faits, qu’il ait honte de son propre sang, que sa culpabilité enserre son cœur comme le serpent et qu’il en périsse avec elle, sur ce même bûcher, comme un frère et une sœur unis par les flammes de l’Enfer.
Helen Travers se réveilla dans un cri de douleur tout en se redressant subitement dans son lit étroit. Sa respiration était saccadée, son corps trempé, elle soupira de soulagement. Ce n’était ni le premier ni le dernier cauchemar qu’elle faisait. Ils étaient en réalité des plus récurrents. Ses joues lui tiraient quelque peu, dû probablement à l’assèchement de ses larmes sur celles-ci. C’était toujours le même. Il avait une triste raisonnance, comme un destin auquel elle ne pouvait échapper. Helen Travers n’était, toutefois, pas du genre à s’appitoyer sur son sort ou sur une quelconque marque du destin, ou du moins ne l’était-elle plus depuis les affres de son adolescence. Elle alluma magiquement son bougeoir et contempla l’horloge qui lui faisait face : 5h49. La jeune femme se leva lentement et bougeoir en main, se dirigea vers son atelier de fortune. Elle alluma davantage de bougies et posa le bougeoir non loin de son chevalet. La lumière tamisée était particulièrement appréciable pour peindre. Ombres et flammes s’amusaient sur la toile et lui procuraient un effet envoûtant. Pendant plus de deux heures, la future épouse Murray glissa ses pinceaux sur la toile, capturant ainsi l’essence de son cauchemar. Les formes étaient abstraites, les couleurs sombres, deux seules figures transparaissaient : les leurs. De ses émotions elle se débarrassa alors ni plus ni moins, et ce ne fut qu’une fois son âme paisible qu’elle gagna la salle de bain pour se défaire de cette moiteur.
Une poignée d’heures plus tard, elle ajustait son chapeau d’un rouge plus foncé que sa robe sur ses cheveux relevés à l’arrière, enfilait ses gants d’une couleur identique jusqu’au niveau du coude et enfin mit son manteau assorti au reste de sa tenue. Mr Murray avait tout prévu dans le moindre détail quelques jours plutôt, avec goût. Tous deux appréciaient quand Helen se vêtissait de rouge. Cela lui donnait une allure dangereuse de femme séduisante à qui on ne pouvait rien refuser. Le rouge la rendait sulfureuse. Une dernière fois, elle vérifia impeccabilité de sa tenue et boutonna les quelques boutons de son manteau. On frappa alors à la porte deux coups qu’elle avait appris à reconnaître avec le temps. Helen prit un petit sac noirâtre, lequel ne contenait que le strict nécessaire et se hâta d’ouvrir au chauffeur de son futur époux. « Bonjour Georges. - Miss Travers.» répondit-il dans une révérence. Fort heureusement, le soleil avait choisi de régner en maître sur la ville New-Yorkaise. L’inverse n’était pas toujours des plus agréables lorsqu’il était question pour les femmes, de faire bonne impression. Dans la voiturette, elle rejoignit Mr Ethan Murray, fils d’un cabinet d’avocats réputé. Celui-ci baisa sa main gantée avant de venir déposer chastement ses lèvres sur sa joue. « Je persiste à croire qu’il serait plus simple pour vous comme pour moi d’habiter sous un même toit, ma chère. - Et moi de vous rétorquer que notre vie commune n’arrivera que bien assez tôt, répliqua-t-elle dans un sourire. - Ne craignez-vous pas que ma passion se tourne vers un objet plus démonstratif à mon égard ? - Voudriez-vous donc que j’en aie après votre argent, Mr Murray ? Soyez-donc raisonnable, vous savez l’état de mes sentiments à votre égard. Que sont deux mois face aux années à venir ? demanda-t-elle rhétoriquement. Parlez-moi donc de l’affaire qui nous concerne, je vous prie. »
Depuis l’annonce officielle de leurs fiançailles au printemps dernier, elle fréquentait davantage les relations de son futur époux ainsi que les salons mondains. Très vite, elle apprit à avoir une certaine aisance à son bras. Il lui avait appris les codes de la société et elle se faisait un malin plaisir à les braver. Loin de décontenancer l’avocat, elle décontenançait en revanche leur interlocuteur aussi bien adversaire que partenaire. Sa fraîcheur lui donnait un avantage particulier sur les hommes qui s’en méfiaient autant qu’ils en ressentaient une certaine attirance. Et pour cause, son esprit était aussi vif que loquace, fait qui n’était pas très bien vu chez les femmes. Sur le chemin qui les conduisait à leur déjeuner, ils se concertèrent sur la marche à suivre. Ils devaient rencontrer dans un restaurant de renommée, un client fortuné aux fortes influences. Ses partenaires seraient présents et tout était une question d’affaires, ce qui ne l’intéressait pas le moins du monde. Helen connaissait les motivations de son futur époux et ne les partageait que peu. Néanmoins, elle adorait se jouer des hommes et les offrir sur un plateau d’argent. Une vengeance personnelle en somme.
