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 [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]

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Diane Delacour
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Diane Delacour

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MessageSujet: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]   [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] EmptyDim 21 Mai - 15:08



Helen & Diane
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste.





⚜ «La femme est la seconde faute de Dieu.» Nietzsche. ⚜



14 février 1918.

Le jour où la française était arrivée, il faisait bon. L'aube se levait paresseusement sur Coney Island, réveillant les forains de ses rayons timides. Le microcosme de la fête foraine avait commencé à se mettre en marche depuis une heure déjà. Partout, on préparait les étals, on décorait les stands. Elle marchait comme une âme damnée, perdue au milieu des chevaux et des artistes en préparation. Ses grands yeux hagards avaient aussitôt retenu l'attention d'Auguste Finelli, le gérant de la foire. Elle semblait hermétique aux nombreuses remarques des forains sur l'heure d'ouverture, soit qu'elle ne comprit pas la langue, soit que la colère des hommes ne l'atteignait pas. Dans les deux cas, c'était une bonne chose. Occupé à harnacher un ours, Finelli l'avait détaillée des yeux sans mot dire. Une robe robuste mais passée de mode, un bon maintien, une peau saine mais l'oeil hagard, une maigre valise de cuir à la main semblant neuve... Il aurait reconnu une fugueuse entre mille. Il lâcha l'ours ainsi harnaché et se dirigea vers elle pour l'expulser du lieu, peu décidé à risquer une intervention policière dans son fief pour une demoiselle que le mariage effrayait.
C'était sans compter sans cet accent, sans ce regard perçant, sans cette façon sibylline de s'exprimer. Après une discussion agitée autour d'un broc de café noir comme de la terre, il fut convenu que la française pouvait officier au sein de la foire durant une semaine à l'essai. Finelli, que l'appât du gain rendait lyrique la quitta sur ces termes :

« Autre chose : j'veux pas ton nom. Pas de nom, pas d'emmerdes. Ici, tu t’appelleras Erato. »

Ainsi fut-elle nommée. Cette semaine fut particulièrement lucrative pour la foire. Sans qu'on se l'explique tout semblait couronné de succès. La femme à barbe était plus velue, le contorsionniste plus souple, les fauves plus effrayants, les chalands plus assoiffés. Les plus superstitieux mirent cet essor sur le compte de la française, d'autant que la vieille funambule -dont on murmurait qu'elle savait tout sur tout- le lui attribuait ouvertement. Quelques semaines plus tard, Erato avait donc sa propre tente et sa propre clientèle.

05 octobre 1918.

Si par un hasard étrange, vous vous étiez senti piqué par l'envie saugrenue de visiter la voyante de la fête foraine de Coney Island, il vous aurait fallu traverser la foire dans son entier. Si vous n'aviez pas sur le chemin succombé à cette envoûtante odeur de noix de coco et de barbe à papa, si vous n'aviez pas défailli d'horreur face au montreur d'ours, si vous n'aviez pas fui de répulsion devant les siamoises Bella & Dona, si vous  n'aviez pas vendu votre âme pour un baiser venimeux de la danseuse aux serpents, alors, vous auriez pu apercevoir la tente imposante de tissus bleu nuit cousu d'argent d'Erato. Interloqué, vous auriez voulu savoir comment entrer ou s'il fallait attendre que l'on vous appelle. Vous auriez alors été surpris d'apercevoir un nain à la mine triste, déguisé en Pierrot, vous murmurer dans un sourire mystérieux :

« Erato vous attendait. Vous êtes en retard. »

Passé les lourdes tentures mordorées, vous auriez pénétré dans la demeure nomade de la voyante. Meublée de pièces orientales et précieuses, la lumière vacillante des bougies donnait à la tente une ambiance aussi intime qu’inquiétante. Pas de tableaux, bien sûr, mais quelques tapisseries de scènes occultes aux couleurs sombres. Une vasque haute contenant des pierres à l'éclat curieux. Ainsi, que de petites lanternes en verroteries qui tombaient des tentures les plus hautes et déversaient dans l'habitacle de lourdes brumes aux relents exotiques d'encens. Il vous aurait fallu quelques pas pour apercevoir, au centre, la table de bois bordeaux sur laquelle était disposés sans ordre apparent un jeu de tarot dont le dos des cartes était blanchi par l'exercice, un petit tas de pierres gravées de signes incompréhensibles, quelques pots en grès brun et deux imposants livres en croûte de cuir.

« Asseyez-vous » aurait soufflé une voix de gorge à l'accent européen très fort dont la propriétaire ne semblait pas décidée à se faire voir.

Vous vous seriez exécuté envoûté par l'ambiance des lieux, la voix de son occupante ou la superbe assise en broderie gitane de la chaise qui vous était proposée. Alors, elle serait sortie de l'ombre. Vous auriez d'abord aperçu l'éclat mauvais de ses grands yeux trop pâles puis la torsion dédaigneuse de ses lèvres trop fines. Elle aurait pris place face à vous et aurait profiter de votre trouble pour percevoir les fibres de souvenirs et d'émotions que votre esprit dompté par l'encens aurait laissé s'échapper. Elle se serait nourrie de votre âme comme un Détraqueur de la peur et aurait utilisé cette essence pour vous bâtir un portrait idyllique ou dantesque -selon l'humeur- de votre futur.

...Fort heureusement, vous n'êtes pas de nature curieuse et ne mettrez jamais les pieds dans cette tente maudite.


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MessageSujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]   [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] EmptyDim 21 Mai - 20:25

Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]

Tout commença cette nuit-là, celle du 04 octobre 1918. Seule dans son lit, sa poitrine se soulevait à vive allure tandis que ses bras étaient allongés à l’horizon de part et d’autre de son corps. Des perles de sueur ruisselaient sur son front. Sa lèvre tremblait sous les gémissements qui lui échappaient, plaintifs. Un regard extérieur aurait pu croire Helen Travers immobilisée par un mauvais sort, en proie à de sombres ténèbres. A la différence près que ce n’était pas la magie qui opérait mais simplement les méandres de son subsconcient.
Les flammes léchaient sa peau sous les murmures démoniaques qui en appelaient une instance divine. Les liens soigneusement noués autour de ses poignets l’empêchaient de bouger, de fuir loin de cet Enfer qu’on lui avait si injustement destiné. Il paraissait se délecter de son impuissance sur cette croix de bois. Ce regard dont elle avait gardé les plus souvenirs était désormais injecté de démence. Nulle pitié, nul amour, rien que la haine. Elle avait cherché à le convaincre de son innocence, le convaincre de l’erreur qu’il commettait, mais en vain. Ainsi avait-elle craché à ses pieds sous la colère et l’impuissance. La douleur était intense. Elle pénétrait ses chairs, s’infiltrait dans chacun de ses membres pour les incendier. Si elle luttait pour retenir ses hurlements, elle ne parvenait cependant à pas à soutenir le mal grandissant en elle. Ses lèvres psalmodièrent alors tous ses péchés pour que sa propre haine, sa propre douleur morale la protègent de la douleur physique. Ses prunelles rougeoyantes et larmoyantes par les flammes ne le quittaient pas du regard. Il voulait des faits, elle lui donnerait des faits, qu’il ait honte de son propre sang, que sa culpabilité enserre son cœur comme le serpent et qu’il en périsse avec elle, sur ce même bûcher, comme un frère et une sœur unis par les flammes de l’Enfer.

