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 [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril 1928]

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Père Edgar
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Père Edgar

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MessageSujet: [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril 1928]    [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril  1928]  EmptySam 8 Juil - 14:07


Une faim de loup




« Chères brebis égarées, le sermon de cette après-midi s’achèvera sur quelques mots résumant nos heures passées ensemble aujourd’hui. N’oubliez pas mesdames ce que je vous ai répété. Si vos maris vous corrigent de temps à autre, c’est tout à fait normal. Il est nécessaire quelque fois de vous remettre dans le droit chemin. Semblable à une piqûre de rappel la douleur infligée par la discipline maritale est nécessaire pour vous ouvrir les yeux sur vos sottises ordinaires. Votre rôle est clairement défini par votre condition de femme, votre statut n’évolue pas, dans le sens d’augmentation de titre, lorsque vous devenez une épouse, mais vous avez d’autre tâches à accomplir avec une assiduité à toutes épreuves selon ce que vous dicte votre conjoint : accomplir le devoir conjugal – ce qui ne devrait pas être une plaie pour vous autres débauchées -, appui en toute circonstance vers votre mari, silence en présence d’autres hommes si l’on ne vous a pas accordé le droit de parole, devoir de reproduction pour perpétuer le nom de votre époux, élever vos enfants, leurs failles et erreurs seront les vôtres, toutes tâches ménagères … vos obligations sont diverses et variées, mais toutes à respecter. Voilà ce qui vous est principalement demandé. Répondez aux attentes masculines et ils n’iront pas voir ailleurs. Si votre époux commet l’infidélité, vous êtes pécheresse sur la même échelle de gravité que lui, ne serait-ce que pour n’avoir pas su le satisfaire.  Ce sera tout pour ma part en ce jour. J’espère que je ne serai pas dans l’obligation de me répéter sur ce sujet dans les semaines à venir sous prétexte que l’une de vous se retrouve avec un hématome au visage, cela s’efface, la douleur passe, le souvenir reste, dans cette pensée gravée en vous réside la leçon que l’on a voulu vous transmettre. Je vous libère de mon sermon mes enfants, soyez raisonnables, aimez-vous et ne venez pas importuner l’église Saint Tobias par ces enfantillages. »

Les derniers mots prononcés, l’homme de foi tourna le dos à son assemblée et disparut après plusieurs pas par la porte arrière de l’église. Rares étaient les fois où il raccompagnait ses fidèles à la porte, il préférait généralement monter les marches de l’escalier avec hâte afin de surveiller les rampants du haut des remparts du cloître.

Comme à son habitude le père était déjà posté sur les hauteurs de pierres alors que les premières âmes égarées évacuaient le lieu saint dans un brouhaha sans fin. Les époux sortaient dominants, le sourire aux lèvres, le visage triomphant, plusieurs un d’entre eux attendaient la parution de leur épouse, certains d’entre eux pour les prendre dans leurs bras, d’autres pour leur tirer l’oreille, les autres restaient entre eux à céder leurs secret personnel sur leur correction aux célibataires ou aux nouveaux amants pas encore liés par les liens sacrés du mariage. Les femmes semblaient troublées, la majorité était résignée, pour celles que les paroles du révérend révoltaient, elles avaient tout de même la tête basse, pour ne pas s’attirer les foudres masculines une fois encore. L’ecclésiastique était satisfait du spectacle qui s’offrait devant lui.

Les fidèles quittaient lentement la butte de l’église Saint Tobias et s’éparpillaient dans la nature. Alors que leur père venait de sermonner leur esprit pendant plusieurs longues heures, Ross Spears ne semblait pas avoir tout enregistré puisque ce dernier se dirigeait vers le Corset délacé dont il poussa les portes qui étaient aussi légères que les mœurs des personnes qui y travaillaient. Edgar remonta ses manches, les dés en était donc jetés.