Durant tout le repas, elle rit à gorge déployée dès lors qu’une opportunité se présentait, glissait quelques commentaires pertinents ici et là pour attirer l’attention sur ses connaissances, son parler aussi bien « innocent » que savamment étudié. Elles les invita même à poursuivre cette conversation dans une fête foraine, lieu des plus atypiques, surtout après un déjeuner d’affaires. Mais la jeune femme prétexta que les affaires valaient bien qu’on se détendit ensuite, car l’amusement et le plaisir participaient à une réflexion plus sage. Pour finir son petit manège, elle papillonna des cils et laissa sa jovialité faire le reste.
En réalité, elle y avait derrière cette proposition un objectif particulier et personnel. La rumeur disait qu’une certaine Erato « hantait » cette fête foraine. Diseuse de bonnes aventures, on rapportait d’elle que chacune de ses prédictions se révélait exacte, qu’il n’y avait qu’à demander pour obtenir des réponses. Helen n’y croyait que peu, mais ne pouvait s’empêcher d’en éprouver de la curiosité. Les recherches sur son frère restaient infructueuses, elle n’en savait que le minimum, ce qui aurait semblé suffisant aux yeux de n’importe qui, mais pas aux siens. Ses cauchemars étaient bien trop réalistes pour refuser de se confronter à la réalité.
Il était plus de 15h lorsqu’ils gagnèrent l’entrée de la fête forraine. Elle grouillait de vie, de rires, et de Newyorkais fort heureux et joyeux. Ils s’avancèrent tandis qu’Helen admirait les forrains et leurs talents. L’ours l’effraya et elle raffermit son emprise sur le bras de son fiancé en pleine conversation. Ce n’était pas la place de cette bête. Les associés furent alors stoppés net dans leurs échanges lorsqu’ils découvrirent la danseuse aux serpents. Par chance, elle les fascina suffisamment pour laisser le temps de souffler à l’oreille de son fiancé :
« J’ai une affaire à régler en ces lieux, je ne serai pas longue. »
Il ne protesta pas car ils savaient tous deux qu’ils pourraient alors discuter des plans de Grindelwald, idéaux qu’elle ne partageait certainement pas. Helen s’éclipsa alors et d’un pas déterminé, chercha activement la tente d’Erato. Lorsque ses pas la menèrent droit à elle, elle se figea par crainte de ce qu’elle pouvait y trouver. La jeune femme n’appréciait guère se dévoiler, encore moins à des inconnus. Quels étaient exactement les dons de cette femme ? Helen s’avança, défit l’épingle qui reliait son chapeau à ses cheveux, et posa son regard sur le nain, passablement entièrement effrayant et sûrement mal payé pour l’effet qu’il apportait à la mascarade. Elle se permit une légère grimace et pénétra dans la tente. Le malaise s’insuffla alors en elle pour deux raisons : 1. L’atmosphère lui rappelait à bien des égards son cauchemar récurrent, notamment en raison des différentes tapisseries. Elle se sentait étouffer, privée d’oxygène avec cette brume odorante. 2. Elle ne devrait pas être ici, sur un territoire dont elle ne connaissait rien et qui pourtant nourrissait sa curiosité grandissante. Son regard balaya chaque objet tandis qu’elle s’avançait vers la table au centre de la tente. Cet endroit semblait être issu d’un autre monde, plus surnaturel qu’humain. Lorsque la voix résonna, Helen sentit son cœur battre une mélodie étrange. Elle obtempéra, éludant la nationalité de l’accent mais non son originalité. Ce fut alors qu’elle fit face à Erato et son visage aussi peu accueillant que rassurant. Son regard semblait la transpercer de toute part et inévitablement, elle posa la main sur la baguette nouée à sa ceinture. Elle prit soudainement conscience qu’elle avait cessé de respirer une poignée minime de secondes. La chose fut vite rectifiée et son assurance nouvellement acquise apparut sur ses épaules et dans son dos qu’elle fit droit contre le dossier.*