    Helen Travers se réveilla dans un cri de douleur tout en se redressant subitement dans son lit étroit. Sa respiration était saccadée, son corps trempé, elle soupira de soulagement. Ce n’était ni le premier ni le dernier cauchemar qu’elle faisait. Ils étaient en réalité des plus récurrents. Ses joues lui tiraient quelque peu, dû probablement à l’assèchement de ses larmes sur celles-ci. C’était toujours le même. Il avait une triste raisonnance, comme un destin auquel elle ne pouvait échapper. Helen Travers n’était, toutefois, pas du genre à s’appitoyer sur son sort ou sur une quelconque marque du destin, ou du moins ne l’était-elle plus depuis les affres de son adolescence. Elle alluma magiquement son bougeoir et contempla l’horloge qui lui faisait face : 5h49. La jeune femme se leva lentement et bougeoir en main, se dirigea vers son atelier de fortune. Elle alluma davantage de bougies et posa le bougeoir non loin de son chevalet. La lumière tamisée était particulièrement appréciable pour peindre. Ombres et flammes s’amusaient sur la toile et lui procuraient un effet envoûtant.
    Pendant plus de deux heures, la future épouse Murray glissa ses pinceaux sur la toile, capturant ainsi l’essence de son cauchemar. Les formes étaient abstraites, les couleurs sombres, deux seules figures transparaissaient : les leurs. De ses émotions elle se débarrassa alors ni plus ni moins, et ce ne fut qu’une fois son âme paisible qu’elle gagna la salle de bain pour se défaire de cette moiteur.

    Une poignée d’heures plus tard, elle ajustait son chapeau d’un rouge plus foncé que sa robe sur ses cheveux relevés à l’arrière, enfilait ses gants d’une couleur identique jusqu’au niveau du coude et enfin mit son manteau assorti au reste de sa tenue. Mr Murray avait tout prévu dans le moindre détail quelques jours plutôt, avec goût. Tous deux appréciaient quand Helen se vêtissait de rouge. Cela lui donnait une allure dangereuse de femme séduisante à qui on ne pouvait rien refuser. Le rouge la rendait sulfureuse.
Une dernière fois, elle vérifia impeccabilité de sa tenue et boutonna les quelques boutons de son manteau. On frappa alors à la porte deux coups qu’elle avait appris à reconnaître avec le temps. Helen prit un petit sac noirâtre, lequel ne contenait que le strict nécessaire et se hâta d’ouvrir au chauffeur de son futur époux.
« Bonjour Georges.
- Miss Travers.»
répondit-il dans une révérence.
Fort heureusement, le soleil avait choisi de régner en maître sur la ville New-Yorkaise. L’inverse n’était pas toujours des plus agréables lorsqu’il était question pour les femmes, de faire bonne impression. Dans la voiturette, elle rejoignit Mr Ethan Murray, fils d’un cabinet d’avocats réputé. Celui-ci baisa sa main gantée avant de venir déposer chastement ses lèvres sur sa joue.
« Je persiste à croire qu’il serait plus simple pour vous comme pour moi d’habiter sous un même toit, ma chère.
- Et moi de vous rétorquer que notre vie commune n’arrivera que bien assez tôt,
répliqua-t-elle dans un sourire.
- Ne craignez-vous pas que ma passion se tourne vers un objet plus démonstratif à mon égard ?
- Voudriez-vous donc que j’en aie après votre argent, Mr Murray ? Soyez-donc raisonnable, vous savez l’état de mes sentiments à votre égard. Que sont deux mois face aux années à venir ?
demanda-t-elle rhétoriquement. Parlez-moi donc de l’affaire qui nous concerne, je vous prie. »

    Depuis l’annonce officielle de leurs fiançailles au printemps dernier, elle fréquentait davantage les relations de son futur époux ainsi que les salons mondains. Très vite, elle apprit à avoir une certaine aisance à son bras. Il lui avait appris les codes de la société et elle se faisait un malin plaisir à les braver. Loin de décontenancer l’avocat, elle décontenançait en revanche leur interlocuteur aussi bien adversaire que partenaire. Sa fraîcheur lui donnait un avantage particulier sur les hommes qui s’en méfiaient autant qu’ils en ressentaient une certaine attirance. Et pour cause, son esprit était aussi vif que loquace, fait qui n’était pas très bien vu chez les femmes.
    Sur le chemin qui les conduisait à leur déjeuner, ils se concertèrent sur la marche à suivre. Ils devaient rencontrer dans un restaurant de renommée, un client fortuné aux fortes influences. Ses partenaires seraient présents et tout était une question d’affaires, ce qui ne l’intéressait pas le moins du monde. Helen connaissait les motivations de son futur époux et ne les partageait que peu. Néanmoins, elle adorait se jouer des hommes et les offrir sur un plateau d’argent. Une vengeance personnelle en somme.

    Durant tout le repas, elle rit à gorge déployée dès lors qu’une opportunité se présentait, glissait quelques commentaires pertinents ici et là pour attirer l’attention sur ses connaissances, son parler aussi bien « innocent » que savamment étudié. Elles les invita même à poursuivre cette conversation dans une fête foraine, lieu des plus atypiques, surtout après un déjeuner d’affaires. Mais la jeune femme prétexta que les affaires valaient bien qu’on se détendit ensuite, car l’amusement et le plaisir participaient à une réflexion plus sage. Pour finir son petit manège, elle papillonna des cils et laissa sa jovialité faire le reste.

    En réalité, elle y avait derrière cette proposition un objectif particulier et personnel. La rumeur disait qu’une certaine Erato « hantait » cette fête foraine. Diseuse de bonnes aventures, on rapportait d’elle que chacune de ses prédictions se révélait exacte, qu’il n’y avait qu’à demander pour obtenir des réponses. Helen n’y croyait que peu, mais ne pouvait s’empêcher d’en éprouver de la curiosité. Les recherches sur son frère restaient infructueuses, elle n’en savait que le minimum, ce qui aurait semblé suffisant aux yeux de n’importe qui, mais pas aux siens. Ses cauchemars étaient bien trop réalistes pour refuser de se confronter à la réalité.