Quelques heures plus tard, dans les souterrains de l’église, Ross ouvrit les yeux, il était étendu sur une couche de paille épaisse. C’est sans une once de panique qu’il observa longuement le coin où son corps s’était probablement assoupi. Une autre personne se serait déjà mise à hurler d’angoisse mais pas Ross. Son alcoolisme l’avait déjà fait s’échouer dans des lieux et postures bien moins confortables. La lumière était artificielle, orangée et chaleureuse, elle émanait d’une ampoule à filament. L’endroit était impeccable, aussi propre que dans les sanatoriums, la pièce sentait le désinfectant et le vinaigre, aucune bactérie ne devait y survivre plus d’une heure.  S’il n’était pas allongé sur un lit de paille, sur des dalles de pierres froides, il aurait pu se croire à l’hôpital tant l’habitat était impeccable. La personne qui devait tenir le lieu devait être d’une maniaquerie extrême. Le malheureux tenta de se redresser mais une douleur vive au niveau de la boite crânienne l’en dissuada immédiatement. Il glissa sa main dans le peu de chevelure qui lui restait, ses doigts se heurtèrent à une bosse saillante. Cette protubérance irritante devait être liée à une chute, ce n’était pas la première, son état était désastreux.  De son matelas d’infortune il ne pouvait apercevoir que peu de choses. Un interminable plan de travail qui naissait d’un pan de mur pour y mourir dans le pan opposé. Le luminaire était disposé au-dessus d’une porte en bois fermée Un grésillement prompt, le filament mourut et avec lui la lumière en laissant derrière lui l’ivresse et la honte en proie à l’obscurité. Dans l’ombre l’on pouvait discerner les battements d’un cœur soudainement apeuré, un rythme respiratoire accéléré. Les secondes semblaient s’égrener au ralenti, plusieurs minutes s’écoulèrent avant que le silence ne soit perturbé par l’abattement de la porte contre la cloison de pierre. Une voix grave, menaçante, accusatrice s’éleva dans les ténèbres tandis que la résonance des pas qui se rapprochent s’intensifiait.

« Ross, putride immondice tu répudies la race humaine, tu lasses notre Seigneur. Tes péchés sont outrageusement abondants. J’exècre les bactéries comme toi, je les renvoie à l’abîme infernal auquel elles appartiennent. Le salaire du péché est la mort, en enfer je t’expédie !»

Le son d’une allumette grattée, la flamme se rapprochant du visage du Père en soutane, ses lèvres retroussées dévoilant un sourire carnassier, la mèche d’une lanterne à essence prenant feu,  la croix de bois s’abattant sur l’hématome de sa boîte crânienne, étaient les dernières choses que l’esprit du pauvre Spears aura pu percevoir avant de s’éteindre, à jamais.





Dieu seul savait à quel moment le cadavre gonflé –mais pourtant plus léger de ses deux poumons- du divorcé Ross Spears, père de famille renié par ses enfants et les siens à cause de son alcoolisme notoire ferait surface à Newtown Creek, point aquatique stratégique situé entre trois des quartiers de New-York, mais relié au cinq grâce au trois cours d’eau les unissant.



Dieu seul savait que son intendant sur terre avait profité d’une violente dispute conjugale entre l’ancienne femme de Ross Spears et son actuel mari pour dissimuler pièces à conviction et meurtre.



Dieu seul savait ce qu’en cet instant le Père Edgar dégustait pour reprendre des forces après une courte nuit de sommeil paisible.

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Jane K. Conrad
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MessageSujet: Re: [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril 1928]    [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril  1928]  EmptySam 8 Juil - 21:57