« Votre réputation vous précède, Erato, diseuse de bonnes aventures. » souffla Helen avec une amabilité quelque peu méfiante. « Je ne suis pas ici pour connaître mon futur, simplement pour avoir une réponse précise à une question qui me tient particulièrement à cœur. »
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Diane Delacour Admin
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Dim 28 Mai - 13:41
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Lun 5 Juin - 13:05
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]
Le malaise d’Helen Travers s’accrut. La scène sous ses yeux ne la mettait guère en confiance. Deux raisons : d’une part la chose à poils ne lui inspirait que peu confiance et d’autre part le lien avec sa sauveuse avait tout l’air d’être … anormal. Sauf si cette jeune femme n’avait pour vie sociale que la présence de créatures comme ce chat. Ce dont elle doutait, instinctivement. Suspicieuse, Helen s’interrogea sur la fameuse Erato et la contempla d’un regard méfiant. Elle ne s’en cachait absolument. Sa main même avait dérivé sur sa baguette par sécurité. De nos jours, on ignorait quel tour pouvait nous jouer le destin. Helen le soupçonnait de lui en jouer un à cet instant précis. Cette jeune femme, laquelle ne devait pas être plus vieille qu’elle, était dotée d’une beauté troublante voire même effrayante. Son regard n’inspirait pas la sympathie, pour autant, il n’inspirait pas la haine non plus. A la contempler, supposait Helen, on ne pouvait que ressentir une attraction due à la curiosité, ou un certain dédain pour l’aspect insaisissable qui émanait d’elle.
Elle finit alors par ressentir quelque impatience. Elle, qui avait escompté obtenir une réponse aussi simple que rapide, venait d’être bernée de toute évidence. Lentement, elle déplia sa jambe croisée comme prête à se lever et à prendre congé. Sa jeunesse n’arrangeait pas sa patience, surtout lorsqu’elle agissait dans le dos de son fiancé. Soudain la voix voluptueuse de la voyante se fit entendre et la figea dans son élan. « Communauté », un mot qui résonna comme un bombe à son oreille, « notre communauté ». Un choc qui stupéfia de plein fouet la jeune Travers. Helen lui décocha un regard de surprise tandis que sa main restait opiniâtrement sur sa baguette.*
Je vous demande pardon ? questionna-t-elle avec surprise avant de suivre la boule de poils du regard. Il n’a pourtant pas la grâce de Mozart, ne put-elle s’empêcher de répliquer.
*Face à face avec la voyante sorcière – c’était ce qu’elle en déduisait – Helen plissa quelque peu le regard. L’affaire qui l’avait menée ici était d’une haute importance et finalement ses plans venaient d’être mis à mal par la duperie. Profondément agacée et déçue, la jeune future épouse finit par coller les pièces du puzzle une à une, un puzzle très loin de plaire à une certaine loi Rappaport. La fleur de l’âge faisait qu’Helen était assez pointilleuse quant à son métier et ses positions politiques. Elle abhorrait l’idée que des sorcières manipulent les No-Maj’ pour affaire. Cette Erato n’avait pas sa place dans cette foire et pourtant, quelque chose dans cette idée semblait dénoter. On consultait une voyante pour de l’espoir, pour assouvir une curiosité malsaine, pour chercher du réconfort dans l’avenir, une voie à suivre. Etait-ce là le but de cette Erato ? Helen n’aurait su le dire. Devait-elle donc lui donner une amende ? La conduire au MACUSA ? Aucune de ces idées ne lui plut. Ainsi décida-t-elle d’obtenir quelques informations à la place.*
Tout ceci n’est qu’une imposture, n’est-ce pas ? déclara-t-elle d’une voix blanche. Que cherchez-vous exactement ?