    Il était plus de 15h lorsqu’ils gagnèrent l’entrée de la fête forraine. Elle grouillait de vie, de rires, et de Newyorkais fort heureux et joyeux. Ils s’avancèrent tandis qu’Helen admirait les forrains et leurs talents. L’ours l’effraya et elle raffermit son emprise sur le bras de son fiancé en pleine conversation. Ce n’était pas la place de cette bête. Les associés furent alors stoppés net dans leurs échanges lorsqu’ils découvrirent la danseuse aux serpents. Par chance, elle les fascina suffisamment pour laisser le temps de souffler à l’oreille de son fiancé :

« J’ai une affaire à régler en ces lieux, je ne serai pas longue. »

Il ne protesta pas car ils savaient tous deux qu’ils pourraient alors discuter des plans de Grindelwald, idéaux qu’elle ne partageait certainement pas. Helen s’éclipsa alors et d’un pas déterminé, chercha activement la tente d’Erato. Lorsque ses pas la menèrent droit à elle, elle se figea par crainte de ce qu’elle pouvait y trouver. La jeune femme n’appréciait guère se dévoiler, encore moins à des inconnus. Quels étaient exactement les dons de cette femme ? Helen s’avança, défit l’épingle qui reliait son chapeau à ses cheveux, et posa son regard sur le nain, passablement entièrement effrayant et sûrement mal payé pour l’effet qu’il apportait à la mascarade. Elle se permit une légère grimace et pénétra dans la tente. Le malaise s’insuffla alors en elle pour deux raisons :
1. L’atmosphère lui rappelait à bien des égards son cauchemar récurrent, notamment en raison des différentes tapisseries. Elle se sentait étouffer, privée d’oxygène avec cette brume odorante.
2. Elle ne devrait pas être ici, sur un territoire dont elle ne connaissait rien et qui pourtant nourrissait sa curiosité grandissante.
Son regard balaya chaque objet tandis qu’elle s’avançait vers la table au centre de la tente. Cet endroit semblait être issu d’un autre monde, plus surnaturel qu’humain. Lorsque la voix résonna, Helen sentit son cœur battre une mélodie étrange. Elle obtempéra, éludant la nationalité de l’accent mais non son originalité. Ce fut alors qu’elle fit face à Erato et son visage aussi peu accueillant que rassurant. Son regard semblait la transpercer de toute part et inévitablement, elle posa la main sur la baguette nouée à sa ceinture. Elle prit soudainement conscience qu’elle avait cessé de respirer une poignée minime de secondes. La chose fut vite rectifiée et son assurance nouvellement acquise apparut sur ses épaules et dans son dos qu’elle fit droit contre le dossier.*

« Votre réputation vous précède, Erato, diseuse de bonnes aventures. » souffla Helen avec une amabilité quelque peu méfiante. « Je ne suis pas ici pour connaître mon futur, simplement pour avoir une réponse précise à une question qui me tient particulièrement à cœur. »
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Diane Delacour
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MessageSujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]   [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] EmptyDim 28 Mai - 13:41



Helen & Diane
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste.





⚜ «La femme est la seconde faute de Dieu.» Nietzsche. ⚜



« Votre réputation vous précède, Erato, diseuse de bonnes aventures. Je ne suis pas ici pour connaître mon futur, simplement pour avoir une réponse précise à une question qui me tient particulièrement à cœur. »

Les orbes calmes et profondes de la voyante se posèrent sur sa toute nouvelle cliente. Elle détailla avec une lenteur calculée les expressions de son visage pâle. Son assurance, toute empreinte de fierté féminine, lui arracha un sourire contenu. Alors qu'elle s'approchait à pas lents de sa visiteuse, une masse grise et velue s'abattit sur la table dans un fracas sourd. Fort de ses sept kilos, un imposant persan au regard jaune fixait la nouvelle arrivante avec une amabilité que l'on pourrait qualifier de « toute féline ». Loin de s'en formaliser ou de sermonner l'énorme félin pour la frayeur qu'il avait dû causer à la visiteuse, Erato l'observait avec un œil curieux, comme si elle attendait de lui qu'il s'exprime. C'est d'ailleurs ce qu'il fit, poussant un miaulement bronchique dont la grâce se rapprochait , à s'y méprendre, à celle d'un grincement de porte. Toujours muette, la voyante accueillit ce miaulement méfiant avec un nouveau sourire.

Cela faisait quelques mois qu'elle avait recueilli ce chat atrabilaire à l'estomac sans fond. Leur rencontre avait été aussi désagréable pour l'un que pour l'autre. Le tenancier du stand de nourriture se plaignait depuis quelques semaines de la diminution étrange de ses stocks. On soupçonna rapidement un voleur au palais particulièrement friand de pâté de canard et de saucisse sèche. L'imposante boule de poils fut rapidement identifiée et, son estomac alourdi de pain de viande diminuant sa vélocité déjà moindre, attrapée. Le tenancier excité tant par la colère que par la satisfaction virile que représentait la capture d'un chat obèse et un peu lent décida que le voleur devait être puni par là où il avait pêché et promit à la cantonade une terrine de viande au goût singulier pour le soir même. Erato, qui  devait sa rarissime sortie à une envie de tabac à chiquer impérieuse, eut aussitôt pour le futur festin des forains une compassion dont elle n'aurait pu ressentir le quart pour un être humain. Après une négociation de plus d'une heure engageant une cinquantaine de dollars, Dieu lui-même et la promesse que plus aucune souris ne viendrait perturber la foire, elle était repartie avec le prisonnier sous le bras. Rompue de soulagement, l'ingrate créature avait jugé bon de lui témoigner sa plus profonde reconnaissance en régurgitant la totalité de son contenu stomacal sur le tapis oriental de la tente. Au fil des mois s'était tissée entre les deux misanthropes une relation de tolérance presque aimable impliquant pour les deux parties engagées des contreparties alléchantes : pour l'un l'assurance de ne pas finir en terrine à l’ail, pour l'autre celle d'éviter la plus totale solitude.

Arrivée au niveau de la table, la voyante posa sur la tête peu accorte du chat une main trop fine dont la teinte bleutée des veines saillait sous la peau. Elle la caressa distraitement, son regard tout aussi bleu planté sur la nouvelle arrivante. La voyante était songeuse, comme prise par un soudain dilemme. Elle finit par s'humecter les lèvres d'un coup de langue vif ce qui assura à la jolie brune qu'elle était bien dotée d'un organe vocal et finit par souffler, d'une voix de gorge douce et chaude :

« Amadeus, s'il n'a pas la beauté sculpturale de Bastet, a l'oeil le plus perçant qu'il m'ait été donné de voir. Il a, avec la rapidité qui lui est familière -elle eut pour le chat un regard sévère-, reconnu chez vous un membre de notre... « communauté » . »

Erato lança au chat une nouvelle œillade stricte. Comprenant enfin le message, le mastodonte à coussinets soupira bruyamment et descendit de la table avec dédain. La voyante prit place en face de sa cliente et murmura, son éternel sourire, dont on ne savait s'il était moqueur ou triste, toujours attaché aux lèvres :

« Cessez de penser à votre baguette, chère sœur. Vous n'en aurez aucune utilité en ces lieux. »
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Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]

Le malaise d’Helen Travers s’accrut. La scène sous ses yeux ne la mettait guère en confiance. Deux raisons : d’une part la chose à poils ne lui inspirait que peu confiance et d’autre part le lien avec sa sauveuse avait tout l’air d’être … anormal. Sauf si cette jeune femme n’avait pour vie sociale que la présence de créatures comme ce chat. Ce dont elle doutait, instinctivement. Suspicieuse, Helen s’interrogea sur la fameuse Erato et la contempla d’un regard méfiant. Elle ne s’en cachait absolument. Sa main même avait dérivé sur sa baguette par sécurité. De nos jours, on ignorait quel tour pouvait nous jouer le destin. Helen le soupçonnait de lui en jouer un à cet instant précis.
Cette jeune femme, laquelle ne devait pas être plus vieille qu’elle, était dotée d’une beauté troublante voire même effrayante. Son regard n’inspirait pas la sympathie, pour autant, il n’inspirait pas la haine non plus. A la contempler, supposait Helen, on ne pouvait que ressentir une attraction due à la curiosité, ou un certain dédain pour l’aspect insaisissable qui émanait d’elle.