Une faim de loup ou la dette d'une brebis enragée.
Mi-avril. Elle n’avait pas encore honoré sa promesse. Pourtant, elle y pensait souvent, celle-ci se rappelant régulièrement à son esprit comme une sentence divine. Ce n’était pas tant en raison d’une mauvaise volonté de sa part que par une accumulation d’événements inattendus. Jane ne contrôlait plus rien de sa vie depuis quelques semaines, depuis un certain homme, en réalité. Et pour la première fois, les discussions avec Sanguini ne lui étaient pas d’une grande aide. Oh, il était d’une clairvoyance étonnante mais celle-ci se révélait étouffante dès lors qu’elle concernait son intimité. Par les vérités qui émanaient de ses lèvres vampiriques, non seulement le vampire s’attachait la sorcière mais il semait également le doute dans son esprit, et la méfiance. Etonnamment, nulle parole n’avait plus d’impact que les siennes. Pour quelles raisons, me direz-vous ? Car n’était-ce pas incongru d’accorder autant d’importances à des mots aussi vieillots que vampiriques, aussi obsolètes et ringards ? Sauf que pour la romantique qu’était Jane, la créature des ténèbres n’était rien de tout cela. A l’image des personnages de roman qu’elle avait connus dans sa jeunesse, l’infirmière voyait en son ami, une parole sage, un regard du passé, celui-là même qui tentait – avec maladresse – de sauvegarder et d’enseigner les valeurs de son temps, de son monde. Le vampire manquait cruellement de tact, mais de tous, il avait selon Jane, le cœur le plus pur. Et cela faisait toute la différence. Si bien que Jane avait fini par réfréner la passion naissante en son sein pour le botaniste. Elle continuait de se donner à lui, hors mariage, d’éprouver sensations et sentiments, intérêt et curiosité, mais en son cœur demeurait une certaine distance, des graines de méfiance. Ainsi sa vie n’était-elle plus qu’un chemin brumeux, à l’avenir incertain.

C’était cette crainte de demain qui avait empêché Jane d’honorer sa promesse. L’infirmière craignait le Père Edgar, craignait cette Eglise terrifiante et la froideur qui y régnait. Elle craignait d’autant plus ce qui pourrait en ressortir si jamais elle s’y aventurait de nouveau, seule et l’esprit en proie aux tourments. Alors avait-elle attendu, et maintenant qu’elle apprenait à contrôler sa métamorphose, elle se sentait plus apte à affronter son destin ou plutôt cette dette Fletcherienne. Si ce truand avait dû tout oublier de cette journée, ce n’était absolument pas le cas de Jane, qui continuait à le maudire avec cœur, colère et tristesse.
Ce matin-là, elle avait escompté participer à la messe, seulement, une urgence à l’hôpital l’en empêcha. Un enfant manqua de trépasser, mais c’était sans compter l’intervention de Jane et de son amour maternel pour ses petits prétendants. Les mains baignant dans le sang, elle le sauva de celles de Dieu.

Cinq heures plus tard, elle avait à en découdre avec le divin. Après une douche bien méritée, l’infirmière boutonnait son chemisier blanc par-dessus son pantalon noir. Elle noua une écharpe épaisse autour de son cou puis son trench afin de dissimuler les quelques formes qui pouvaient transparaître. La peur avait quitté son regard. La jeune femme voulait des réponses et escomptait bien en obtenir, de gré ou de force. Dieu la voulait sous sa tutelle ? Ainsi soit-il, il devrait en répondre avant toute chose.
16h00. Pas une seconde de plus ni une seconde de moins. Jane faisait face au sombre édifice. Si une boule de nervosité régnait en son ventre, l’infirmière n’envoya aucun mot à quiconque. Non qu’elle n’y pensa pas, mais elle s’y refusa. Elle s’échapperait d’une façon ou d’une autre. C’était une affaire entre elle et le Divin. Rien de plus. Et par-dessus tout, elle ne voulait en aucun cas, se faire infantiliser par un homme qui – elle le supposait – la pensait d’ores et déjà acquise.

Jane s’avança d’un pas décidé dans l’allée. Elle ne s’arrêta pas avant d’avoir poussé les grandes portes de tout son poids. Rien n’entraverait sa détermination. Rien ne le devait. Et si pendant un instant elle serra sa baguette, Jane relâcha toute pression pour laisser ses mains à découvert. Le dos droit, elle s’avança d’un pas lent, cherchant le Père de son regard. Quelque chose en elle, peut-être l’instinct, lui fit pressentir qu’elle n’avait pas à s’annoncer, qu’il la savait déjà là. Ses yeux bruns se posèrent alors sur les différents vitraux, sans une once de sentiments, le sang de l’enfant entachant toujours son esprit. Tout son corps lui hurlait pourtant de repartir, mais sa raison tout comme son cœur étaient déterminés à obtenir le fin mot de cette histoire biblique. Au diable le reste …*