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Sam 10 Juin - 19:24
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Ven 23 Juin - 20:45
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]
Sa plaidoirie pour son cher Mozart à poils eut le don de faire naître un rictus chez la sorcière. Helen ne s’était jamais intéressée à la vie de Mozart, cependant elle en admirait les opéras et leur beauté. Un instant, elle se mit alors à imaginer Mr boule de poils couvert de dettes. Son rictus ne s’en agrandit que plus. Grotesque.*
J’évoquais la musique bien entendu, répliqua-t-elle plus pour elle-même que pour la maîtresse de l’animal à poils.
*Puis elle assista à cette scène étrange, à l’image d’une transe d’une courte durée. Les paroles lui parvinrent et elle les reconnût sans même le signifier. Son rictus avait disparu, laissant de nouveau place à son sérieux méfiant.*
Probablement, répliqua-t-elle sans s’étendre sur ce qu’elle estimait vraie.
*Cette demoiselle avait le don de manier ses émotions, tantôt à son avantage, tantôt à son désavantage. A croire qu’elles partageaient quelques pensées, quelques opinions. La future madame Murray ne bougeait toujours pas, immobile dans son analyse de la situation. Ses prunelles brunes l’observèrent silencieusement prendre place face à elle. Nouvelle infraction des règles, bien que celle-ci lui importait que bien peu. Pourtant, sa voix se fit sèche face au ton « taquin ».*
Je devrais. Je suppose que c’est ce que l’on attend de moi.
*Qu’elle lui répondit ainsi, sans animosité, ni moquerie, apaisa la tension éprouvée par la sorcière. Sa main relâcha définitivement sa baguette tandis qu’elle lui prêtait une oreille intéressée. Cette vision, elle la partageait, ainsi inconsciemment – ou presque – elle changea de position, se faisant plus aimable, et naturelle. Des dons et aucune voyance, c’était bien sa veine.*
Voilà une noble cause, soupira-t-elle finalement en apposant ses mains fines sur la table. Le Macusa n’a donc pas besoin de savoir que vous offrez de l’espoir à ceux dépourvus de baguette magique.
*A noter qu’Helen n’appréciait pas employer le terme de « non magique». Et pour cause, elle avait pour conviction que la magie possédait plusieurs formes, plusieurs états et qu’elle apparaissait différemment chez chacun. Etait-ce là un reste de la petite Helen abandonnée ? Assurément. Un cracmol dépourvu de pouvoirs ne le rendait pas moins magique. Mais elle n’avait jamais pu le lui dire… Ainsi avait-elle donc appris à souligner la distinction dès lors qu’elle pouvait se le permettre, autrement dit hors société.*
Ce qui ne vous rend pas moins dangereuse, poursuivit-elle sur le ton de la conversation. Après tout, qui contrôle les sentiments et les émotions contrôle un cœur pour ne pas dire un esprit.
*Elle laissa s’écouler quelques millièmes de secondes avant de reprendre.*
Une legilimens donc, une rencontre à laquelle j’étais loin de m’attendre.
*Une fois encore, sa phrase avait une résonnance personnelle. Helen eut un soupir et finalement, un sourire pour cette demoiselle fort étrange et inhabituelle. Lentement, elle plongea alors son regard dans le sien, comme pour la sonder, comme les rôles étaient inversés. Un rire mi-mélodieux, mi-acerbe s’échappa soudainement de sa gorge. Ce revirement de situation était d’une ironie cruelle, d’une position déstabilisante. Mais surtout, il la mettait en porte-à-faux, coupable de deux crimes. Cette legilimens n’allait faire qu’une bouchée de son secret, de ses cauchemars, de sa vie, et d’une certaine façon, elle se trouvait à sa merci. Pour autant, son angoisse s’était comme volatilisée, entièrement. Helen riait du destin, et finalement, se râcla la gorge pour répondre d’une voix amusée tout en admirant les volutes de fumée si … étonnantes mais pas moins agréables à observer.*
Helen Travers, enfant de l’Ohio. Mais vous devez déjà connaître les détails, non ? Vous devez être particulièrement redoutable dans les mouvements de foule. Arrivez-vous seulement à vous entendre lorsque de nombreux esprits entourent le vôtre ?