Elle finit alors par ressentir quelque impatience. Elle, qui avait escompté obtenir une réponse aussi simple que rapide, venait d’être bernée de toute évidence. Lentement, elle déplia sa jambe croisée comme prête à se lever et à prendre congé. Sa jeunesse n’arrangeait pas sa patience, surtout lorsqu’elle agissait dans le dos de son fiancé.
Soudain la voix voluptueuse de la voyante se fit entendre et la figea dans son élan. « Communauté », un mot qui résonna comme un bombe à son oreille, « notre communauté ». Un choc qui stupéfia de plein fouet la jeune Travers. Helen lui décocha un regard de surprise tandis que sa main restait opiniâtrement sur sa baguette.*

Je vous demande pardon ? questionna-t-elle avec surprise avant de suivre la boule de poils du regard. Il n’a pourtant pas la grâce de Mozart, ne put-elle s’empêcher de répliquer.

*Face à face avec la voyante sorcière – c’était ce qu’elle en déduisait – Helen plissa quelque peu le regard. L’affaire qui l’avait menée ici était d’une haute importance et finalement ses plans venaient d’être mis à mal par la duperie. Profondément agacée et déçue, la jeune future épouse finit par coller les pièces du puzzle une à une, un puzzle très loin de plaire à une certaine loi Rappaport.
La fleur de l’âge faisait qu’Helen était assez pointilleuse quant à son métier et ses positions politiques. Elle abhorrait l’idée que des sorcières manipulent les No-Maj’ pour affaire. Cette Erato n’avait pas sa place dans cette foire et pourtant, quelque chose dans cette idée semblait dénoter. On consultait une voyante pour de l’espoir, pour assouvir une curiosité malsaine, pour chercher du réconfort dans l’avenir, une voie à suivre. Etait-ce là le but de cette Erato ? Helen n’aurait su le dire. Devait-elle donc lui donner une amende ? La conduire au MACUSA ? Aucune de ces idées ne lui plut. Ainsi décida-t-elle d’obtenir quelques informations à la place.*

Tout ceci n’est qu’une imposture, n’est-ce pas ? déclara-t-elle d’une voix blanche. Que cherchez-vous exactement ?

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Diane Delacour
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Helen & Diane
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste.





⚜ «La femme est la seconde faute de Dieu.» Nietzsche. ⚜


Durant toute l'agitation de la jeune fiancée, Diane était restée d'une immobilité statuaire. Elle avait observé la scène avec la distance amusée d'une favorite ennuyée à la cour d'un Roi friand de théâtre. Sa lèvre supérieure s'arqua cependant d'une moue triste lorsque la douce visiteuse s'était permise une réplique acerbe sur son compagnon à quatre pattes :

«  - Je vous demande pardon ? Il n'a pourtant pas la grâce de Mozart.
- Voyez-vous c'est que je ne pense pas Mozart particulièrement gracieux. Sa musique peut-être et encore ce n'est pas le premier qualificatif qui me viendrait à l'esprit. Mozart quant à lui était insolent, frivole, impertinent, asocial, couvert de dettes et -chose que l'on sait malheureusement assez peu- mort dans son lit, devenu obèse par un goût un peu trop prononcé pour la nourriture allemande. Goût que partage notre délicat ami velu. »

Comme pour donner son assentiment, l'imposant félin se frotta contre les jambes de sa maîtresse, narguant l'étrangère de son œil jaune et pernicieux. Ces derniers mots prononcés, la voyante sembla avoir une absence. Elle inclina la tête sur le côté, perdue dans des souvenirs qui paraissaient lui être aussi doux que mélancoliques. Des ses lèvres entrouvertes s'échappèrent tout bas quelques vers d'une mélopée chère à son cœur :

« Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen;
Une vengeance infernale brûle dans mon cœur ;

Tod und Verzweiflung flammet um mich her! 
La mort et le désespoir flamboient autour de moi ! »

Elle sourit de manière sibylline et reporta ses grands yeux sur sa visiteuse.

« Il est des airs pour lesquels on accepterait de devenir sourd après les avoir entendus. Pour qu'à jamais leur seule splendeur résonnât en nous, vous ne croyez pas ? »

Helen semblait terriblement tendue. Si Diane était habituée à faire ressentir la gêne, le désir ou la répugnance, il lui était très peu coutumier de mettre ses clients sous pression. Elle détailla les traits de la jeune fiancée et fut surprise de lire une telle rigidité sur un visage aussi angélique. D'emblée et sans qu'elle ne se l'expliquât, elle lui plut. En plus d'être belle à faire pâlir les danseuses aux boas de la foire, la jeune sorcière semblait  dotée d'un caractère bien trempé.  La voyante brisa enfin l'immobilisme qu'elle privilégiait d'ordinaire et claqua des doigts. Le siège inoccupé qui faisait face à la visiteuse se recula de lui-même. Elle s'y assit avec un regard de remerciement et ouvrit un petit coffre en bois qui trônait à sa droite.

« Tout ceci n'est qu'une imposture, n'est-ce pas ? Que cherchez-vous exactement ? »

Diane ne répondit pas, trop occupée à sortir du coffre une pipe à tabac très fine et ouvragée de gravures celtiques. Elle la chargea de tabac et sortit sa baguette. Elle s’apprêtait à l'allumer lorsque qu'elle stoppa son geste pour demander d'un ton amusé :

« Vous comptez aussi me dénoncer au Macusa pour consommation illégale de racine de belladone ? »

Une flammèche jaillit de sa baguette pour embraser le tabac mêlé de racines. La voyante tira une lourde bouffée qui sembla la détendre. Elle sourit avec douceur à la jeune sorcière et consentit à répondre à sa question première :

« Je perçois des choses invisibles aux yeux païens. Cela fait-il de moi une voyante ? Non, Merlin non et heureusement, mon fardeau et bien assez lourd. Cela fait-il de moi une imposture ? Qui n'en est pas une ? Pas une seule âme que j'ai pu sonder dans ma vie n'était totalement pure. Pas une. Les pauvres gens qui passent cette porte ne cherchent pas réellement à savoir si Maman les aimait encore lorsqu'elle est morte seule, dans une masure insalubre ou encore si Grand-Papa aura le bon goût de trépasser avant l'hiver que l'héritage leur permettre de partir en croisière en Europe cet été. Sous couvert de ces préoccupations basses ils recherchent des sentiments plus nobles : le pardon, la consolation, l'espoir, l'envie... Mes dons me permettent-ils de le leur offrir ? Oui. »

La sorcière souffla la fumée qui étaient encore prisonnière de ses poumons. Les volutes grisâtres se transformèrent en passant par ses narines en un navire vaporeux aux voiles gonflées voguant sur une mer de fumée dense. Diane sourit en contemplant la jolie illusion de cette herbe à fumer magique.