Vous me vouliez ici, déclara-t-elle à celui qui voudrait l’entendre tout en laissant son regard planait sur les vitraux, me voilà. Maintenant, il est l’heure des réponses, après tout ce temps, vous m’en devez bien, Seigneur, poursuivit Jane d’un ton mi-implorant mi-accusateur mais entièrement dépourvu d’arrogance.
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Père Edgar
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MessageSujet: Re: [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril 1928]    [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril  1928]  EmptyLun 10 Juil - 0:16


Une faim de loup







Après son petit déjeuner bien vitaminé, le Père Edgar avait jonglé entre ses activités coutumières, quotidiennes et domestiques, et ces affaires personnelles emplies de curiosités. C’est ainsi, la panse bien remplie qu’il passa de longues heures dans son jardin. Il était agréable pour lui de remarquer que le sol était déjà quasiment aussi fertile qu’a son ancien potager texan. La saison potagère était riche en cette mi-avril, plusieurs tâches étaient exigées, et toutes les plantes sollicitaient son attention. Il sema de nombreuses espèces comme les diverses courges, les concombres et autres cucurbitacées,  les choux, les fraises et bien d’autre encore. Les tomates lui donnèrent du fil à retordre. Il s’était autorisé cette année à planter les semis, qu’il avait fait pousser lui-même, plus en avance et les plans avaient bien poussés. Il prit donc du temps pour installer sous la serre, où il faisait déjà en cette belle matinée, une chaleur étouffante, un tuteur par plan pour que les tiges ne soient par fragilisées lorsque les fruits feront leur apparition. La récolte du jour fut fructueuse, il put ramasser des jeunes pousses de roquette,  des asperges et des poireaux, ainsi que des brocolis. Les oignons blancs étaient presque mûrs, il leur laissa encore une belle semaine de soleil avant de prélever à la terre à leur tour.


Notre prêtre retrouva la fraîcheur du cloître, mais avant de se dépoussiérer il s’assit dans le cloître et tria ses légumes, il en avait en quantité abondante, il irait en vendre plusieurs kilos pour ne pas gaspiller les denrées. Il lui faudrait trouver une sorte de marché pour proposer ses paniers garnis, dans le Queens, des renseignements seront à demander dans le voisinage.

Une fois propre, lavé de la terre qui l’avait souillé mais également vidé de sa semence impure, il prit sa soutane pour se vêtir et retourna à ses appartements. Il prit place derrière son bureau. La douche et la masturbation qu’il s’était offerte lui avait fait repenser au missel d’Erato. Plutôt, le fait d’avoir pensé au missel, lui avait fait penser à madame, et cela lui avait donné envie de branler sa verge. Il sortit le livre abîmé de son tiroir et le renifla. L’odeur du sang, de la poussière, de l’encre, de la vieillesse, des pages et du cuir, autant de choses qu’il aimait plus les unes que les autres… et ce subtil parfum de femme. Celui d’Erato.

Erato.

D’entre ses lèvres fines était sorti son nom en un murmure. Il ouvrit le missel. Il était en français et en latin, deux langues qu’il maîtrisait avec assez d’aisance. Les pages étaient jaunies par le poids des années. Certains passages semblaient être plus abîmés, les feuilles étaient écornées par endroit, comme si certains chapitres avaient été plus lus que d’autres. En le feuilletant rapidement il put apercevoir que des lignes entières avaient été soulignées au porte-mine. Il allait étudier chacun des paragraphes accentués par ces traits de crayon qui révélait l’intérêt d’Erato. Alors qu’il allait commencer ses observations un vacarme sourd l’appela.

Les gonds de la porte de l’église pivotèrent, et tinrent parfaitement leur rôle d’alarme. Quelqu’un venait de pénétrer dans l’église. Le signal était efficace, le prêtre rangea le missel dans le tiroir, le ferma à clé, et la remit autour de son cou, suspendue au moyen d’une cordelette en cuir tressée. Silencieusement, il rejoignit le confessionnal par la porte dérobée et observa son lieu de culte abusé par une présence qu’il n’attendait pas.