*La curiosité venait de balayer toute méfiance. Une legilimens, un atout considérable pour les différents camps politiques s’ils apprenaient son existence. Helen en fronça quelque peu les sourcils à l’idée qu’une si jeune personne ne devienne un jour un objet de convoitise. Si elle admirait son don, elle n’en ressentait pas moins quelques pitiés. L’atteinte à la pensée d’autrui pouvait aisément se retourner contre nous, d’une façon ou d’une autre, sans parler d’un brouhaha permanent, du moins était-ce ce qu’elle supposait. Parvenait-elle à entendre également l’esprit des bêtes ? Helen se rapprocha un peu plus de cette Erato et la contempla longuement. Non de ce même regard qu’aurait un homme devant une bête de foire, mais d’un regard bien plus sincère et analytique.*
Si jeune, isolée en pleine foire, avec un chat peu commun et un gnome aussi grotesque que peu avenant, sourit la fiancée. Je ne vous apprends rien, mais je pense ne pas me tromper en vous estimant unique en votre genre, et destinée à bien plus que vous ne le laissez présager. Il me faut cependant savoir une chose, poursuivit-elle d’une voix aussi sérieuse que douce, mes secrets sont-ils en lieu sûr avec vous, Erato, maîtresse de Mozart ?
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Ven 30 Juin - 15:24
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Ven 7 Juil - 23:17
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]
Veuillez m’en excuser dans ce cas.
*Effectivement, la vision d’Helen était erronée, pardon pour elle. A sa décharge, on ne croisait pas une légilimens à tous les coins de rue, pour ne pas dire que la demoiselle face à elle, était une denrée rare. Consciencieusement, Helen demeura silencieuse et écouta l’envers du décor, le prix d’un tel don. Tout n’était qu’une malédiction et de cela, elle s’excusait. Pourtant, il y avait quelque chose de fascinant dans les explications de sa consoeur sorcière. Quelque chose qui titillait non pas l’intérêt de la future épouse, mais sa curiosité. Si bien qu’elle écoutait sans réellement entendre ou du moins n’entendait-elle que ce qui l’arrangeait, comme tout à chacun. Son inconscient cherchait encore à se protéger.*
Alors vous apprendrez sûrement à me lire comme un livre ouvert si vous demeurez à mon contact, railla-t-elle légèrement sans assumer la révélation qui venait de lui être faite.
*Un certain sourire flottait sur ses lèvres. Il était identique à celui des enfants dès lors qu’on leur contait une histoire plaisante. Or il devenait de plus en plus doux, empathique dès lors qu’Helen prenait conscience de ce qui lui échappait. Ce qu’elle avait souhaité être une dose d’humour était en réalité bien plus proche de la vérité que ce qu’elle n’avait cru. Gênée, la sorcière toussota quelque peu avant de tiquer sur le terme « addiction », un terme si dangereux lorsqu’il était prononcé avec « passion ».*
Et qui se révélera très intéressante si quelqu’un venait à apprendre votre existence et plus précisément l’étendue de votre don, enchaîna-t-elle alors à la suite de la sorcière. Vous me permettrez ce conseil : n’évoquez jamais cette « addiction ». Bien trop d’oreilles intéressées traînent dans les rues newyorkaises et si les loups semblent encore endormis, paisibles, ils n’en sont pas moins tapis dans l’ombre.
*Ses dernières paroles avaient été prononcées d’un ton quelque peu désabusé. En réalité, Helen en ressentait plus de l’agacement, car face à tant de mensonges, sa solitude s’était accrue. Personne à qui se fier ou se confier autre que cet homme qu’elle aimait sincèrement. Helen ne connaissait pas l’amitié, fait dont elle avait parfaitement conscience et dont elle souffrait.*
Pardonnez-moi, se reprit-elle dans un sourire, je m’adresse à vous comme si vous ignoriez l’étendue de la situation. Votre regard semble suffisamment perçant et enclin à l’observation. Ce monde d’apparences et de mensonges doit d’ores et déjà s’être dévoilé un minimum à votre expertise.