« Quand à ce que je cherche... L'absolu, comme tout le monde. »


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Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]

Sa plaidoirie pour son cher Mozart à poils eut le don de faire naître un rictus chez la sorcière. Helen ne s’était jamais intéressée à la vie de Mozart, cependant elle en admirait les opéras et leur beauté. Un instant, elle se mit alors à imaginer Mr boule de poils couvert de dettes. Son rictus ne s’en agrandit que plus. Grotesque.*

J’évoquais la musique bien entendu, répliqua-t-elle plus pour elle-même que pour la maîtresse de l’animal à poils.

*Puis elle assista à cette scène étrange, à l’image d’une transe d’une courte durée. Les paroles lui parvinrent et elle les reconnût sans même le signifier. Son rictus avait disparu, laissant de nouveau place à son sérieux méfiant.*

Probablement, répliqua-t-elle sans s’étendre sur ce qu’elle estimait vraie.

*Cette demoiselle avait le don de manier ses émotions, tantôt à son avantage, tantôt à son désavantage. A croire qu’elles partageaient quelques pensées, quelques opinions. La future madame Murray ne bougeait toujours pas, immobile dans son analyse de la situation. Ses prunelles brunes l’observèrent silencieusement prendre place face à elle. Nouvelle infraction des règles, bien que celle-ci lui importait que bien peu. Pourtant, sa voix se fit sèche face au ton « taquin ».*

Je devrais. Je suppose que c’est ce que l’on attend de moi.

*Qu’elle lui répondit ainsi, sans animosité, ni moquerie, apaisa la tension éprouvée par la sorcière. Sa main relâcha définitivement sa baguette tandis qu’elle lui prêtait une oreille intéressée. Cette vision, elle la partageait, ainsi inconsciemment – ou presque – elle changea de position, se faisant plus aimable, et naturelle. Des dons et aucune voyance, c’était bien sa veine.*

Voilà une noble cause, soupira-t-elle finalement en apposant ses mains fines sur la table. Le Macusa n’a donc pas besoin de savoir que vous offrez de l’espoir à ceux dépourvus de baguette magique.

*A noter qu’Helen n’appréciait pas employer le terme de « non magique». Et pour cause, elle avait pour conviction que la magie possédait plusieurs formes, plusieurs états et qu’elle apparaissait différemment chez chacun. Etait-ce là un reste de la petite Helen abandonnée ? Assurément. Un cracmol dépourvu de pouvoirs ne le rendait pas moins magique. Mais elle n’avait jamais pu le lui dire… Ainsi avait-elle donc appris à souligner la distinction dès lors qu’elle pouvait se le permettre, autrement dit hors société.*

Ce qui ne vous rend pas moins dangereuse, poursuivit-elle sur le ton de la conversation. Après tout, qui contrôle les sentiments et les émotions contrôle un cœur pour ne pas dire un esprit.

*Elle laissa s’écouler quelques millièmes de secondes avant de reprendre.*

Une legilimens donc, une rencontre à laquelle j’étais loin de m’attendre.

*Une fois encore, sa phrase avait une résonnance personnelle. Helen eut un soupir et finalement, un sourire pour cette demoiselle fort étrange et inhabituelle. Lentement, elle plongea alors son regard dans le sien, comme pour la sonder, comme les rôles étaient inversés. Un rire mi-mélodieux, mi-acerbe s’échappa soudainement de sa gorge. Ce revirement de situation était d’une ironie cruelle, d’une position déstabilisante. Mais surtout, il la mettait en porte-à-faux, coupable de deux crimes. Cette legilimens n’allait faire qu’une bouchée de son secret, de ses cauchemars, de sa vie, et d’une certaine façon, elle se trouvait à sa merci. Pour autant, son angoisse s’était comme volatilisée, entièrement. Helen riait du destin, et finalement, se râcla la gorge pour répondre d’une voix amusée tout en admirant les volutes de fumée si … étonnantes mais pas moins agréables à observer.*

Helen Travers, enfant de l’Ohio. Mais vous devez déjà connaître les détails, non ? Vous devez être particulièrement redoutable dans les mouvements de foule. Arrivez-vous seulement à vous entendre lorsque de nombreux esprits entourent le vôtre ?

*La curiosité venait de balayer toute méfiance. Une legilimens, un atout considérable pour les différents camps politiques s’ils apprenaient son existence. Helen en fronça quelque peu les sourcils à l’idée qu’une si jeune personne ne devienne un jour un objet de convoitise. Si elle admirait son don, elle n’en ressentait pas moins quelques pitiés. L’atteinte à la pensée d’autrui pouvait aisément se retourner contre nous, d’une façon ou d’une autre, sans parler d’un brouhaha permanent, du moins était-ce ce qu’elle supposait. Parvenait-elle à entendre également l’esprit des bêtes ? Helen se rapprocha un peu plus de cette Erato et la contempla longuement. Non de ce même regard qu’aurait un homme devant une bête de foire, mais d’un regard bien plus sincère et analytique.*

Si jeune, isolée en pleine foire, avec un chat peu commun et un gnome aussi grotesque que peu avenant, sourit la fiancée. Je ne vous apprends rien, mais je pense ne pas me tromper en vous estimant unique en votre genre, et destinée à bien plus que vous ne le laissez présager. Il me faut cependant savoir une chose, poursuivit-elle d’une voix aussi sérieuse que douce, mes secrets sont-ils en lieu sûr avec vous, Erato, maîtresse de Mozart ?


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Diane Delacour
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Helen & Diane
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste.





⚜ «La femme est la seconde faute de Dieu.» Nietzsche. ⚜


« Si le Macusa n'a pas besoin de savoir ce que je fais de mes dons, espérons qu'il se contrefiche également de la fumée illicite que j'offre chaque jour à mes poumons. »

L'accent français de la sorcière tranchait considérablement avec le registre plus familier qu'elle se permettait devant sa visiteuse. Elle ne pouvait détacher de la nouvelle venue un regard tranchant et étrange. Un observateur extérieur n'aurait su dire s'il était moqueur ou intéressé, amusé ou las. Elle l'écouta parler sans rien dire durant de longues secondes, ne laissant jamais ses traits exprimer la moindre émotion. Elle se focalisait bien plus sur ce qu'Helen exprimait sans le dire : depuis son arrivée la jolie fiancée bouillonnait d'émotions contradictoires. Si elle avait ressenti un court soulagement qui l'avait rendue plus agréable, elle semblait être en proie à des démons plus personnels. Diane se permit un sourire avant de répondre :

« Ma chère, vous avez comme nombre de vos concitoyens une vision erronée de la legilimancie. Je ne « contrôle » pas les émotions. Je les ressens. J'aime à définir la legilimancie comme un art, chaque legilimens est le dépositaire d'un même don, qu'il exprime à sa manière. Vous viendrait-il à l'esprit de comparer l'oeuvre d'un Watteau de celle d'un Picasso ? Non. Et pourtant c'est bien au même art qu'ils ont dédié leur vie. La legilimancie prend des formes assez diverses chez les âmes qu'elle se décide à investir. Pour ma part... Je ne fouille pas dans les esprits comme dans un livre, personne ne le peut. »

Amadeus acquiesça d'un miaulement grave.