L’intruse venait de dépasser la pièce aux aveux. L’ombre de la silhouette obscurcit un instant la chambre dans laquelle se tapissait le démon. Il prit une grande inspiration, un parfum féminin, une fragrance de savon de Grasse importé, pas de poudre, pas de maquillage, rien que du naturel. L’avait-il déjà rencontrée, il n’aurait su le dire en ne se fiant qu’à son odorat.

Vous me vouliez ici, me voilà. Maintenant, il est l’heure des réponses, après tout ce temps, vous m’en devez bien, Seigneur.

La voix s’éleva dans l’église. La femme ne s’adressait pas à lui directement mais à Dieu ; quel outrage. On n’interpelle pas le seigneur de la sorte, c’était inadmissible. Edgar réfléchissait rapidement. Cette voix, ce n’était pas celle d’Erato, ni celle d’Onyx… « Pense, pense, pense… »  Il l’avait déjà entendu. Il ne s’agissait pas non plus celle de la femme battue qui avait causé souci à la messe il y a quelques jours à cause de son hématome à l’œil, l’ex compagne de Ross Spears, non ce n’était pas elle non plus.  «Réfléchis Edgar, réfléchis… » La femme de la boite vocale, celle qu’il avait dû appeler il a quelque mois, mais oui,  c’était elle la voix qu’il avait déjà entendu. « Jane… Jane… Jane Conrad! »

Il pouvait à présent sortir de sa cachette en approchant à pas feutré d’elle par derrière. La jeune femme avançait d’une démarche décidée au milieu de la nef, elle s’arrêta devant les vitraux de Saint Tobias. A moins d’un mètre de son dos il se posta, elle aurait pu si elle l’avait voulu, sentir sa respiration dans le creux de son cou.

Jane, mon enfant, il n’est jamais trop tard pour honorer une promesse. En revanche, apostropher le Seigneur de la sorte n’est pas correct, et je ne tolère pas que ce genre de propos soit déclamé dans mon église, est-ce clair ?

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Jane K. Conrad
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MessageSujet: Re: [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril 1928]    [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril  1928]  EmptyLun 10 Juil - 14:51

Une faim de loup ou la dette d'une brebis enragée.
Elle ne le vit pas venir. Mais son instinct était affolé. Jane se doutait de l’approche. Elle était la brebis égarée dans un lieu sacré tenu par un prédateur peu commun mais des plus dangereux, elle en était convaincue. Peut-être aurait-elle dû s’informer davantage sur cet homme d’Eglise. Seulement Jane n’appréciait que peu les a prioris. Comment un homme d’Eglise pouvait-il se nourrir du danger, de la peur de ses fidèles quand Dieu se disait être d’amour. « Aimez-vous les uns les autres », n’était-ce pas là ce qu’ils clamaient tous ? Téméraire elle n’était que trop. Pourtant, une part d’elle semblait convaincue – à tort qui sait – que le Père Edgar ne laisserait pas une telle opportunité passer. Elle venait l’entendre, recevoir ses idées. N’était-ce pas là l’occasion pour eux de s’affronter dans la paix et la parole ?
La naïve enfant sentit alors son souffle dans sa nuque, ce qui lui hérissa tous les poils de sa peau découverte. Ses croyances, elle les abandonna soudainement, plus aussi sûre de la prétendue dévotion du Père pour son Seigneur. Nonobstant, son courage obstiné ne prit quant à lui pas la fuite, renforcé bien au contraire par les paroles de l’homme d’Eglise. La tolérance … Quelle hypocrisie. Pour autant ce fut sur le terme « correct » qu’elle s’arrêta avec effronterie et calme. L’homme qui la soumettrait n’était pas encore né (sans exception !).*

Peut-être pourriez-vous alors mon Père me définir le terme « correct », répondit Jane d’une voix plus inflexible que précédemment. Souhaitez-vous donc m’enseigner la politesse tandis que vous murmurez à l’insu de mon regard, comme une ombre planant sur mon « salut ». Qu’est-ce donc que le « correct » ? Est-ce le bienséant ? Celui-ci voudrait que vous vous teniez à distance raisonnable d’une femme. Est-ce ce qui se rapproche le plus de la notion de « bien » ? Et alors peut-être pourriez-vous m’expliquer pourquoi ce matin encore un enfant baignait dans son sang. Ou bien le terme « correct » fait-il équivoque aux valeurs inculquées à tout à chacun ? termina-t-elle en faisant volte-face pour plonger ses prunelles dans les siennes. Alors peut-être mon Père seriez-vous plus à même de m’entretenir sur la raison pour laquelle certains parents préfèrent renoncer à leur devoir parental plutôt que de veiller sur leur enfant malade.