*Puis elle se figea, soudainement recroquevillée sur elle-même à l’intérieur. Le visage d’Helen Murray devint livide aussi blanc qu’un linceul. Percée à jour, ses doigts étaient crispés sur sa robe. Un bref instant, la sorcière ferma les yeux pour refouler les images qui l’assaillaient comme à chaque fois qu’il était question de son frère. Un long frisson glissa sur son échine et difficilement, elle se reprit.*
Un monde où les préjugés vont bon train, disais-je, où trouver sa place semble une tâche ardue et un combat sans fin, poursuivit-elle d’une voix blanche. Mon frère a cru bon de trouver son chemin en Dieu, faisant je suppose, de nous, des … créatures du Diable. J’avais cinq ans à cette époque et je ne l’ai pas revu depuis en dépit de mes nombreuses recherches. Mes cauchemars semblent pourtant me déconseiller d’un jour croiser sa route pavée de prières et de sermons.
*Lentement, Helen sortit de son sac la vieille lettre de son enfance, soigneusement raflée à sa mère, jaunie sur les coins et dont les traces de larmes maternelles demeuraient. Sa main tremblait très légèrement, mais sa détermination régnait dans son geste. Pour quelle raison permettait-elle à cette inconnue de parcourir son noir secret ? L’instinct. Tout n’était toujours qu’une question d’instinct, et celui d’Helen devenait virulent avec l’âge. Ses yeux d’apparence impassibles se posèrent sur la lettre. Elle avait fini par en ressentir un minimum de dégoût. L’âge lui avait fait comprendre l’étendue du dédain fraternel à son encontre, à quel point, il l’avait reniée par un choix tout à fait conscient. Durant des années, elle lui avait cherché des excuses, jusqu’à en créer, même. Aujourd’hui encore, elle s’imaginait parfois le raisonner, lui montrer sa vie, son cœur … jusqu’à se rappeler quelle créature démoniaque elle avait toujours été à ses yeux, sans nulle raison, que sa magie.*
Une part de moi lui cherche toujours des excuses. J’ignore quelle place lui donner dans ma vie. C’était la raison de ma visite, lâcha-t-elle dans un très léger sourire. Dans toutes vos visions, n’avez-vous jamais encore croisé son nom ? Ici ou ailleurs. Votre accent est agréable à l’oreille. Européen ?
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Sam 8 Juil - 13:23
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] Dim 9 Juil - 15:16
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]
J’en ai bien peur, répondit-elle d’une voix douloureuse d’où suintait un mélange de rancœur, de tristesse et de colère.
*Durant l’espace de quelques secondes, Helen Travers se mordit violemment la lèvre, comme pour se retenir d’exprimer tout ce qu’elle taisait depuis bien trop d’années maintenant. Mais elle ne tint pas, elle ne pouvait, et qui aurait pu l’en blâmer ?*
J’aurais pu l’aider, le rassurer ! explosa-t-elle enfin en se levant, appuyant ses exclamatives de ses cent pas. Ma mère a tant bien que mal essayé, mais sa maladresse, je le comprends aujourd’hui, n’a fait qu’accroître son malheur. Je n’étais qu’une bambine, Miss Erato. Qu’une simple bambine et pourtant, je lui aurais donné tous mes pouvoirs s’il me les avait demandés, je m’en serais séparés si j’avais pu garder mon frère à mes côtés. Seulement Dieu s’est montré plus convaincant, plus persuasif en réalité. Qu’avait-il à offrir plus que moi ? La rédemption, le salut de l’âme ? J’ai lu tous ces pauvres livres bibliques et religieux, j’ai lu tout ce qu’il y avait à y lire. Et savez-vous ce que j’y ai trouvé ? Un espoir aussi malsain que mensonger, une duperie sans nom et … il ne m’a même pas laissé une chance.
*En réalité, Helen n’avait strictement rien contre les croyants ou la religion, bien qu’elle-même ne partageait pas ces convictions. Cependant, elle tenait Dieu pour responsable de la fuite de son frère, de son abandon voire de sa lâcheté. Dieu avait brisé sa famille et cela, elle ne lui pardonnerait jamais. Sa haine envers la divinité était difficilement soutenable à l’image de ses mains serrées ou de son regard aussi noir que l’encre. Pour la première fois, elle exprimait enfin sa rage à son encontre. Et Dieu, justement, savait à quel point cela la soulageait d’extérioriser ainsi ses sentiments.*
Nos parents n’étaient pas parfaits, continua-t-elle avec un peu plus de calme en venant se rasseoir. A vrai dire, ils étaient plutôt maladroits et manquaient cruellement de tact, mais jamais ils ne m’ont aimée plus qu’Edgar. Ils voulaient le bonheur de leur fils et souffraient de sa condition. Non pour ce que ça impliquait pour eux, mais pour ce que ça impliquait pour Edgar. Ils avaient conscience du mal être de mon frère, mais jamais ils n’auraient imaginé ce départ. Naïvement, ils pensaient leur amour et notre famille suffisants, railla-t-elle dans un petit rire aussi attristé que moqueur. Eux non plus n’ont pas eu de réelle chance.