« Votre âme fait briller autour de vous une aura particulière. Cette aura se module en fonction de vos émotion, des souvenirs qui vous assaillent. Et le legilimens perçoit ces modulations. Nous sommes comme doués d'une empathie très forte qui nous permet de ressentir certaines choses. Il arrive parfois, lorsque mon interlocuteur est troublé et en proie à une forte émotion, que j'accède à un souvenir, heureux ou non. C'est une expérience à la fois exténuante, fascinante et addictive. »

Le ton de Diane s'était fait plus distant. Elle ne savait pas ce qui lui plaisait chez son interlocutrice, mais l'idée de lui expliquer convenablement ce qu'était sa malédiction lui tenait à cœur. Elle tira une nouvelle bouffée de fumée qui se changea en une danseuse lascive lorsqu'elle l'expira. Elle reprit :

« Avez-vous entendu parler des Détraqueurs ? Je ne sais pas s'il en existe dans le Nouveau Monde, mais ils sont assez courants en Europe. J'ai même appris que le Ministère Anglais avait conclu une alliance avec eux pour faire garder leur prison la plus sécurisée. Ces êtres fascinants sont les amants de la Peur. Ils la cherchent, la provoquent et se nourrissent de sa sœur jumelle : la joie. Ces longues silhouettes erratiques sont assimilables au legilimens : nous recherchons les émotions, nous les provoquons, nous nous en nourrissons. C'est une addiction qui peut rendre fou. »

Elle s'humecta les lèvres d'un coup de langue mutin et quitta le masque de gravité qu'elle arborait.

« Fort heureusement pour vous j'ai un rapport très sage avec mes addictions. Sachez alors, Helen, fille de l'Ohio et... Soeur d'un fou de Dieu, que tout ce qui se dira dans l'intimité fumeuse de cette tente n'en sortira pas. »

Comme incommodé par ces discussions féminines, Amadeus se  glissa entre les pans de la tente pour rejoindre les appartements de la sorcière. Il les salua d'un soupir de dédain à peine dissimulé et alla se coucher -et couvrir de poils- sur le lit de sa maîtresse.

« Et ne vous en faites pas, mon esprit est celui qui sait le mieux se faire entendre de moi. J'évite justement les foules pour... La surcharge émotionnelle qui les alourdit trop souvent. »
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MessageSujet: Re: [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918]   [Helen & Diane] Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste. [05 octobre 1918] EmptyVen 7 Juil - 23:17

Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]

Veuillez m’en excuser dans ce cas.

*Effectivement, la vision d’Helen était erronée, pardon pour elle. A sa décharge, on ne croisait pas une légilimens à tous les coins de rue, pour ne pas dire que la demoiselle face à elle, était une denrée rare. Consciencieusement, Helen demeura silencieuse et écouta l’envers du décor, le prix d’un tel don. Tout n’était qu’une malédiction et de cela, elle s’excusait. Pourtant, il y avait quelque chose de fascinant dans les explications de sa consoeur sorcière. Quelque chose qui titillait non pas l’intérêt de la future épouse, mais sa curiosité. Si bien qu’elle écoutait sans réellement entendre ou du moins n’entendait-elle que ce qui l’arrangeait, comme tout à chacun. Son inconscient cherchait encore à se protéger.*

Alors vous apprendrez sûrement à me lire comme un livre ouvert si vous demeurez à mon contact, railla-t-elle légèrement sans assumer la révélation qui venait de lui être faite.

*Un certain sourire flottait sur ses lèvres. Il était identique à celui des enfants dès lors qu’on leur contait une histoire plaisante. Or il devenait de plus en plus doux, empathique dès lors qu’Helen prenait conscience de ce qui lui échappait. Ce qu’elle avait souhaité être une dose d’humour était en réalité bien plus proche de la vérité que ce qu’elle n’avait cru. Gênée, la sorcière toussota quelque peu avant de tiquer sur le terme « addiction », un terme si dangereux lorsqu’il était prononcé avec « passion ».*

Et qui se révélera très intéressante si quelqu’un venait à apprendre votre existence et plus précisément l’étendue de votre don, enchaîna-t-elle alors à la suite de la sorcière. Vous me permettrez ce conseil : n’évoquez jamais cette « addiction ». Bien trop d’oreilles intéressées traînent dans les rues newyorkaises et si les loups semblent encore endormis, paisibles, ils n’en sont pas moins tapis dans l’ombre.

*Ses dernières paroles avaient été prononcées d’un ton quelque peu désabusé. En réalité, Helen en ressentait plus de l’agacement, car face à tant de mensonges, sa solitude s’était accrue. Personne à qui se fier ou se confier autre que cet homme qu’elle aimait sincèrement. Helen ne connaissait pas l’amitié, fait dont elle avait parfaitement conscience et dont elle souffrait.*

Pardonnez-moi, se reprit-elle dans un sourire, je m’adresse à vous comme si vous ignoriez l’étendue de la situation. Votre regard semble suffisamment perçant et enclin à l’observation. Ce monde d’apparences et de mensonges doit d’ores et déjà s’être dévoilé un minimum à votre expertise.

*Puis elle se figea, soudainement recroquevillée sur elle-même à l’intérieur. Le visage d’Helen Murray devint livide aussi blanc qu’un linceul. Percée à jour, ses doigts étaient crispés sur sa robe. Un bref instant, la sorcière ferma les yeux pour refouler les images qui l’assaillaient comme à chaque fois qu’il était question de son frère. Un long frisson glissa sur son échine et difficilement, elle se reprit.*

Un monde où les préjugés vont bon train, disais-je, où trouver sa place semble une tâche ardue et un combat sans fin, poursuivit-elle d’une voix blanche. Mon frère a cru bon de trouver son chemin en Dieu, faisant je suppose, de nous, des … créatures du Diable. J’avais cinq ans à cette époque et je ne l’ai pas revu depuis en dépit de mes nombreuses recherches. Mes cauchemars semblent pourtant me déconseiller d’un jour croiser sa route pavée de prières et de sermons.

*Lentement, Helen sortit de son sac la vieille lettre de son enfance, soigneusement raflée à sa mère, jaunie sur les coins et dont les traces de larmes maternelles demeuraient. Sa main tremblait très légèrement, mais sa détermination régnait dans son geste. Pour quelle raison permettait-elle à cette inconnue de parcourir son noir secret ? L’instinct. Tout n’était toujours qu’une question d’instinct, et celui d’Helen devenait virulent avec l’âge. Ses yeux d’apparence impassibles se posèrent sur la lettre. Elle avait fini par en ressentir un minimum de dégoût. L’âge lui avait fait comprendre l’étendue du dédain fraternel à son encontre, à quel point, il l’avait reniée par un choix tout à fait conscient. Durant des années, elle lui avait cherché des excuses, jusqu’à en créer, même. Aujourd’hui encore, elle s’imaginait parfois le raisonner, lui montrer sa vie, son cœur … jusqu’à se rappeler quelle créature démoniaque elle avait toujours été à ses yeux, sans nulle raison, que sa magie.*

Une part de moi lui cherche toujours des excuses. J’ignore quelle place lui donner dans ma vie. C’était la raison de ma visite, lâcha-t-elle dans un très léger sourire. Dans toutes vos visions, n’avez-vous jamais encore croisé son nom ? Ici ou ailleurs. Votre accent est agréable à l’oreille. Européen ?