*D’un signe de tête, l’infirmière le salua avec politesse, tandis que subtilement, elle se reculait d’un pas ou deux afin de ne pas se sentir surplombée. Jane le toisa une poignée de secondes, avant de poursuivre plus poliment.*

Ma langue n’emploie peut-être pas les formes, mon Père, mais notre Seigneur n’a nul doute à avoir sur la franchise de mon cœur et la sincérité de mon propos, de ma détresse. Préférez-vous un verbe bienséant ou la pureté d’un cœur venu tenir parole, mon Père ?

*Etrangement rester immobile face à lui la mettait mal à l’aise, comme si elle perdait sa liberté de mouvements. Or Jane avait besoin de se sentir libre, raison pour laquelle elle rompit le contact pour parcourir d’une démarche lente les différents vitraux.*

Veuillez m’excuser si je blesse votre juridiction, ce n’est pas là une volonté d’insolence de ma part, s’excusa-t-elle avec une réelle sincérité. J’ai sauvé une vie de justesse ce matin et mon être entier en porte encore les marques.

*Finalement, elle s’arrêta de nouveau et lui fit face, le regard aussi curieux que perçant. Jane était dans l’expectative et curieuse de savoir jusqu’où elle pourrait tenir une conversation avec l’homme d’Eglise sans qu’aucun combat réel ne s’engage. Après tout, un soupçonné de Salem ne pouvait qu’être imprévisible et belliqueux en son sens.*

Lors de notre dernière rencontre, reprit-elle d’une voix douce, vous me trouviez égarée, en proie à des tourments. Toléreriez-vous d’avoir une conversation véritable, avec moi, mon Père, ou sommes-nous prédéterminés à nous opposer par une méconnaissance entière et totale de nos deux esprits, de nos convictions ?

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MessageSujet: Re: [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril 1928]    [Libre & Edgar] Une faim de loup.[17 Avril  1928]  EmptyDim 10 Sep - 21:41


Une faim de loup







Peut-être pourriez-vous alors mon Père me définir le terme « correct »,  Souhaitez-vous donc m’enseigner la politesse tandis que vous murmurez à l’insu de mon regard, comme une ombre planant sur mon « salut ». Qu’est-ce donc que le « correct » ? Est-ce le bienséant ? Celui-ci voudrait que vous vous teniez à distance raisonnable d’une femme. Est-ce ce qui se rapproche le plus de la notion de « bien » ? Et alors peut-être pourriez-vous m’expliquer pourquoi ce matin encore un enfant baignait dans son sang. Ou bien le terme « correct » fait-il équivoque aux valeurs inculquées à tout à chacun ?  Alors peut-être mon Père seriez-vous plus à même de m’entretenir sur la raison pour laquelle certains parents préfèrent renoncer à leur devoir parental plutôt que de veiller sur leur enfant malade.

Il écouta sa tirade d’une oreille distraite et blasée. Ce n’était pas la première fois qu’il entendait ce genre de discours, articulé par la même voix. Cette logorrhée aurait pu être appréciable si elle n’était pas scandée sur un ton de reproche, de dégoût et de haine. Edgar avait pitié de cette pauvre âme, ce n’était pas sa faute si l’animosité qu’elle entretenait pour le Puissant continuait à accroître.

La jeune dame recula subtilement de deux pas comme pour s'éloigner, se dérober devant le regard divin. Était-ce la proximité du père et de sa foi qui l’apeurait ou simplement celle d’un homme qui effrayait la jeune femme, celle-ci entretiendrait-elle des penchants inavouables et damnables ? Si tel était le cas il lui faudrait laver la vile créature de ses péchés, et pour ce genre de convergences, il avait une solution miracle, la con-versation.

