Surnommé le puritain inhumain, je suis, le Père Edgar

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Issu d’une noble famille sorcière  au sang pur, Edgar est le premier enfant du foyer Travers. La vie était paisible dans l’Ohio, il était la fierté de ses parents et le centre de leur univers. Le jeune garçon grandit dans une demeure où la magie n’était pas dissimulée, seul à l’extérieur ses géniteurs cachaient leurs pouvoirs pour éviter que les non-maj’ ne s’attardent sur ces « phénomènes étranges ».

La vie était un long fleuve tranquille. A l’âge de huit, quelle fierté lorsqu’il apprit qu’il allait être grand-frère. Neuf mois plus tard, Helen Travers était née. Les ennuis commencèrent lors des premières années de vie de sa cadette, alors qu’elle effectuait encore des pas maladroits et que les mots de son vocabulaires se comptait encore sur les doigts de la main, ses éclats de rires faisaient déjà éclore les géraniums qui trônaient fièrement sur la terrasse familiale. Les Travers, qui avaient déjà eu des doutes sur les potentiels pouvoirs de leur aîné, confirmèrent leur hypothèse par un examen médical. Le résultat étant sans appel, Edgar était un cracmol.

Qu’importe les mots et les discours pour lui faire comprendre que la magie n’était pas importante et qu’elle n’était un facteur réel de ce qu’il était, Edgar savait. On avait beau lui répéter qu’il fallait s’attarder sur ses capacités, ses prédispositions, ses aptitudes et ses goûts, il savait que rien ne serait jamais plus comme avant. Dans une famille sorcière il n’y avait pas place pour lui le « sans-pouvoirs ». Le jeune Travers se renferma sur lui-même, fit de nombreuses recherches sur la magie, la sorcellerie, les sciences occultes, l’ésotérisme, avant de se trouver une nouvelle passion pour la religion. Lorsqu’il n’était pas à l’école des non-maj’ (où il ne pouvait pas évoquer ses tourments), il passait ses heures libres à la bibliothèque de la paroisse. Le catéchisme était devenu sa préoccupation principale, cela lui permettait de contrer ses pensées et d’oublier d’où il venait.

A l’âge de treize ans il écrit une longue lettre à ses parents, prit une grande inspiration, son courage et son sac à dos et il partit. Deux mois de voyage plus tard il trouva refuge dans une église qui suivait encore les ordres monastiques du moyen-âge, au Texas, sa nouvelle demeure. La secte qui l’accueillit fit de lui un homme de foi digne du Père tout puissant, et lorsqu’il fut prêt, lui donna des terres et une paroisse. La chapelle qu’on lui avait confiée était celle du Saint Rogue, patronyme de P-R Rogue qui était un prêtre réfractaire français devenu martyr, elle était située dans la périphérie de Fredericksburg, une ville modeste à dix heures de route de la capitale Texane, Austin. Père Edgar y appliquait les concepts Pray, Penance & Pain que l’on lui avait inculqués avec une dévotion sans faille. Le vin de messe, dont il abusait parfois, le conduisait à de nombreuses crises d’épilepsie durant lesquelles il entendait la voix de Dieu l’orienter et le conseiller. Rapidement sa renommée fut étendue, sa notoriété était soutenue par des exorcismes réussis, des sermons illuminés, des pénitences sévères  qui soulageaient ensuite la conscience. Ses fidèles étaient de plus en plus nombreux, plus réguliers et plus attentifs.

Le Père Edgar était très présent dans la vie associative de la contrée. Il anime non seulement  de nombreuses conférences (sur la noblesse de la race blanche, sur les méfaits de l’ésotérisme ou encore sur l’infériorité des femmes), mais il est aussi très impliqué dans les groupuscules d’aides comme les alcooliques anonymes et autres lien avec les raclures de l’espèce humaine.

Marié au Seigneur, quand il possède un peu de temps pour sa personne, sa distraction est le jardinage, avoir un potager collé au cimetière paroissial permet d’avoir d’abondantes récoltes. La terre est extrêmement fertile lorsque les tombes se multiplient prématurément. Selon des études récentes, en dix ans, au Texas, la population noire est passée de 20,5% à 16%, joli progression. Quel rapport entre ces informations ? Une simple coïncidence, une corrélation de pensées certainement.

Père Edgar n’aurait changé de mode de vie pour rien au monde, sauf si Dieu le lui avait ordonné, et l’Éternel ne s’en priva pas.
Lors de son office du dimanche, alors que son sermon sur les tentations lubriques était déjà bien entamé le père Edgar fut secoué par une violente crise d’épilepsie. Son corps semblait se débattre seul contre le néant au centre du chœur, alors que sa carcasse charnelle convulsionnait sur le sol de pierre, la voix divine lui fit scander ces paroles étouffées : « Retrouve-la. Purifie-la.  Répare ta faute. Ton sang doit couler. Ta foi est mise à l’épreuve Edgar. » Lorsqu’il se releva, les heures avaient passées, la messe était terminée, il faisait nuit.

Il ferma son église après y avoir placardé la pancarte expliquant que son nouveau dessein était d’aider les âmes égarées d’une nouvelle contrée. Alors qu’il avait passé sa vie à les fuir, le Seigneur avait ordonné à Edgar de retrouver sa sorcière de sœur. C’est le cœur meurtri de quitter ce qu’il avait bâti, mais sans hésitation aucune qu’il se laissa guider par le Divin. Il rejoignit l’arrondissement nommé Le Queens à New-York et s’établit dans sa nouvelle demeure, l’église Saint Tobias, dit le cruel. Adeptes de Salem, vous comptez aujourd’hui un nouveau membre parmi vous.

En somme, je vous attends à la Con-Fesse

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