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Helen & Diane
Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste.





⚜ «La femme est la seconde faute de Dieu.» Nietzsche. ⚜


Avec une fascination malsaine, Diane chercha sur le visage de son invitée les effets de sa révélation. De carnation d'ordinaire pâle, Helen devint  livide. Une lueur fugace éclaira ses yeux fuyants. La lueur du souvenir. La legilimens tenta de s'y engouffrer toute entière, sans succès. Elle secoua la tête, déçue. Elle savait pourtant que forcer les souvenirs à venir à elle était une entreprise risquée très peu souvent efficace. Les beaux doigts longs de la sorcière se serrèrent autour du tissu luxueux de sa robe. Sa respiration se fit haletante et les pupilles chasseresses de la voyante se dilatèrent. Elle l'écouta sans mot dire :

« Un monde où les préjugés vont bon train, disais-je, où trouver sa place semble une tâche ardue et un combat sans fin. Mon frère a cru bon de trouver son chemin en Dieu, faisant je suppose, de nous, des … créatures du Diable. J’avais cinq ans à cette époque et je ne l’ai pas revu depuis en dépit de mes nombreuses recherches. Mes cauchemars semblent pourtant me déconseiller d’un jour croiser sa route pavée de prières et de sermons. »

La voix de la splendide brune avait cette tonalité si douce des espoirs en fin de vie. Diane l'observa quelques secondes avant d'emplir ses poumons d'une nouvelle bouffée de fumée. Elle resta silencieuse avant de répondre, d'un ton ferme mais étonnamment doux :


« Cracmol, n'est-ce pas ? La condition de ces âmes dépourvues de notre type de magie -je suis convaincue qu'ils disposent de la leur, différente- est particulièrement cruelle dans ce pays que vous nommez le Nouveau-Monde. Peu importe ce que l'on croit trouver sur cette voie, emprunter le chemin de Dieu est le plus souvent la marque d'une fuite. »


Helen sembla chercher quelque chose et mit à jour un vieux parchemin plié. Attirée par la lourde charge émotionnelle de l'objet, Diane darda son regard clair sur ses coins cornés. Le parchemin était érodé, tant par les années que par les pleurs. Elle s'humecta les lèvres et réprima un tremblement d'excitation. « De la compassion, très chère, de la compassion... » lui chuchota une voix qu'elle identifia comme celle de son père. Elle grogna et s'éclaircit la gorge.

« Une part de moi lui cherche toujours des excuses. J’ignore quelle place lui donner dans ma vie. C’était la raison de ma visite. Dans toutes vos visions, n’avez-vous jamais encore croisé son nom ? Ici ou ailleurs. Votre accent est agréable à l’oreille. Européen ? »

L'émotion d'Helen aurait été palpable à n'importe quel être humain, legilimens ou non. Diane se sentit coupable d'être plus obnubilée par la charge émotionnelle qu'elle représentait que par son propre ressenti. Elle souffla doucement et tendit la main vers le parchemin.

« Français. Permettez que je... »

Elle saisit la lettre et l'ouvrit avec la délicatesse qu'aurait portée un orfèvre à la plus belle de ses parures. Elle parcourut la lettre des yeux et murmura :

« Il faudrait que je la lise pour... Y voir plus clair. »

Elle ne précisa pas que cette lecture serait opérée à voix haute dans le but de faire ressurgir le plus de souvenirs possible de la jolie brune :

« Père, Mère, Helen, 

Monsieur et Madame Travers,
Rage de la rature. Sanglots. Haine.
 

Nous sommes le 9 janvier, date de ma mise au monde, je commence ma nouvelle vie. J'ai pris une décision importante cette nuit. Il y a longtemps déjà que je pensais le faire mais c'est cette nuit que je me suis décidé. Lorsque vous lirez cette lettre je serai déjà très loin. Madame Travers, inutile d'abandonner la lecture pour retrouver votre fils, Monsieur Travers vous en empêchera, vous savez tous deux quelles seraient les conséquences. Dégoût. Je ne veux pas que l'on m'oubliette, je crois que c'est comme cela que l'on dit, parce que je suis un Cracmol, un sans-pouvoirs. Désespoir. Réfléchissez, il sera bien moins douloureux pour vous comme pour moi de ne pas avoir à savoir ce que vous avez fait. Vous vivrez sans cette culpabilité, et moi, je vivrai en ayant pu choisir.  Détermination.

Je n'ai peut-être que 13 ans mais je sais ce que je veux, et ce que je ne veux pas.  Je ne veux plus vous considérer comme ma famille. La petite Helen que vous avez engendrée a été le début d'une longue succession de mauvaises nouvelles. Jalousie. Je pensais que je pourrai être un grand-frère exemplaire, c'est-ce que vous m'aviez dit, ce que vous m'aviez promis, être un exemple pour elle. Au lieu de cela, elle ne fait que nous rappeler tous les jours à quel point elle est douée en magie et pas son frère. Jalousie. Je ne vous appellerai plus jamais "Papa", "Père", "Maman" ou "Mère" comme  cela fait 5 ans que je n'ai jamais appelé Helen "petite sœur". Haine.  C'est ma décision, ce ne sont pas les lois qui nous obligent à nous oublier, à nous séparer, je le fais de moi-même. Je suis parti. Je ne reviendrai jamais. Je souhaite que vous ne me cherchiez pas. Je veux que vous détruisiez cette lettre.  N'appelez pas les autorités parce que cela ferait de vous des êtres abominables. Ils me ramèneront à vous, pour un an tout au plus avant de me jeter le sort, et alors vous perdrez votre "enfant" et vous aurez bafoué sa dernière volonté, sa dernière demande, la seule qu'il ne vous ait réellement faite. 

Je ne vous dirai pas où je compte aller, je crois que je ne sais pas si ce que je cherche existe, tout ce que je sais c'est que Dieu a une place pour moi, et que je trouverai l'endroit où il veut que je me trouve, et que j'y resterai, à son service. Je vais me ranger dans les ordres religieux. Dans les autres contrées, il parait que certains lieux de culte acceptent les jeunes enfants pour leur apprendre les fondamentaux. Foi. C'est là que je serai, mais il sera inutile de me chercher, je changerai d'identité dès que je le pourrai.
 

A part mon sac à dos, ma Bible, deux tenues, un couteau de cuisine, mes quelques livres et quelques vivres j'ai laissé ma chambre rangée, et je n'ai rien pris, vous pourrez tout donner à votre petite fille si gâtée déjà. Jalousie. Lancez lui un sort avec votre baguette, elle ne saura jamais que j'ai existé, elle sera votre enfant modèle.  Jalousie.