Ma langue n’emploie peut-être pas les formes, mon Père, mais notre Seigneur n’a nul doute à avoir sur la franchise de mon cœur et la sincérité de mon propos, de ma détresse. Préférez-vous un verbe bienséant ou la pureté d’un cœur venu tenir parole, mon Père ?

Ce n’était pas la seule de ses brebis à croire qu’il était responsable de tous les actes du Seigneur. Alors que la bougresse continuait à blâmer les réactions de l’éternel, notre homme d’église commençait à se lasser et à songer à d’autres choses plus douces à son esprit. L’accusatrice devait avoir de la famille, un proche, quelque chose auquel elle tenait particulièrement, en faisant disparaître ce quelque chose ou ce quelqu’un elle aurait des raisons véritables pour débattre de la violence du Seigneur-tout-puissant. Edgar devait avoir une nouvelle discussion spirituelle avec son maître supérieur pour décider de tout cela.

Veuillez m’excuser si je blesse votre juridiction, ce n’est pas là une volonté d’insolence de ma part. J’ai sauvé une vie de justesse ce matin et mon être entier en porte encore les marques.  Lors de notre dernière rencontre,  vous me trouviez égarée, en proie à des tourments. Toléreriez-vous d’avoir une conversation véritable, avec moi, mon Père, ou sommes-nous prédéterminés à nous opposer par une méconnaissance entière et totale de nos deux esprits, de nos convictions ?

L’apostrophe rappela Edgar à l’ordre, il n’était pas très assidu dans cette conversation à sens unique, il reporta de ce fait son attention entière aux paroles de son interlocutrice, inspira et parla.

Ma chère brebis égarée, sachez que toutes les créatures à qui notre Dieu fit don de la vie sont mes enfants, découle de cette affirmation l’importance pour moi de vous écouter, tous, fidèles ou simple visite, vous êtes pour moi tous aussi importants que vous l’êtes aux yeux du Seigneur. Je serai ravi de converser avec toi Jane, et je ne me dérobe pas quant à la proposition que je te fis autrefois. Souhaites-tu que l’on s’installe sur les bancs de l’église dans la nef ?


Le Père ne prit pas le temps d’attendre la réponse de son hôte pour s’installer sur l’un des nombreux sièges que proposait la nef. Après tout, depuis quand les êtres du sexe faible pouvaient-il prétendre à l’attention du sexe fort ?  

La jeune femme ne fut pas longue à le rejoindre, elle s’installa non loin de lui. Assise sur le banc de bois, il pouvait l’admirer dans son entièreté. La créature semblait paralysée par plusieurs émotions la haine, la peur mais aussi la dévotion, aussi lointaine qu’ancienne, c’était bien de la dévotion qui errait dans les limbes de son cerveau critique. Sa langue s’était nouée, elle demeurait silencieuse comme si sa présence sur les bancs de l’église lui réimplantait de nombreux douloureux souvenirs au fond de son être.

Le Père profita du silence, inspira d’aise comme s’il s’agissait d’un présent venant de son invitée non attendue. Lors de sa profonde inspiration il eut une idée qui sonna comme une révélation à son esprit... pourquoi devrait-il impérativement faire disparaître une personne proche de Jane. Il venait de trouver plus proche, plus pertinent, plus excitant… Quel noble trépas de défaillir sous les mains d’un dévot impliqué dans les pures desseins du Seigneur tout puissant.

Edgar glissa sa main dans l’étoffe de sa soutane, saisit son mouchoir en coton et l’imbiba de sa substance maison inspiré de la formule du chloroforme. Effectivement ce dernier était bien trop toxique et en grande dose il pouvait infliger la mort ce qui n’était pas le souci principal – mais il pouvait également contaminer le cœur, les reins et le système nerveux, ce qui était très mauvais pour lui et sa santé.

La main sur sa gorge retint la silhouette de Jane lorsque celle-ci se laissa tomber en humant les vapeurs d’acétone et de chlore contenu par le tissu du mouchoir qui était maintenu fermement contre ses narines. Une fois toute forme de vie anéantie l’espace de plusieurs minutes, il empoigna le corps et le transporta sur son épaule, comme un vulgaire sac de pommes de terre, future pitance, en pénitence.



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