*Helen eut un sourire sincère quoi que voilé lorsqu’elle apprit les origines de sa future amie. La France, pays si lointain, dont on continuait de chanter les louanges. Pays des Lumières et des libertés, un oasis de paix pour bien des Occidentaux et Orientaux, peut-être erroné.*
On chante les louanges de Paris. Je ne m’y suis jamais rendue… précisa-t-elle avec douceur Oui, allez-y, je vous prie.
*L’épouse expira lentement pour calmer son rythme cardiaque.*
Faites donc, permit-elle sans se douter de la décision de la legilimens.
*Elle ne l’arrêta pas, n’esquissa même pas un geste. Ses lèvres scandaient chaque mot connu par cœur avec l’usure. Ses yeux, bien que baignaient de larmes, étaient rivés sur la jeune femme. Helen revivait chaque souvenir avec une violence terrible. Elle revoyait ses espoirs à la fenêtre, ses paroles rassurantes destinées à sa mère, ses appels nocturnes quand elle cauchemardait. Edgar n’avait jamais quitté ses rêves. Edgar ne l’avait même jamais quittée. Probablement parce qu’elle n’avait pu faire son deuil, elle n’avait pu renoncer sans un réel aurevoir, face à face. L’enfant avait payé cher les larmes continuelles de sa mère, et bien que son père cherchait à compenser, l’enfant savait qu’elle n’avait pas eu autant d’amour maternel que bien des enfants. Edgar en disparaissant le lui avait arraché, laissant leur mère dans une culpabilité maladive. Puis son prénom advint et la rancœur empoigna de plus belle le cœur de la sœur esseulée, reniée. Elle n’avait jamais eu la moindre chance. Jamais. Mais elle ne l’avait accepté que bien plus tard, lorsqu’enfin elle avait pu mettre la main sur cette lettre, et lorsqu’elle avait fait le choix de ternir son âme pour absoudre celle de son frère. L’enfant modèle n’avait jamais été et ne le serait jamais. Ce fut pour cette raison que l’intervention d’Ethan Murray dans sa vie fut une véritable bénédiction. Il lui donnait un amour nécessaire, pur et dépourvu de jalousie à son égard. Il partageait avec elle, la considérait et passait des heures à écouter ses avis, ses envies, ses rêves. Plus que son futur époux, il avait accompli tout ce qu’Edgar n’avait jamais été capable de faire. Helen finit par rouler des yeux et souffler d’exaspération.*
[Il n’est pas certain que l’adulte soit devenu plus paisible…
*Puis lentement, au fur et à mesure des paroles de la diseuse de bonnes aventures, Helen sourit d’un sourire sincère et amical. Elle se râcla davantage la gorge pour se reprendre et finalement répliqua avec un léger amusement enfantin.*
Vous aideriez donc une inconnue au frère totalement dévoué une cause qui jadis nous a voulu mort ? Soit vous êtes folle, soit vous êtes masochiste, ce qui expliquerait le gnome de l’entrée. Dans les deux cas, vous avez ma gratitude et mon silence quant à votre don.
*Lentement, la jeune future épouse se leva, et se détourna pour relever un pan de la tombe et observer la foule grouillante sous le ciel noirâtre.*
Des heures sombres s’annoncent, pour demain comme dans les années à venir, annonça-t-elle dans un soupir. Et peut-être ma proposition apparaîtra-t-elle comme de la précipitation, seulement mon instinct ne se trompe que très peu… Je serais ravie de les affronter à vos côtés. La solitude ne me pèse que trop, et je pense être un livre suffisamment épais pour que vous ayez à satiété. Qu’en dites-vous, Erato ?
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Sujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]
[Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]