Je vous dis "Au revoir", 

Edgar.
 »

La legilimens reposa doucement la lettre sur la table. Elle murmura, pour elle-même :

« Edgar... Cela fait beaucoup de haines et de jalousies pour un si jeune enfant. »

Cette fois-ci, une réelle compassion envahit le cœur de Diane. Elle déposa sa main droite sur celle d'Helen et planta son regard dans le sien. Ce n'était plus un regard inquisiteur, c'était ce qui se rapprochait le plus d'un regard de compassion réelle. Au delà de l'émotion de ce jeune homme envieux et désespéré c'était la culpabilité chagrine de sa jeune sœur qui l'avait frappée à travers les lignes. La lettre était plus chargée de la peine réelle de la sorcière que de la haine de son frère aînée. L'éternel sourire cruel de la voyante s'effaça et laissa place à une mine grave et concernée, elle lui assura, d'une voix basse et douce :

« Je ne peux malheureusement pas vous dire de quoi demain sera fait et il est difficile de juger le cœur d'un homme par les mots rageurs de son adolescence. La seule chose que je puis vous assurer est que, quoi que vous décidiez de faire, qu'il s'agisse de continuer votre quête ou au contraire de soigner votre cœur de cette absence, je vous y aiderai du mieux que je puis. »
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Rencontre entre une femme à barbe et un contorsionniste [Diane & Helen]

J’en ai bien peur, répondit-elle d’une voix douloureuse d’où suintait un mélange de rancœur, de tristesse et de colère.

*Durant l’espace de quelques secondes, Helen Travers se mordit violemment la lèvre, comme pour se retenir d’exprimer tout ce qu’elle taisait depuis bien trop d’années maintenant. Mais elle ne tint pas, elle ne pouvait, et qui aurait pu l’en blâmer ?*

J’aurais pu l’aider, le rassurer ! explosa-t-elle enfin en se levant, appuyant ses exclamatives de ses cent pas. Ma mère a tant bien que mal essayé, mais sa maladresse, je le comprends aujourd’hui, n’a fait qu’accroître son malheur. Je n’étais qu’une bambine, Miss Erato. Qu’une simple bambine et pourtant, je lui aurais donné tous mes pouvoirs s’il me les avait demandés, je m’en serais séparés si j’avais pu garder mon frère à mes côtés. Seulement Dieu s’est montré plus convaincant, plus persuasif en réalité. Qu’avait-il à offrir plus que moi ? La rédemption, le salut de l’âme ? J’ai lu tous ces pauvres livres bibliques et religieux, j’ai lu tout ce qu’il y avait à y lire. Et savez-vous ce que j’y ai trouvé ? Un espoir aussi malsain que mensonger, une duperie sans nom et … il ne m’a même pas laissé une chance.

*En réalité, Helen n’avait strictement rien contre les croyants ou la religion, bien qu’elle-même ne partageait pas ces convictions. Cependant, elle tenait Dieu pour responsable de la fuite de son frère, de son abandon voire de sa lâcheté. Dieu avait brisé sa famille et cela, elle ne lui pardonnerait jamais. Sa haine envers la divinité était difficilement soutenable à l’image de ses mains serrées ou de son regard aussi noir que l’encre. Pour la première fois, elle exprimait enfin sa rage à son encontre. Et Dieu, justement, savait à quel point cela la soulageait d’extérioriser ainsi ses sentiments.*

Nos parents n’étaient pas parfaits, continua-t-elle avec un peu plus de calme en venant se rasseoir. A vrai dire, ils étaient plutôt maladroits et manquaient cruellement de tact, mais jamais ils ne m’ont aimée plus qu’Edgar. Ils voulaient le bonheur de leur fils et souffraient de sa condition. Non pour ce que ça impliquait pour eux, mais pour ce que ça impliquait pour Edgar. Ils avaient conscience du mal être de mon frère, mais jamais ils n’auraient imaginé ce départ. Naïvement, ils pensaient leur amour et notre famille suffisants, railla-t-elle dans un petit rire aussi attristé que moqueur. Eux non plus n’ont pas eu de réelle chance.

*Helen eut un sourire sincère quoi que voilé lorsqu’elle apprit les origines de sa future amie. La France, pays si lointain, dont on continuait de chanter les louanges. Pays des Lumières et des libertés, un oasis de paix pour bien des Occidentaux et Orientaux, peut-être erroné.*

On chante les louanges de Paris. Je ne m’y suis jamais rendue… précisa-t-elle avec douceur Oui, allez-y, je vous prie.

*L’épouse expira lentement pour calmer son rythme cardiaque.*

Faites donc, permit-elle sans se douter de la décision de la legilimens.

*Elle ne l’arrêta pas, n’esquissa même pas un geste. Ses lèvres scandaient chaque mot connu par cœur avec l’usure. Ses yeux, bien que baignaient de larmes, étaient rivés sur la jeune femme. Helen revivait chaque souvenir avec une violence terrible. Elle revoyait ses espoirs à la fenêtre, ses paroles rassurantes destinées à sa mère, ses appels nocturnes quand elle cauchemardait. Edgar n’avait jamais quitté ses rêves. Edgar ne l’avait même jamais quittée. Probablement parce qu’elle n’avait pu faire son deuil, elle n’avait pu renoncer sans un réel aurevoir, face à face. L’enfant avait payé cher les larmes continuelles de sa mère, et bien que son père cherchait à compenser, l’enfant savait qu’elle n’avait pas eu autant d’amour maternel que bien des enfants. Edgar en disparaissant le lui avait arraché, laissant leur mère dans une culpabilité maladive.
Puis son prénom advint et la rancœur empoigna de plus belle le cœur de la sœur esseulée, reniée. Elle n’avait jamais eu la moindre chance. Jamais. Mais elle ne l’avait accepté que bien plus tard, lorsqu’enfin elle avait pu mettre la main sur cette lettre, et lorsqu’elle avait fait le choix de ternir son âme pour absoudre celle de son frère. L’enfant modèle n’avait jamais été et ne le serait jamais. Ce fut pour cette raison que l’intervention d’Ethan Murray dans sa vie fut une véritable bénédiction. Il lui donnait un amour nécessaire, pur et dépourvu de jalousie à son égard. Il partageait avec elle, la considérait et passait des heures à écouter ses avis, ses envies, ses rêves. Plus que son futur époux, il avait accompli tout ce qu’Edgar n’avait jamais été capable de faire.
Helen finit par rouler des yeux et souffler d’exaspération.*

[Il n’est pas certain que l’adulte soit devenu plus paisible…

*Puis lentement, au fur et à mesure des paroles de la diseuse de bonnes aventures, Helen sourit d’un sourire sincère et amical. Elle se râcla davantage la gorge pour se reprendre et finalement répliqua avec un léger amusement enfantin.*

Vous aideriez donc une inconnue au frère totalement dévoué une cause qui jadis nous a voulu mort ? Soit vous êtes folle, soit vous êtes masochiste, ce qui expliquerait le gnome de l’entrée. Dans les deux cas, vous avez ma gratitude et mon silence quant à votre don.

*Lentement, la jeune future épouse se leva, et se détourna pour relever un pan de la tombe et observer la foule grouillante sous le ciel noirâtre.*

Des heures sombres s’annoncent, pour demain comme dans les années à venir, annonça-t-elle dans un soupir. Et peut-être ma proposition apparaîtra-t-elle comme de la précipitation, seulement mon instinct ne se trompe que très peu… Je serais ravie de les affronter à vos côtés. La solitude ne me pèse que trop, et je pense être un livre suffisamment épais pour que vous ayez à satiété. Qu’en dites-vous, Erato ?



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